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Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises

Titel: Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Reynaert
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abbé laïc de Saint-Martin de Tours, là où l’on garde les reliques du manteau du grand saint, la « chape » dont on a déjà parlé. On pense que c’est de là que vient son surnom : Hugues Capet . En 987, comme cela se passait encore, il est élu roi par acclamation des grands du royaume réunis à Senlis. Il sera couronné et sacré ensuite. Il l’ignorait bien évidemment, mais il venait de fonder une dynastie appelée à donner des souverains à la France durant huit cent soixante ans. À partir du xiv e  siècle, il faudra pour y arriver passer par des branches cousines (les Valois puis les Bourbons). Mais depuis Hugues, donc, jusqu’au moment de la mort sans descendant du dernier des fils de Philippe le Bel, en 1328, les rois se succéderont de père en fils, configuration rare. Ce sont les « Capétiens directs ». C’est de la première branche de cette longue dynastie dont nous entendons parler maintenant.

    Des rois francs aux rois de France
    L’a-t-on dit assez ? Les Mérovingiens, les Carolingiens, ces rois d’origine germanique qui régnaient sur un empire européen, n’étaient pas plus français , comme on l’a prétendu trop longtemps, qu’ils n’étaient allemands, belges ou italiens. Désormais, la perspective change. Hugues Capet lui-même, comme ses prédécesseurs, se vit comme un Franc, c’est-à-dire un descendant des guerriers germaniques arrivés avec les Grandes Invasions. Il est saxon par sa mère et ainsi lié aux familles qui règnent à l’est, sur l’Empire. Le royaume de Francie dont il hérite est divers. Hugues est élu « roi des Francs » écrivent les chroniqueurs, et ils ajoutent : il fut reconnu par « les Gaulois, les Bretons, les Normands, les Aquitains, les Goths, les Espagnols et les Gascons », autant de peuples qui composent le royaume. Pourtant, la dynastie qu’il a fondée est incontestablement celle qui produira ces « rois qui ont fait la France », comme on disait. Le titre lui-même ne sera donné qu’à partir du xiii e  siècle, avec Saint Louis. Mais la marche est commencée qui conduira à la formation de ce pays qui est le nôtre. Elle n’est pas facile, au départ. Hugues a été élu surtout parce qu’il est faible, et qu’il ne menace guère les puissants. Ceux-ci ont pris, sous les Carolingiens, des habitudes d’indépendance : ils règnent en maître dans les provinces dont ils sont comtes ou ducs, commencent à s’y faire construire des places fortifiées. Le petit Capétien ne pèse sur eux que du poids très symbolique de sa couronne, et il ne possède en propre qu’un maigre domaine royal. L’événement resté le plus fameux de son règne – tous les manuels l’ont répété pendant des décennies pour montrer la faiblesse d’origine de ces pauvres rois – est le camouflet qui lui fut infligé par un grand du royaume. Ce noble prend une ville sans autorisation. « Qui t’a fait comte ? » tonne Hugues dans un message courroucé. Et l’autre, en réponse : « Qui t’a fait roi ? » Cela rend un climat. Trois siècles et demi plus tard, il a bien changé. Nul n’oserait plus risquer pareille effronterie. Philippe le Bel tient dans son gant de fer un pays devenu le plus puissant d’Europe, il fait la loi aux princes et au pape. C’est ainsi, en effet, qu’on dépeint le plus souvent ces premiers siècles capétiens : la lutte lente et opiniâtre de princes pour agrandir leur domaine, leur pouvoir, leur aura, génération après génération, et accoucher d’un des fleurons de l’Europe médiévale : le grand royaume de France.

    Un roi des temps féodaux n’est pas un monarque des Temps modernes
    Acceptons le schéma. Glissons-y toutefois quelques nuances. Il faut tout d’abord bien s’entendre sur le sens des mots que l’on emploie. Considérons le plus important : le roi. Quand on en parle, chaque Français d’aujourd’hui se réfère spontanément au modèle déposé, si l’on ose dire, à la Renaissance par un François I er , ou au xvii e par un Louis XIV. Il voit ce prince en majesté couvert de son manteau bordé d’hermine, régnant sur tous et sur tout, soleil du monde, centre de qui tout part et vers qui tout revient, le monarque . Nous n’y sommes pas, loin s’en faut. Il faudra des siècles encore pour en arriver à cette période que les historiens appellent précisément l’ âge monarchique . Le cadre de la société dont nous parlons ici est très différent.

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