Nos ancêtres les Gaulois et autres fadaises
puis François I er – gendre de Louis – embarquent donc le pays dans leurs rêves transalpins. Il en faudra un quatrième, Henri II (le fils de François) pour constater l’échec et signer avec les puissants Habsbourg le traité qui, en 1559, scelle la fin des « guerres d’Italie ». On peut s’en épargner le détail, on s’y perd toujours. Les souverains français sont entrés en Italie en se prévalant d’héritages lointains. Ils supposaient que l’opération serait facile à mener dans un pays sans unité, morcelé en petits États disparates, soumis à des maîtres divers et souvent lointains. Erreur ! Le pays est très divisé, en effet, mais ceux qui le contrôlent, l’empereur, les rois d’Espagne, les grandes cités du Nord ou de Toscane, le pape, sont toujours prêts à s’unir contre n’importe quel adversaire qui deviendrait trop puissant. La France passera des décennies à affronter les ligues les plus variées, puis finira par renoncer. Elle y aura mis le temps.
Repères
– 1445 : naissance du peintre Botticelli à Florence
– 1456 : publication à Mayence de la Bible de Gutenberg
– 1483-1498 : règne de Charles VIII
– 1492 : découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb
– 1498-1515 : règne de Louis XII
– 1515-1547 : règne de François i er
– 1521 : excommunication de Luther, moine allemand, père de la Réforme
– 1547-1559 : règne d’Henri II
– 1559 : paix du Cateau-Cambraisis, fin des prétentions françaises sur l’Italie
Sortons donc pour l’instant de ce sac de nœuds et gardons l’essentiel. Des guerres d’Italie, nos rois n’ont rapporté ni un nouveau royaume ni même un petit duché, mais ils en sont revenus avec bien mieux : le goût de l’extraordinaire civilisation qui s’est développée depuis un ou deux siècles dans la péninsule. Arrivé à Naples en 1494, Charles VIII écrit à l’un de ses parents : « Vous ne pourriez croire les beaux jardins que j’ai en cette ville, car, sur ma foi, il semble qu’il n’y faille qu’Adam et Ève pour en faire un paradis terrestre tant ils sont beaux et pleins de toutes bonnes et singulières choses. » Cet Eden porte un nom : la Renaissance.
Voilà en tout cas comment, durant des décennies, on a fait entrer cette riche période dans les manuels. Michelet, le premier, avait raconté les choses de cette façon. L’histoire traditionnelle a gardé ce cadre. Aujourd’hui, de nombreux historiens remettent en cause ce schéma. D’autres pays européens ont connu le même bouleversement culturel sans avoir eu besoin d’envoyer un seul soldat de l’autre côté des Alpes. Par ailleurs, on ne peut limiter ce grand mouvement de civilisation à la seule question de l’art de vivre, de l’esthétique ou de l’éblouissement d’un roi devant des jardins, fussent-ils paradisiaques. Peu importe. Gardons pour le moment, comme tant d’autres avant nous, cette façon de raconter l’histoire politique, militaire et culturelle, elle a l’avantage d’être pédagogique.
Richesse des cités-États
La Renaissance est une secousse qui ébranle toute l’Europe. L’Italie en a été l’épicentre. Pourquoi ? À cause du développement économique si particulier de ces cités-États dont on a déjà fait mention. Elles ont donc profité depuis longtemps de la tutelle si molle et si lointaine de la couronne impériale et des rivalités avec Rome pour prendre leur indépendance politique. Elles sont devenues, comme Venise ou Gênes, des républiques tenues par de petits groupes de puissants (c’est ce que l’on appelle des oligarchies ), ou sont peu à peu tombées sous la main de riches familles, les Visconti ou les Sforza à Milan, ou les célèbres Médicis à Florence. Elles ont surtout prospéré de façon incroyable. Tandis que la France et l’Angleterre s’épuisaient dans la guerre de Cent Ans, des mécènes, en Lombardie ou en Toscane, avaient assez d’argent pour aider l’art et les artistes, faire construire des palais, élever des cathédrales, commander des statues, des plafonds, des fresques.
L’immense poète toscan Dante Alighieri (1265-1321), celui dont on dit qu’il a inventé la langue italienne, est pris encore dans les querelles de son temps, les rivalités terribles entre partisans du pape et partisans de l’empereur – ce conflit que l’on appelle la « guerre des guelfes (pour le pape) et des gibelins (pour
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