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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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entreprise dans son royaume : Moi. Louis XIV, le monarque dans le sens étymologique du mot, celui qui gouverne seul . Désormais il n’y aura plus de ministre omnipotent, comme le furent Richelieu ou Mazarin, ni même de surintendant des Finances contrôlant toutes les caisses, comme ce Nicolas Fouquet qui lui faisait de l’ombre – trop riche, trop puissant, trop brillant – et qu’il envoie en prison quelques mois à peine après son arrivée au pouvoir. Il n’y aura plus que des secrétaires d’État chargés de l’« aider de leurs conseils » et devant lui rendre quotidiennement compte de tout, jusqu’à, dit-on, la simple délivrance d’un passeport. Ils ne seront plus choisis chez les grands, chez les princes, dans le haut clergé ou – surtout pas – dans la famille royale. Ils viendront tous de la bourgeoisie, de la petite magistrature, de l’humble noblesse : le roi seul les aura fait monter, c’est la meilleure garantie pour qu’ils soient fidèles. Le roi décide de la paix, le roi décide de la guerre. Le roi pousse l’Église de France à être plus gallicane , pour la rendre moins soumise à l’autorité du pape. Le roi renforce le système des intendants envoyés dans tout le royaume pour en contrôler l’administration. Le roi décide aussi, immédiatement, d’user de son instrument de pouvoir préféré : la mise en scène de sa propre majesté. « Les peuples se plaisent au spectacle, écrira-t-il dans ses Mémoires. Par là nous tenons leur esprit et leur cœur. »
    Repères
    – 1661-1715 : règne sans partage de Louis XIV
    – 1665 : Colbert (1619-1683), déjà au service de Mazarin, contrôleur général des Finances
    – 1682 : installation de Louis XIV et de la Cour à Versailles ; « Déclaration des quatre articles » rédigée par Bossuet pour défendre le gallicanisme

    « L’État, c’est moi »
    Il est, nous disent les chroniqueurs, d’une politesse exquise. On ne le voit jamais croiser une dame sans soulever son chapeau, ou faire au moins le geste de se lever si quelque autre entre dans une pièce. Il est aussi secret, dissimule ses sentiments, répond « je verrai » pour ne s’engager sur rien sans réfléchir et, en toute occasion, tient ses nerfs. Un jour, raconte Seignobos, que son ministre Louvois se mettait en rage devant lui parce qu’il n’avait pas obtenu la faveur qu’il convoitait, le roi jeta sa canne par la fenêtre pour ne pas avoir à la lui casser sur le dos. Il est l’homme du contrôle de soi, comme il entend contrôler le reste. Il tient le pays tout entier par l’intermédiaire de ses intendants, et si les nobles ont, comme ils l’ont toujours eu, le titre de gouverneur de telle ou telle province, ils doivent exercer leur charge là où sont désormais les nobles : à la Cour. C’est la place où il leur faut travailler comme tous les autres à la seule tâche qui vaille désormais, l’édification de la gloire du roi.
    Comment ne pas en convenir, ce règne a quelque chose de fascinant. Si Louis XIV est toujours, avec Napoléon, le souverain français le plus connu au monde, c’est aussi à cause de ce tour de force : combien d’autres hommes peuvent se vanter d’avoir su ainsi plier un monde à leur désir, d’avoir à ce point aveuglé une époque qu’ils ont réussi à lui faire croire qu’ils en étaient la seule source de lumière ? On en a parlé déjà, cet éclat est si fort qu’il nous fait considérer de manière trompeuse les souverains qui l’ont précédé. Louis XIV incarne tellement l’idée de roi dans la mémoire commune qu’on en vient à penser que les Saint Louis, les Philippe le Bel, ou même les François I er ou les Henri IV étaient aussi omnipotents, aussi centraux, bref aussi absolus que lui. Quelle erreur ! Sur tous ces plans, il est sans pareil.
    Il n’a pas tout inventé. L’étiquette qui règle jusque dans le détail la vie quotidienne de la monarchie a été mise au point, on s’en souvient, à la cour de Bourgogne du duc Philippe le Bon, le père de Charles le Téméraire. Elle est arrivée en France via les Habsbourg d’Espagne. La Cour, on l’a vu également, s’est développée sous François I er . La construction de la majesté royale, cette aura censée entourer le souverain partout où il se trouve, doit beaucoup à Henri III. Le droit divin, enfin, le précède. Il est supposé, dans la mythologie mise en place par les Capétiens, remonter au

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