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Nord et sud

Nord et sud

Titel: Nord et sud Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Elizabeth Gaskell
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en
vous maintenant. Mais faut bien vous mettre dans la tête que d’ici une semaine ou
deux, si ça se trouve, je serai morte et enterrée.
    — Je viendrai le plus tôt possible, Bessy, dit Margaret,
en lui serrant très fort la main. Mais faites-moi prévenir si vous allez plus mal.
    — Pour sûr, je vous le promets, répondit Bessy en lui serrant
la main à son tour.
    À partir de ce jour-là, l’état de Mrs Hale empira. La date
anniversaire du mariage d’Edith approchait et en repensant à la somme des ennuis
qui s’étaient accumulés pendant toute l’année, Margaret se demanda comment elle
et sa famille avaient pu les endurer. Si elle avait pu deviner ce qui l’attendait,
elle aurait reculé et essayé de s’y soustraire ! Pourtant, jour après jour,
la vie avait été en elle-même et par elle-même tout à fait supportable. De petits
moments de plaisir réel avaient brillé au milieu des chagrins. Un an auparavant,
lorsqu’elle était retournée à Helstone, elle s’était rendu compte sans rien en laisser
paraître que l’humeur de sa mère avait désormais une composante plaintive et dolente.
À cette époque, à la perspective de devoir supporter une longue maladie dans un
environnement pénible, bruyant et agité, dans une maison où le confort était bien
moindre, elle se serait amèrement lamentée. Or sa mère faisait preuve d’une patience
toute nouvelle maintenant qu’elle avait beaucoup plus de raisons sérieuses de se
plaindre. Malgré de vives souffrances physiques, elle était aussi douce et silencieuse
qu’elle avait été nerveuse et déprimée lorsqu’elle n’avait nul motif réel de s’affliger.
Quant à Mr Hale, il était précisément à ce stade d’appréhension qui, chez les
hommes de sa trempe, revêt la forme d’un aveuglement délibéré. Margaret ne l’avait
jamais vu aussi irritable que lorsqu’elle exprimait son inquiétude.
    — Enfin, Margaret, tu as trop d’imagination ! Dieu
sait que je serais le premier à m’alarmer si ta mère était vraiment malade ;
à Helstone, quand elle avait ses migraines, nous le savions toujours, même si elle
ne nous en parlait pas. Quand elle est malade, elle est toute pâle, alors que maintenant,
elle a les joues bien colorées, comme lorsque je l’ai connue.
    — Mais papa, dit Margaret d’un ton mal assuré, vous savez,
je crois, que c’est à cause de la douleur qu’elle a les joues rouges.
    — Tu dis des sottises, Margaret. Je te le répète, tu as
trop d’imagination. À mon avis, c’est toi qui ne vas pas bien. Appelle le médecin
demain pour qu’il t’examine. Et si ça peut te rassurer, dis-lui d’examiner aussi
ta mère.
    — Merci, cher papa. En effet, cela me tranquillisera.
    Elle s’approcha de lui pour l’embrasser, mais il la repoussa ;
doucement, certes, mais comme si elle lui avait suggéré des idées déplaisantes dont
il se fût débarrassé aussi volontiers que de sa présence. Il se mit à arpenter la
pièce avec nervosité.
    — Pauvre Maria, murmura-t-il comme s’il se parlait à lui-même.
Si seulement je pouvais faire mon devoir sans sacrifier les autres ! Je détesterais
cette ville et je me détesterais tout autant si ta mère venait à... dis-moi, Margaret,
est-ce qu’elle te parle souvent des endroits où nous étions jadis ; je veux
dire de Helstone ?
    — Non, papa, répondit tristement Margaret.
    — Alors, tu vois bien qu’elle n’en a pas la nostalgie, hein ?
J’ai toujours été rassuré par la nature simple et franche de ta mère, qui m’a toujours
tenu informé de ses moindres petits soucis. Si elle avait une inquiétude sérieuse
concernant sa santé, jamais elle ne me la cacherait, n’est-ce pas, Margaret ?
Je suis absolument certain que non. Alors je ne veux pas entendre ces idées morbides
et stupides. Allez, viens m’embrasser et va te coucher.
    Mais elle l’entendit marcher de long en large. On aurait cru
qu’il « avait des œufs de fourmis sous les pieds » (pour reprendre une
de leurs expressions, à Edith et à elle), longtemps après qu’elle eut fini de se
déshabiller avec des gestes las, longtemps après qu’elle se fut couchée, l’oreille
aux aguets.

 
     
     
     
     
     
     
     
     
    CHAPITRE
XIV
     
    La mutinerie
     
     
     
    « Autrefois
    Je donnais
du sommeil paisible des enfants.
    Aujourd’hui,
je sursaute en entendant le vent
    Hurler,
et je pense à mon fils infortuné
    Ballotté
sur les mers en furie. Et je

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