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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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ou, pour l’instant, avec le système politique qu’il a mis en place. (Nous étudierons les aspects culturels ou militaires dans les chapitres suivants.) Il ne s’agit pas, à ce propos, de sombrer dans un délire de dénigrement. À quoi cela servirait-il ? L’absolutisme a coulé depuis si longtemps. Il s’agit simplement de ne pas oublier que cette façon de gouverner a aussi bien des défauts et quelques aspects franchement ridicules. Reprenons en guise d’exemple trois traits déjà évoqués.

    Les grands serviteurs
    Louis XIV, donc, ne veut à son conseil ni évêque ni prince du sang mais de fidèles et loyaux ministres issus d’en bas, qu’il a fait monter jusqu’à lui. Les historiens du xix e  siècle ont voulu faire de ceux-là l’incarnation de la nouvelle classe montante, la bourgeoisie, et le modèle des bons serviteurs entièrement dévoués à leur roi et à leur pays. À leur roi, c’est sûr. Qui oserait, alors, ne pas l’être ? À leur pays, cela mérite nuance.
    Parmi ces noms que tout le monde connaît (quelle ville ne les célèbre pas avec une rue, une place ou un boulevard ?), certains sont dignes de leur postérité. Ainsi Vauban (1633-1707), ingénieur, homme de guerre. Il est célèbre pour les fortifications qu’il a fait construire tout le long des frontières du royaume, cette « ceinture de fer » qui le protège, depuis Gravelines ou Bergues, au nord, jusqu’à Saint-Jean-Pied-de-Port, dans les Pyrénées, ou Antibes, sur la Côte d’Azur. L’homme était un grand bâtisseur, la plupart de ces constructions, avec leur fameux « plan en étoile » conçu pour résister aux boulets, sont encore là, trois cents ans plus tard, pour en témoigner. On sait moins qu’il fut aussi un des esprits les plus éclairés de son siècle : il sera l’un des seuls, dans l’entourage du roi, à oser une parole pour contrer les persécutions dont seront victimes les protestants. Il est un des rares à être accablé par la grande misère du peuple, et surtout à chercher les moyens de la réduire. Cela le conduit sur la voie d’un projet révolutionnaire : un impôt qui serait payé par tous. L’idée deviendra un des serpents de mer de l’Ancien Régime, et sera proche d’aboutir parfois. En attendant, le livre où il l’a présentée est mis au pilon.
    L’autre grand nom, Colbert (1619-1683), est plus ambigu. Fils d’un marchand de drap de Reims – mais aussi d’une famille fort bien placée dans le négoce –, il a commencé sa carrière dans l’entourage de Mazarin. Dès sa prise de pouvoir, le roi fait du petit conseiller d’État le fer de lance de la politique financière et économique du pays. Obstiné et méthodique, celui-ci veut faire de la France, vieille terre agricole, une nation de manufactures, de marchands, de marins. Il développe de grandes fabriques comme celles des Gobelins – pour les meubles –, de Saint-Gobain – pour les glaces. Il impose des normes qui doivent garantir une même qualité des produits d’un bout à l’autre du royaume et des droits de douane qui les protègent de la concurrence étrangère. Il pense que, pour être riche, un pays doit vendre plus qu’il n’achète, car seul l’argent donne la richesse : on appelle cette théorie, dont il est partisan, le « mercantilisme ». On donne plus souvent à son action le nom de « colbertisme ». Il recouvre cette idée qu’une économie nationale est plus forte si elle est encadrée, protégée par l’État. Pourquoi pas ? La doctrine a souvent été critiquée par les ultras-libéraux, mais elle a fait ses preuves à certains moments de notre histoire. Le problème est qu’elle donne de notre homme une image de grand commis de l’État, une sorte de commissaire au Plan des années 1950, intègre et loyal, dévoué corps et âme au bien public. Quel regrettable anachronisme ! Le commissaire au Plan n’a pas été inventé alors, l’intégrité non plus.
    Par bien des aspects, l’homme est un intrigant de la pire espèce. Il se fait valoir auprès de Louis XIV en organisant le procès contre Fouquet, le riche surintendant des Finances accusé des pires malversations. Ce n’était pas par amour de la justice (d’ailleurs nul ne sait trop ce qu’il a traficoté avec les pièces du dossier d’accusation), c’était pour se débarrasser d’un rival et pouvoir faire pareil à son tour. Il avait été à bonne école, il sortait de l’entourage de

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