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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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Il s’est mis en place progressivement depuis la fin de l’Empire romain et caractérise le Moyen Âge occidental : c’est l’ âge féodal . En général, on pense que le mot a le même sens que médiéval , c’est-à-dire qu’il désigne une période de l’histoire. En fait, il définit le système de pensée et de pouvoir qui lui sert de structure.
    Étymologiquement, le mot vient de « fief », c’est-à-dire la terre qu’un seigneur concède à un vassal en échange de sa fidélité. Ce contrat passé entre deux individus est la base même de l’édifice. Tout le féodalisme tient dans cette allégeance d’homme à homme dans laquelle celui d’en dessous accepte d’être soumis à celui d’au-dessus et de lui procurer divers services en échange de sa protection. Le paysan est dévoué à son châtelain. Celui-ci est censé être son protecteur et l’autre lui doit en échange sa force de travail, les corvées, la majeure partie de la récolte. Le seigneur est soumis en vassal à un seigneur plus puissant, son suzerain, et ainsi de suite jusqu’au roi, le suzerain suprême en quelque sorte : à chaque étage, le vassal a prêté hommage – littéralement, il s’est dit l’homme de son seigneur –, c’est-à-dire qu’il s’est agenouillé devant lui et a placé ses mains jointes dans les siennes, avec le geste qui est toujours celui de la prière chrétienne. Cela n’a rien d’étonnant, il nous vient de cette époque et de cette symbolique-là. En principe, c’est donc de son seigneur que l’on tient son fief. Seulement, au sein de celui-ci, le vassal est seul maître après Dieu et dispose d’à peu près tout pouvoir sur ceux qui y vivent, y travaillent et y souffrent, c’est-à-dire l’immense majorité de la population.
    La société féodale est aussi une société figée, où chacun est cloué dès la naissance à une place donnée comme éternelle. L’Église en a théorisé l’ordonnancement, comme, notera-t-on perfidement, elle apprendra à théoriser les systèmes sociaux successifs qui s’imposeront. Aujourd’hui, on présente le plus souvent la parole de Jésus comme une parole émancipatrice, une parole donnant aux hommes leur liberté. C’est louable. Notons simplement qu’à l’époque féodale, pour ne citer que celle-là, les théologiens n’étaient pas du tout de cet avis. Un évêque franc, Adalbéron de Laon, contemporain d’Hugues Capet, avait résumé l’organisation du monde convenant à Dieu d’une formule que reprendront à sa suite tous les grands esprits du Moyen Âge. Pour fonctionner, le ciel avait voulu que la société des hommes fût partagée en trois ordres, où chacun devait se tenir jusqu’à la mort : oratores , bellatores , laboratores – ceux qui prient, ceux qui combattent, ceux qui travaillent. On s’en doute, à ces derniers, l’ici-bas n’offrait pas grand-chose d’autre que la misère, la faim, les coups et l’échine courbée sous l’arbitraire des deux autres. Puisqu’à eux aussi le ciel était promis après la mort, pourquoi aurait-il fallu que la vie soit autrement ?

    Perché en principe au sommet de la pyramide féodale, le roi dispose en fait de peu de moyens pour faire valoir son autorité aux étages supposés inférieurs.
    Il a un pouvoir symbolique : il a reçu l’onction du sacre, autrement dit de Dieu. Dans cette chrétienté désormais sans partage, cela pèse d’un poids indéniable. Il va aussi rapidement s’assurer lui-même de la transmission de son propre pouvoir. Au départ, comme tant d’autres monarchies d’Europe ou du monde, la monarchie capétienne est élective . Cela signifie simplement qu’Hugues a été élu, mais il a la prudence de mettre dès le départ un contre-feu à ce système instable : lorsqu’il se fait sacrer, après son élection, il fait sacrer son fils avec lui afin d’être sûr qu’il lui succédera. Jusqu’à Philippe Auguste, ses successeurs en garderont la pratique. Chacun dans le royaume prend ainsi l’habitude de voir régner non pas un roi, mais deux, le vieux et le jeune, l’actuel et le suivant, qui est forcément le fils du précédent. C’est ainsi que la couronne, en France, est devenue héréditaire, ce qui n’était pas acquis au départ. Enfin le souverain possède son propre domaine, qui n’excède pas beaucoup, au départ, les contours de l’Île-de-France. C’est pourquoi il cherche constamment, par les mariages, par les

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