Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
l’Ouest du pays : d’abord victorieux, les Vendéens essaient de faire la jonction avec les révoltés de Bretagne et du Cotentin qu’on appelle les « chouans ». C’est la « virée de Galerne ». Elle échoue. Après avoir redressé la situation à l’automne 1793, les républicains usent, pour organiser la répression dans l’Ouest, de méthodes révoltantes : à Nantes, Carrier fait noyer les suspects dans la Loire, un peu plus tard le général Turreau invente les « colonnes infernales », des troupes de soldats chargés de massacrer toute la population et de faire un désert d’un pays jadis prospère.
Une économie dirigée
La Convention montagnarde au temps du Comité de salut public, c’est donc avant tout une dictature sinistre qui règne par la peur. Seulement, on ne peut comprendre la faveur dont a joui ce gouvernement auprès d’une partie du peuple si on le réduit à cela. La Convention montagnarde, c’est aussi une politique sociale. Là encore, les circonstances sont pressantes. Dans le pays, la misère est grande. Les assignats ne valent plus rien. Les récoltes donnent mal. L’armée prend tout. Le rationnement est drastique. On fait aux boulangeries des queues interminables. On a faim. Poussé par les hébertistes, le Comité de salut public cherche comme il peut à résoudre cette situation, ou tout au moins à l’améliorer. Dès le printemps 1793, on a tenté une « loi du maximum » qui impose un plafond au prix de nombreuses denrées. Elle sera étendue plusieurs fois. Au printemps 1794, avec les décrets de Ventôse, Saint-Just propose que soient redistribués aux indigents les biens confisqués aux suspects. Les détracteurs de ces mesures ont beau jeu de noter que la première n’a servi qu’à augmenter la pénurie en freinant le commerce (les paysans cachaient leurs denrées pour ne pas les vendre à vil prix) et que la seconde, faute de temps pour l’appliquer, est restée un vœu pieux. Il n’empêche. Quoi que l’on pense de 1793, on ne peut nier ce fait. 1789 avait posé l’égalité politique entre citoyens. Avec cette tentative d’économie dirigée, les Jacobins ont été les premiers dans l’histoire de France à tenter de corriger les inégalités sociales.
Robespierre
On a cité son nom maintes fois, disons enfin un mot de Robespierre, petit avocat d’Arras devenu à trente-cinq ans le quasi-maître du pays. Il ne régna jamais seul. Au temps du Comité de salut public, le pouvoir était par essence collégial. Bien d’autres de ses membres furent tout aussi influents, Barrère par exemple, déjà nommé. N’empêche, Robespierre reste l’homme symbole de la période. Quel souvenir en garder ? Ses ennemis en font un monstre sanguinaire prêt à tout au nom de la vertu, un maniaque enivré par son rêve de pureté : « Il ira loin, avait prédit Mirabeau, il croit tout ce qu’il dit. » Ses admirateurs voient en lui le seul homme d’État qui fut capable de conduire la France dans les périls et qui chercha toujours à placer l’intérêt de la patrie au-dessus des factions. Le fait est qu’il n’hésita jamais à faire couper des têtes, mais prit un soin extrême à frapper de tous les côtés. En mars 1794, il fait exécuter les principaux enragés , ces sans-culottes ultras, les amis de Hébert. En avril, c’est déjà le tour des indulgents , c’est-à-dire ses anciens amis Danton et Camille Desmoulins, à qui ses sbires ont collé quelques accusations de malversations financières, et qui, dans la réalité, ont commis un outrage bien plus grand : ils ont eu le front de se montrer publiquement écœurés par les dérives de la Terreur.
Sur bien des plans, l’homme est insaisissable. À l’automne 1793, au plus fort de la déchristianisation, au moment où les hébertistes veulent faire de Notre-Dame un « temple de la Raison », il réprouve, comme Danton, les « mascarades antireligieuses ». En juin 1794, étonnant pontife moderne, il fait organiser les « fêtes de l’Être suprême », un sommet du kitsch révolutionnaire mis en scène par le peintre David. C’est l’apogée de son règne, et donc le début de la fin. Peu après, durant ce même mois de juin, à l’instigation d’autres membres du Comité, débute la « Grande Terreur » : officiellement, il s’agit d’en finir avec les exactions incontrôlées et d’en rester à la « sévérité nécessaire ». Concrètement, cela
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