Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
assemblée s’appelle « la Convention » (ou, plus exactement, la « Convention nationale »), un synonyme de « constituante ». Sa première décision, prise à l’unanimité le 21 septembre 1792, a été d’abolir la royauté. Dès le lendemain, elle entend dater ses actes de « l’an I de la République », la première dans notre pays. Officiellement, celle-là prend fin en 1804, avec le couronnement de Napoléon comme empereur. De fait, elle bascule dans un autre système dès le coup d’État de novembre 1799 qui l’avait fait consul. Sept ans à peine, donc, mais si tumultueux, passant par des phases si différentes qu’il convient, pour s’y retrouver, de les diviser encore.
Repères
– 1793 (21 janvier) : exécution de Louis XVI
– 1793 (mars) : début de la guerre de Vendée
– 1793 (6 avril) : premier Comité de salut public dominé par Danton
– 1793 (31 mai-2 juin) : chute des Girondins
– 1793 (juillet) : début de la prépondérance de Robespierre au Comité de salut public
– 1793 (5 septembre) : « la Terreur à l’ordre du jour »
– 1793 (17 septembre) : loi des suspects
– 1794 (10 juin) : loi de prairial instituant la Grande Terreur
– 1794 (26 juin) : victoire de Fleurus (en Belgique)
– 1794 (27 juillet-9 thermidor) : chute et exécution de Robespierre et des siens
– 1795 (26 octobre) : début du Directoire
– 1796-1797 : campagne d’Italie de Bonaparte
– 1798-1799 : expédition d’Égypte
Les débuts de la Convention et la Terreur (1792-1794)
En septembre 1792, la République. Au mois de décembre, début du procès de Louis XVI. Le 21 janvier 1793, digne comme il l’est depuis son emprisonnement, livide, le roi monte les degrés sinistres de l’échafaud installé sur la place de la Révolution, notre actuelle place de la Concorde. Quelques instants plus tard, au son des roulements de tambour prévus pour couvrir sa voix, à côté de son confesseur qui s’exclame « Fils de Saint Louis montez au ciel ! », sa tête tombe dans un panier rempli de son. En avril, pour faire face aux périls extérieurs, instauration d’un premier Comité de salut public dominé par Danton. En juin, avec l’appui des sans-culottes, le groupe le plus avancé de la Convention, les Montagnards – ou Jacobins – éliminent leurs ennemis, les Girondins. En juillet 1793, un nouvel homme fort se distingue au Comité de salut public, Robespierre. La France glisse dans la Terreur. Loi des suspects, exécution de Marie-Antoinette, condamnés montant à la guillotine par charrettes entières, guerre civile en Vendée, à Toulon, à Marseille, à Lyon, à Caen, nouvelles exécutions de nouvelles factions, mais aussi Carnot réorganisant l’armée grâce à la « levée en masse » ; les fameux « soldats de l’an II » chantés par Victor Hugo, ces va-nu-pieds qui donnent à la patrie d’éclatantes victoires (Hondschoote ou Fleurus, en Belgique). Et enfin, le 9 thermidor an II, selon le nouveau calendrier révolutionnaire en vigueur depuis quelques mois, c’est-à-dire le 27 juillet 1794, chute et exécution de Robespierre et des siens.
On le voit, tout y est. En moins de deux ans, aucune image ne manque à la grande galerie de la Révolution française telle que nous l’avons en tête. Charrettes de condamnés et victoires à l’extérieur, guerres de clans et fièvre parlementaire. Au cours de ces vingt-deux mois, la Terreur, qui, pour ses thuriféraires (il en reste encore quelques-uns) ou ses détracteurs horrifiés (plus nombreux) résume la Révolution tout entière, aura duré un an. Ce court moment compte toutefois pour des siècles, puisque, plus de deux cents ans plus tard, il continue à hanter les esprits et à agiter d’interminables controverses. On y reviendra. Ne cherchons pas ici à entrer dans le déroulement chronologique précis d’une histoire mouvementée et complexe, ce n’est pas le propos de ce livre. Contentons-nous, pour essayer de la comprendre un peu mieux, de rappeler les lignes de force qui la traversent.
Luttes fratricides
Montagnards contre Girondins, Danton contre Robespierre et règlements de comptes pour tout le monde à coups de procès expéditifs et de nuques tranchées. Même ceux qui ne connaissent rien à la Révolution ont en tête cette idée des luttes fratricides perpétuelles qui l’ensanglantèrent. C’est une idée juste. À partir de 1793, la
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