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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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peu conduire à la dislocation. C’est le sens de l’histoire telle que l’ont vécue les Allemands.
    L’histoire française va du petit vers le grand : elle suit l’ambition de roitelets bien faibles au départ, qui ne disposent que de leur minable petit domaine d’Île-de-France et vont réussir par les moyens les plus divers – la guerre, les mariages, la ruse, l’argent et souvent aussi la chance – à l’agrandir par petites touches jusqu’à en faire une des grandes puissances de l’Europe.
    De l’autre côté de la frontière, en Francie orientale, du côté des rois de Germanie qui se font couronner empereur, le mouvement est inverse. On part, à la mort d’Otton le Grand, d’un gigantesque ensemble qui ne cessera de s’émietter et dont la pauvre Allemagne en morceaux du xix e  siècle n’aura de cesse de pleurer le démantèlement. Ce deuil dont elle n’arrive pas à se remettre est avant tout celui de l’héritage de Karl .
    On pourrait parler aussi de Carlo Magno , ce personnage qui appartient également à l’histoire italienne : le roi des Francs n’a-t-il pas été le roi des Lombards qui vivaient à peu près là où se trouve aujourd’hui la Lombardie ?
    Contentons-nous de descendre le long de la côte méditerranéenne pour aller jusqu’à Rome, où eut lieu le grand événement de la vie de Charlemagne, on vient de l’écrire, durant la nuit de Noël de l’an 800. Voici donc un avatar de plus : Carolus Magnus – chez les successeurs de saint Pierre, on parle latin. Carolus a placé le Christ au centre de son action et de son empire, il est un des grands hommes de l’histoire du christianisme, mais son apport à celle-ci est ambiguë. L’Église en fera d’abord un saint : saint Charlemagne, le patron des écoliers et celui de l’université de Paris, où on le fête encore parfois. Mais la canonisation a eu lieu à un moment compliqué et elle sera tout bonnement annulée plus tard : celui qui y a procédé est un « antipape », c’est-à-dire un de ces pontifes intronisés d’autorité par les empereurs d’Allemagne quand ils voulaient se débarrasser des papes « officiels » du Vatican. On retrouve là un trait essentiel de l’histoire médiévale, la grande rivalité qui opposera durant des siècles la couronne et la tiare, l’empereur et le pape, le pouvoir temporel et le pouvoir spirituel, pour savoir lequel devait avoir la prééminence sur l’autre. Cette rivalité prend sa source du vivant même de Charlemagne. On peut la dater précisément du fameux Noël. « L’empereur, disent ses biographes, est sorti furieux de la cérémonie. » Pourquoi ? En déposant la couronne sur la tête du roi sans le prévenir avant et en le faisant acclamer ensuite par l’assistance, le pape a voulu montrer que le pouvoir sacré de faire les empereurs lui appartenait. Charles aurait voulu l’inverse, se faire acclamer d’abord, puis couronner, pour montrer que sa dignité impériale était d’abord temporelle. D’ailleurs, s’il a décidé de bâtir sa capitale à Aix et non de s’installer à Rome, c’est bien pour montrer où est le vrai pouvoir. Dans les trois ou quatre siècles qui suivent, la querelle entre le trône et l’autel, entre le « sacerdoce et l’empire », comme on dira, n’en finit plus de se vider à coups de guerres, d’excommunications, de dépositions, d’humiliations publiques et de fausses réconciliations. Elle structure toute l’histoire du Moyen Âge dans la moitié de l’Europe. Il faudra attendre le xiv e  siècle pour qu’un roi de France, ce petit provincial de l’autre rive du Rhône, soit devenu enfin assez puissant pour mettre son nez à son tour dans les affaires romaines.

6
    Le partage
de l’Empire
carolingien
    ou les surprises de Verdun

    Les traités, les dates et la division du temps en périodes sont essentiels en histoire. Parfois, pour mieux comprendre la complexité des réalités historiques, on gagne aussi à s’en éloigner. Tentons-en l’expérience. Nous venons de parler de Charlemagne. Dans tous les bons livres, le chapitre qui suit s’impose : il traite de sa succession. Pour l’essentiel, elle se jouera en 843, lorsque ses héritiers réussiront enfin à se mettre d’accord sur le partage de son immense empire, en se retrouvant dans une petite ville qui est alors située en son centre : Verdun.
    Repères
    – 814 : mort de Charlemagne à Aix-la-Chapelle
    – 840 : mort de

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