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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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crois
    Que c’est
cruel de me l’avoir enlevé
    A cause
d’une faute d’aussi peu de poids. »
    Southey [32] .
     
     
    Pendant cette période, ce fut un réconfort pour Margaret que
de voir sa mère plus tendre et plus proche qu’elle ne l’avait jamais été depuis
son enfance. Mrs Hale lui ouvrit son cœur comme à une confidente – position
que Margaret avait toujours rêvé d’occuper et pour laquelle elle avait jalousé Dixon.
Elle s’appliqua à répondre à tous les appels à sa compassion – et ils étaient nombreux
– même lorsqu’il s’agissait de vétilles qu’elle n’aurait pas d’elle-même remarquées
plus qu’un éléphant ne remarque la petite tige à ses pieds, que pourtant il ramasse
précautionneusement à la demande de son maître. Sans l’avoir fait exprès, Margaret
finit par être récompensée.
    Un soir où Mr Hale n’était pas là, sa mère se mit à lui
parler de son frère Frederick, le sujet qui, entre tous, excitait la curiosité brûlante
de Margaret, et presque le seul à propos duquel sa timidité l’emportait sur sa franchise
naturelle. Plus elle avait envie d’en savoir davantage, moins elle osait aborder
la question.
    — Oh, Margaret, il a fait un tel vent hier ! On l’entendait
hurler dans la cheminée de notre chambre ! Je n’ai pas fermé l’œil. Je ne dors
jamais quand il y a un vent pareil. J’ai commencé à avoir des insomnies quand notre
pauvre Frederick s’est embarqué ; et maintenant, même si je ne me réveille
plus autant, je rêve à lui et je le vois naviguer sur une mer agitée, avec des vagues
aussi énormes que de grandes murailles transparentes d’eau verte, qui se dressent
de chaque côté de son navire, beaucoup plus haut que les mâts, et qui se referment
sur lui avec cette écume blanche terrible et cruelle, semblable à la crête d’un
gigantesque serpent. C’est un vieux rêve, mais il me revient toujours par les nuits
de tempête, tant et si bien que je suis soulagée de me réveiller, assise dans mon
lit, toute raide de terreur. Pauvre Frederick ! Il est à terre à présent, et
le vent n’est plus un danger pour lui. Mais j’ai eu peur qu’il ne fasse tomber une
de ces grandes cheminées.
    — Où est-il à présent, maman ? Nous envoyons nos lettres
aux bons soins de messieurs Barbour, à Cadix, je le sais. Mais lui, où est-il ?
    — Je ne me souviens pas exactement du nom de la ville, mais
il ne s’y fait pas appeler Hale. Tu ne l’oublieras pas, n’est-ce pas, Margaret ?
Remarque le ED au coin de chacune de ses lettres. Il a pris le nom de Dickinson.
J’aurais voulu qu’il se fasse appeler Beresford, c’était légitime en quelque sorte ;
mais ton père a pensé que ce n’était pas souhaitable. Il aurait risqué d’être reconnu,
tu comprends, s’il avait pris mon nom.
    — Maman, j’habitais chez tante Shaw quand tout cela est
arrivé, et sans doute étais-je trop jeune pour qu’on me dise ce qui s’était passé
au juste, dit Margaret. Mais à présent, j’aimerais bien le savoir, si c’est possible
et si cela ne vous fait pas trop de peine d’en parler.
    — De la peine ! Non, répliqua Mrs Hale, dont les
joues s’enflammèrent. Mais par exemple j’en ai quand je pense que je ne reverrai
peut-être jamais plus mon fils chéri. Il n’empêche qu’il a eu raison d’agir comme
il l’a fait, Margaret. On peut raconter ce qu’on veut, moi, j’ai ses lettres comme
preuves, et, bien qu’il soit mon fils, je le croirai, lui, plutôt que n’importe
quelle cour martiale. Va ouvrir mon petit secrétaire laqué et dans le deuxième tiroir
sur la gauche, tu trouveras un paquet de lettres.
    Margaret obéit. C’étaient des lettres jaunies, tachées d’eau
de mer, avec cette odeur particulière qu’ont les lettres des marins. Margaret les
apporta à sa mère, qui défit le ruban de soie d’une main tremblante et, examinant
les dates, les donna à lire à sa fille. Elle commenta leur contenu avec une telle
volubilité inquiète que celle-ci avait à peine le temps de comprendre de quoi il
s’agissait.
    — Tu vois, Margaret, combien il a détesté le capitaine Reid
dès le début. Il était second lieutenant sur l’ Orion , le bateau sur lequel
s’est embarqué Frederick la première fois. Le pauvre petit, il avait fière allure
dans sa tenue d’aspirant, son poignard [33] à la main. Il s’en servait pour ouvrir
tous les journaux, comme si c’était un coupe-papier ! Mais

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