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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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journées plus longues du printemps
où brillait un pâle soleil ; ce ne fut pas non plus le passage du temps qui
la réconcilia avec la ville où elle habitait. Non, c’était l’intérêt humain qu’elle
y avait trouvé.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
IX
     
    Où l’on se prépare pour le thé
     
     
     
    Que la
terre de Chine aux couleurs panachées
    Tracée
au pinceau d’or et tout d’azur veinée
    Accueille
avec bonheur l’arôme bienfaisant
    De la
feuille de thé, du café mûrissant
    Mrs Barbauld [21] .
     
     
    Le lendemain de la rencontre avec Higgins et sa fille,
Mr Hale monta dans le petit salon à une heure inhabituelle. Il s’approcha de
différents objets de la pièce, comme pour les examiner, mais Margaret vit que ce
n’était qu’une marque de nervosité, une façon de retarder ce qu’il voulait dire,
tout en redoutant de le faire.
    — Mon amie, j’ai invité Mr Thornton à prendre le thé
ce soir avec nous.
    Mrs Hale était appuyée sur le dossier de son fauteuil, les
yeux fermés, avec une expression douloureuse habituelle chez elle ces derniers temps.
L’annonce de son mari provoqua de sa part une réaction plaintive :
    — Mr Thornton ! Ce soir ! Mais pourquoi veut-il
venir chez nous ? D’ailleurs, Dixon est occupée à laver mes mousselines et
mes dentelles, et il n’y a pas d’eau assez douce, avec ces abominables vents d’est
qui soufflent sûrement toute l’année par ici.
    — Le vent tourne, mon amie, déclara Mr Hale en regardant
la fumée, qui dérivait en effet vers l’ouest, à ceci près qu’il n’avait pas encore
appris à s’orienter et arrangeait les points cardinaux à son gré en fonction des
circonstances.
    — Ne me dites pas ça ! répondit Mrs Hale en frissonnant
et en serrant encore plus étroitement son châle autour d’elle. Enfin, que le vent
souffle de l’est ou de l’ouest, je suppose qu’il va venir, cet homme.
    — Oh, maman, on voit bien que vous n’avez jamais vu
Mr Thornton. On dirait qu’il adore se mesurer à l’adversité sous quelque forme
qu’elle revête : des ennemis, le vent, les circonstances. Plus il pleut et
plus il vente, et plus nous sommes sûrs qu’il viendra. Mais je vais aller aider
Dixon. Je commence à m’y entendre pour ce qui est de blanchir le linge fin. Quant
à Mr Thornton, tout ce qui l’intéressera, ce sera de parler à papa. Papa, j’ai
vraiment hâte de voir ce Pythias si cher à son Damon [22] . Vous savez que je
ne l’ai vu qu’une fois, et nous étions si gênés pour trouver des sujets de conversation
que nous n’avons pas véritablement très à l’aise ensemble.
    — Je n’ai jamais pensé qu’il te plairait ou que tu le trouverais
d’un commerce agréable, Margaret. Ce n’est pas un homme à femmes.
    Le port de tête de Margaret se fit méprisant.
    — Je n’ai jamais particulièrement admiré les hommes à femmes,
papa. Mais Mr Thornton vient ici comme un ami, comme un homme qui a de l’estime
pour vous...
    — Le seul à Milton, dit Mrs Hale.
    — Aussi sera-t-il bien accueilli, avec des gâteaux à la
noix de coco. Dixon sera flattée si on lui demande d’en faire ; et je vais
essayer de repasser vos bonnets, maman.
     
    Ce matin-là, Margaret regretta à maintes reprises que
Mr Thornton n’habitât pas plus loin. Elle avait eu d’autres projets :
écrire une lettre à Edith, lire quelques pages de Dante, rendre visite aux Higgins.
Au lieu de quoi, elle resta à la maison à repasser en écoutant les jérémiades de
Dixon, espérant seulement que si elle lui témoignait assez de sympathie, la domestique
n’irait pas raconter ses malheurs à Mrs Hale. De temps à autre, il fallait
qu’elle se rappelle l’estime de son père pour Mr Thornton afin de réprimer
l’irritation et la lassitude qui l’envahissaient, apportant avec elles l’une de
ces migraines sournoises dont elle était coutumière ces derniers temps. Lorsqu’elle
s’assit enfin, elle pouvait à peine parler, et elle dit à sa mère qu’elle n’était
plus Peggy la lingère, mais Margaret Hale, la demoiselle de qualité. Elle avait
fait cette remarque en manière de plaisanterie, mais elle se mordit la langue en
constatant que sa mère la prenait au sérieux.
    — Ah ! si l’on m’avait dit, quand j’étais
Miss Beresford, que ma fille serait obligée de rester debout une demi-journée
dans une petite cuisine de rien du tout à faire le travail d’une

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