Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
boutiquiers, avocats, ils emportent avec eux leur savoir et leur force de travail. Ceux qui sont pris sont envoyés dans l’enfer des galères. Malgré cela, interdits de tout et fidèles à leur foi, de nombreux protestants se cachent mais n’abdiquent pas. Principalement dans le Sud du royaume, le Languedoc, le Massif central, ils se retrouvent pour célébrer le culte dans les endroits isolés, grottes, forêts, maquis : ce sont les « assemblées du désert ». Au début du xviii e siècle, dans les Cévennes, excédés par les persécutions, certains prennent les armes. Ce sont les camisards , ainsi nommés à cause de la chemise qu’ils portent. Ils sont quelques milliers. Ils réussiront à tenir en échec pendant deux ans (1702-1704) plus de 25 000 soldats.
La guerre, toujours la guerre
Le deuxième aspect négatif du Grand Siècle tient à une des conséquences de l’appétit de gloire du monarque, son goût immodéré de la conquête. Si l’on en croit Voltaire, Louis XIV l’avouera lui-même sur son lit de mort : « J’ai trop aimé la guerre… » Il l’aura faite durant trente-deux années sur cinquante-quatre de règne. Aux Espagnols, en Italie, dans le Saint Empire, aux Hollandais, aux Anglais, à presque tout le monde enfin et sans parti pris, si l’on ose dire, sinon celui de son propre intérêt : il n’hésitera jamais à s’allier à l’ennemi de la veille pour mieux contrer celui du jour. On voit passer dans les livres ces successions de conflits, avec leurs noms curieux – comme « la guerre de Dévolution » (menée contre l’Espagne) – ou plus simples – « la guerre de Hollande », qui vise à ravager ce petit pays –, toujours suivis de successions de traités (Aix-la-Chapelle, 1668 ; Nimègue, 1678 ; Ryswick, 1697 ; Utrecht, 1713) dans lesquels on se perd toujours. Oublions-en l’énumération fastidieuse et ne cherchons pas à analyser les motifs officiels de ces campagnes incessantes. En réalité, il n’y en a qu’un : l’insatiable volonté de puissance d’un roi.
En ce milieu de xvii e siècle, le Saint Empire romain germanique, ruiné par la monstrueuse guerre de Trente Ans, est toujours à terre ; l’Espagne a vu se tarir l’or des Amériques, sur lequel elle avait imprudemment fondé toute sa puissance au siècle précédent ; l’Angleterre se perd dans des querelles intérieures. La France est le pays le plus puissant du continent. Louis en est le maître. Quand il veut la guerre, il fait la guerre et ne s’embarrasse d’aucun prétexte compliqué. Il demande à ses légistes et à ses diplomates d’en trouver un, c’est leur rôle. Une fois, on ressort une dette soi-disant non réglée issue du traité scellé lors de son mariage avec Marie-Thérèse, la fille du roi d’Espagne. Et hop ! Guerre de Dévolution contre les Espagnols qui tiennent les Flandres. Les Hollandais ont-ils le front de protester ? Un peu plus tard, on va châtier les « marchands de fromage », sans même leur déclarer la guerre. Le roi possède une partie de l’Alsace mais il lui manque Strasbourg, quel dommage ! Il ordonne donc qu’on en fasse le siège et, au grand scandale de l’Europe, il enlève la ville sans autre motif que celui de satisfaire son bon plaisir.
L’histoire nationale a beaucoup fermé les yeux sur ce genre de pratique, puisqu’elle allait dans le sens du bien indépassable : l’agrandissement du territoire. Artois, Roussillon, Sud de la Flandre, Franche-Comté, essentiel de l’Alsace : c’est indéniable, sous Louis XIV, la France a pris de l’ampleur. À quel coût ?
Toutes ces batailles dont on n’a en général pour seule représentation que les pesants tableaux qu’en ont donnés les peintres officiels, qui nous en dépeindra la sombre réalité humaine ? Au gré d’un livre ou d’un autre, on apprend que telle attaque s’est soldée par « de nombreuses pertes », que tel siège a été long. C’est à peu près tout. D’innombrables témoignages nous donnent une idée des souffrances endurées par les « grognards » lors des campagnes de Napoléon. Nous avons tous en tête l’horreur de la vie dans les tranchées de la guerre de 14-18. Et si peu pour celles du xvii e . C’est dommage. On ne sait même pas pourquoi tous ces soldats acceptaient d’affronter le danger, le canon, le froid, la peur. Pour la patrie ? Ce n’est pas encore l’époque. Pour le roi ? C’est douteux. Les chefs
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