Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
qui donne son nom à la dynastie : les Carolingiens . Il est aussi grand que son père était court de taille. En latin, on l’appelle Carolus Magnus . En français, cela donne Charlemagne.
Sa vie à grands traits
L’homme est une force de la nature, un géant pour son temps. Il aime manger et vivre, ses concubines sont légion. Plus étonnant par rapport à l’idée qu’on se fait d’un Barbare, il adore nager et, selon son fidèle Éginhard, son biographe, il aime convier toute sa garde à le rejoindre dans d’immenses parties de baignade. Par-dessus tout, il aime se battre. C’est là l’activité principale de ce guerrier inlassable. Son règne se passe essentiellement à chevaucher d’un bout à l’autre de son immense royaume, suivi d’une armée gigantesque, pour défendre telle province menacée, plus souvent pour en conquérir de nouvelles, encore et encore. Lire une chronologie de la vie de Charles le Grand, c’est d’abord avaler une succession de campagnes qui finit par donner le tournis.
774 : conquête de l’Italie du Nord. Charlemagne défait le roi Didier et porte sa couronne de fer sertie de pierres précieuses : il était roi des Francs, le voilà aussi roi des Lombards.
778 : soumission de la Bavière. Quelques mois plus tard, on le retrouve à plus d’un millier de kilomètres de là, au-delà des Pyrénées, en Espagne. Pour une fois l’expédition est moins fructueuse : il est venu prêter main-forte à des gouverneurs musulmans en révolte contre l’émir de Cordoue, mais il échoue à prendre Saragosse, et au retour son arrière-garde est attaquée par des montagnards basques dans un défilé au nom connu de chacun : Roncevaux. Par la grâce des chansons de geste du Moyen Âge, apparues des siècles après, ce fait d’armes deviendra le plus célèbre de l’épopée carolingienne, quand il est le plus piètre. Mystère de la littérature.
En 785, deuxième manche, il réussit à constituer sur le versant sud-est des Pyrénées une « marche d’Espagne », c’est-à-dire un petit État tampon qui protège la frontière sud des incursions maures. En 789, il part en expédition contre les Slaves. En 796, il vainc les Avars, un peuple païen sédentarisé autour du Danube, et il rentre au palais en traînant derrière lui l’immense trésor des vaincus : des chariots entiers ployant sous les tonnes d’or. Cette fortune lui servira à financer d’autres campagnes. Leur énumération deviendrait fastidieuse. Jadis, les chroniqueurs s’amusaient parfois à souligner le côté extraordinaire de l’année 790. Parmi les quarante-six que dura le règne de Charlemagne, c’est la seule qui ne compte aucune bataille.
Une de ces guerres finira par tourner chez lui à l’obsession : celle menée contre les Saxons. Ce peuple installé au nord de l’actuelle Allemagne avait aux yeux du roi des Francs un immense défaut : il était païen. Il lui fallut dix-huit expéditions et trente-deux ans de campagnes pour le soumettre et le convertir. Et à quel prix ! Massacres, déportations de masse, autant d’horreurs qui conduiraient aujourd’hui celui qui y eut recours devant le Tribunal pénal international. Lors d’une seule expédition, dit-on, les troupes franques firent périr 4 500 malheureux, hommes, femmes, enfants, coupables du seul crime de refuser d’abjurer les dieux qui étaient les leurs. Charlemagne n’en adorait qu’un.
Voilà son autre face. Il est sur terre pour servir le Christ, il veut bâtir ici-bas une préfiguration de la cité céleste. Cette route vers le paradis, on vient de le voir, passe parfois par des chemins qui rappellent l’enfer. On ne peut la réduire à cela. Sous son règne a lieu un vaste mouvement d’organisation de l’État, de rénovation de la culture, de développement économique aussi, que l’on appelle la « renaissance carolingienne ». C’est au nom de sa foi que Charlemagne en est l’instigateur. Adorer Dieu, pour ce grand roi, c’est ordonner le monde. L’ample espace impérial est structuré, gouverné par les célèbres missi dominici (littéralement les « envoyés du maître », toujours par deux, un évêque et un laïc), les comtes (de comes , le compagnon de l’empereur), les ducs (du latin dux , celui qui conduit, le chef), les marquis (qui tiennent les marches , c’est-à-dire les petites provinces tampons qui protègent le domaine aux frontières, comme la « marche de l’Est », qui
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