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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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aboutit à une folie toujours plus meurtrière. Les suspects ont encore moins de droits qu’ils n’en avaient, les juges et les jurés sont encore plus hystériques, les charrettes de condamnés se succèdent à un rythme effréné. La France n’en peut plus. Du front arrivent des nouvelles de victoires. Pourquoi verser encore tant de sang ? On suspecte Robespierre de vouloir devenir dictateur. Le Comité lui-même, dont il s’éloigne, est prêt à se retourner contre lui. Ses anciens amis sentent le vent tourner, ils le lâchent. Il tente de retrouver la faveur de la Convention par un discours célèbre, qui le perd car il y parle de « ses ennemis » sans les nommer et ne réussit qu’à effrayer tout le monde. On le « décrète d’accusation » – selon la terminologie de l’époque – comme il l’a fait pour tant d’autres. Saint-Just veut le défendre, on ne le laisse pas parler. L’Incorruptible cherche refuge à l’Hôtel de Ville. Échec d’une tentative d’insurrection en sa faveur, arrestation de tout le monde. Nous sommes le 9 thermidor (27 juillet). Le 10, couvert de sang, ne laissant échapper que des borborygmes de sa bouche brisée la veille par une balle, à côté de 21 de ses compagnons, Robespierre est exécuté. Fin d’une époque.

    Thermidor et le Directoire
    La France est toujours dirigée par la Convention. Y manquent tous les députés victimes de la Terreur, évidemment. Pour le reste, elle n’a pas changé. Elle entre dans sa troisième et dernière phase, la période dite « thermidorienne » – on a compris d’où vient le nom. Fin de la dictature mais aussi fin des mesures sociales qui accompagnaient l’escalade révolutionnaire. On sent le changement de régime : quelques-uns des terroristes les plus excessifs de la veille paradent en nouveaux amis de la liberté pour garder leur place, comme le terrible Tallien par exemple. D’autres sont quand même jugés et punis pour leurs crimes. Partout, les proscrits d’hier sortent du bois. Leur vengeance peut être violente : dans maints endroits, et tout particulièrement dans le Midi, à la Terreur bleue (couleur de la République) succède la Terreur blanche : ce sont les Jacobins, désormais, que l’on massacre. Ailleurs on respire. La Convention se souvient qu’elle avait été élue pour donner une Constitution au pays, elle en produit une à l’été 1795. Nouvelles élections, nouveau régime : traumatisé par la dictature d’un comité appuyé sur une assemblée unique, on a tout joué sur un savant équilibre des pouvoirs. Deux chambres (le Conseil des Cinq-Cents, ainsi nommé à cause du nombre de ses membres, et le Conseil des Anciens) sont censées faire contrepoids à un exécutif lui-même partagé en cinq membres égaux qui forment un « directoire ». Il donne son nom à la période. Le système est admirable, et parfaitement inopérant.
    Voici donc le second et dernier épisode de la I re République. Comme tous les autres, il est écrasé depuis deux siècles sous une rude mythologie. Il est vrai qu’il ne s’est jamais trouvé grand monde pour le défendre : les Jacobins ne pardonnent pas à Thermidor d’avoir enterré leur révolution, les bonapartistes ont grand besoin de trouver tous les défauts au Directoire pour montrer à quel point leur héros a eu raison d’y mettre fin. Considérée en soi, la période ne manque pas d’aspects folkloriques. Après la dictature de la vertu du sinistre Robespierre, place aux joies du vice. Dès Thermidor, tous ceux qui avaient courbé la tête pour ne pas la perdre la redressent avec effronterie. C’est l’époque des « bals des victimes » réservés à ceux qui ont perdu un proche sur l’échafaud. Les sans-culottes peuvent raser les murs, une nouvelle jeunesse arrogante et dorée tient le haut du pavé : les fameux « muscadins » qui, entre deux bals, courent les rues avec des gourdins qu’ils appellent leur « pouvoir exécutif ». Ils laissent bientôt la place à d’autres fils de riches, d’autres dandys, accoutrés incroyablement et prêts à toutes les extravagances : les Merveilleuses et les Incroyables, ou plutôt les Me’veilleuses et les Inc’oyables, ces jeunes gens mettant un point d’honneur à bannir de la langue la lettre « r » qui rappelle trop de choses ennuyeuses : les Rois, les Révolutions, la TeRReur. On a abandonné toute velléité de politique sociale. La disette est plus sévère que

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