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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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dette royale représente trois fois le revenu. Le vieux monarque meurt dans son château transformé en sombre tombeau, haï par ses sujets et détesté par l’Europe qui voit en lui un nouveau Nabuchodonosor, l’odieux tyran de la Bible.
    Depuis bien longtemps, les manuels scolaires ont tenu eux aussi à rappeler la face obscure de la période : d’accord, Louis a porté haut la gloire de la France, mais au prix de combien d’erreurs humaines ? L’école républicaine ne pouvait pas s’abaisser à donner quitus, pour la postérité, à un roi. Il semble pourtant que le grand public, à qui l’on s’adresse, ait oublié la leçon. Dans la mémoire collective, Louis XIV, c’est toujours le grand genre, la perruque, la galerie des Glaces et rien d’autre. Tâchons donc à notre tour de la rafraîchir. Classiquement, dans la colonne où on tient le compte des aspects négatifs du Grand Siècle, on trouve trois sous-chapitres.
    Repères
    – 1661 : « famine de l’avènement »
    – 1667 : prise de Lille
    – 1678 : traité de Nimègue, la Franche-Comté française
    – 1681 : annexion de Strasbourg
    – 1685 : révocation de l’édit de Nantes
    – 1689 : sac du Palatinat
    – 1692 : très grande famine
    – 1709 : « grand hyver »

    La révocation de l’édit de Nantes
    Le premier est le plus connu. Il porte le nom de la mesure administrative qui en est le symbole : la « révocation de l’édit de Nantes » (1685). Il est bien autre chose : un véritable « crime d’État », selon le mot de l’historienne Janine Garrisson 1 . Il s’agit de la politique royale à l’égard des protestants. Dès les années 1670-1680, Louis XIV veut en finir avec eux. Le royaume en compte encore environ un million. Représentent-ils une menace ? On en doute. Richelieu a retiré au « parti huguenot » toutes ses places fortes et tous ses canons, les protestants n’ont plus pour eux que le droit d’aller au temple, quand il existe, et de pratiquer leur culte, et encore, pas partout. Au temps du catholicisme triomphant et de l’absolutisme, c’est encore trop. Le roi demande donc que tous les efforts soient faits pour pousser les sectateurs de la « religion prétendue réformée », comme on l’appelle avec mépris, à rentrer sagement dans le saint giron de l’Église romaine. Les méthodes employées pour y parvenir soulèvent le cœur.
    On commence par mettre en place des mesures discriminatoires : interdiction des enterrements de jour, interdiction pour un catholique d’épouser une huguenote, interdiction pour un patron protestant de prendre des apprentis catholiques, etc. Partout où l’on peut, on trouve tous les prétextes pour abattre les temples. On pose que dès sept ans un enfant peut choisir le culte qu’il préfère, et naturellement on ne néglige aucune rouerie pour séduire et câliner les rejetons de parpaillots afin de leur faire préférer la Vérité à l’Erreur : en clair, les arracher à leurs parents pour les placer dans des écoles catholiques. La technique de conversion la plus barbare a laissé un nom célèbre et terrible : la dragonnade . On envoie dans une ville les dragons du roi, c’est-à-dire les soldats, on les fait loger chez les huguenots en leur donnant toute licence de comportement et on prévient les propriétaires infortunés qu’une seule chose pourra mettre fin à cet état de fait : leur promesse d’abjuration. Toute licence à un dragon  : cela commence par la dévastation totale du logis, cela va jusqu’au viol de la fille sous les yeux des parents ou à la torture des vieillards. Nombreux sont ceux qui abjurent, au moins pour l’apparence. Qui peut résister à de telles méthodes ? Confiant dans les rapports qu’on lui remet, le roi est bientôt persuadé que le travail est fait et que l’ hérésie est enfin extirpée : en 1685, il révoque le célèbre édit de tolérance qui avait fait la gloire de son grand-père Henri IV. Les rapports étaient faux, d’innombrables Français restaient fidèles à la foi de Calvin. Alors qu’on leur interdit l’exil, plus de 200 000 d’entre eux fuient ce royaume maudit par tous les chemins cachés qu’ils trouvent pour aller vers « les pays du Refuge », là où l’on veut bien d’eux, à Berlin, en Angleterre, dans les Provinces-Unies (les actuels Pays-Bas), ou même en Afrique du Sud. C’est une catastrophe économique : ces gens étaient artisans,

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