Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
(1180-1223)
Après Hugues viennent Robert II le Pieux (règne de 996 à 1031) ; Henri I er (1031-1060) ; Philippe I er (1060-1108) ; Louis VI le Gros (1108-1137) ; Louis VII le Jeune (1137-1180) – on en a parlé, c’est lui qui fit la bêtise historique de répudier Aliénor. Arrive enfin notre premier people : Philippe Auguste (1180-1223). Son nom seul le pose. Il a d’ailleurs accompli beaucoup de choses que l’on peut toujours considérer comme remarquables. Il a fait bâtir un mur encore visible en partie à Paris ; il a tenté d’améliorer l’administration du royaume et fait embellir les villes. La capitale a été pavée et dotée d’un système d’égouts : selon la légende, la chose était devenue plus que nécessaire, il faillit mourir un beau jour en se penchant des fenêtres du château qu’il avait fait construire, le Louvre, tant la puanteur était grande. Au regard de l’ancienne historiographie nationale, il est surtout l’impeccable souverain qui a agrandi nos possessions et réussi à mater les féodaux. Il est temps peut-être de se souvenir de la façon dont il a procédé. Son grand ennemi est donc Henri II Plantagenêt, le puissant maître de l’« Empire angevin ». Philippe ne recule pas devant grand-chose pour rabattre sa puissance. Il commence par monter ses fils contre lui et surtout le plus en vue d’entre eux, Richard, celui que sa bravoure a fait surnommer « Cœur de Lion ». Il se dit son meilleur ami, son frère. Certains historiens vont jusqu’à prêter aux deux hommes une liaison amoureuse. Elle est évidemment difficile à établir. Quoi qu’il en soit, Philippe ne ménage pas alors l’expression publique de ses sentiments intenses. À la mort d’Henri Plantagenêt (en 1189), vaincu par les deux si fidèles alliés, Richard devient roi d’Angleterre, où il ne mettra presque jamais les pieds, d’ailleurs. Ensemble, les deux rois partent à la croisade, où le fougueux Plantagenêt veut assouvir ses rêves chevaleresques. Philippe préfère prétexter rapidement une maladie et rentre au pays. Que tient-il tant à y faire ? À manœuvrer dans le dos de Richard pour s’allier avec son frère et rival, le noir « Jean sans Terre » – il doit son nom à sa position de cadet, qui ne lui donnait droit à aucune province propre. Notre redoutable Philippe réussit même à envenimer à distance de sombres brouilles qui se sont déroulées en Orient entre chevaliers. Alors qu’il chemine vers ses terres, Richard est arrêté près de Vienne par l’empereur, qu’il aurait insulté, et le roi de France ne ménage pas ses efforts pour qu’il reste longtemps en cage. Seulement, celui-ci réussit à sortir et, ivre de tant d’ignominie, « lion déchaîné », il ne songe qu’à se venger. Le hasard se mêle de la partie : il est bêtement tué lors d’une bataille de moindre importance, devant un petit château d’une de ses possessions en Limousin. Il ne reste plus à Philippe qu’à trahir celui qu’il soutenait jusqu’alors, Jean, devenu roi d’Angleterre dès la mort de son frère, en appuyant son nouveau rival, le petit Arthur de Bretagne, neveu de Jean et de Richard. Le Plantagenêt n’est pas un ange, on pense que pour éviter toute concurrence il a assassiné le jeune Arthur de ses propres mains. Le Capétien ne se démonte pas, il cherche une autre carte. Un prétexte lié à l’honneur féodal (Jean a volé la fiancée d’un noble du Poitou) sert à faire convoquer devant ses pairs celui qui est aussi son vassal, tout roi d’Angleterre qu’il soit désormais. Jean refuse de se présenter. Décidément le prétexte est en or, Philippe profite de ce manquement à l’honneur pour confisquer toutes les terres de Jean qui étaient sous sa suzeraineté. Le feuilleton n’est pas fini, on verra bientôt qu’il faudra encore une bataille (Bouvines, en 1214) où se mêleront tous les grands d’Europe pour régler le différend entre le Capétien et son ennemi. Philippe la gagnera. Il mourra en laissant à ses successeurs un royaume trois fois plus grand que celui dont il avait hérité, et à la postérité ce surnom d’Auguste. Sur le plan moral, l’était-il vraiment ?
Saint Louis (1226-1270)
Le fils de Philippe Auguste s’appelle Louis VIII (1223-1226). Il participe à de nombreux combats du vivant de son père, puis, comme roi, à la croisade contre les cathares qui aboutit à faire tomber le Languedoc dans
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