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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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qui
l’entendait !… Le doute se précisa :
    – Elle m’a trahi !…
    François se débattait violemment. Il se
tordait sur sa couche. Des lambeaux de paroles s’échappaient de ses
lèvres. Nostradamus attendait la fin de cette lutte monstrueuse.
François râlait :
    – Non ! Pas à lui ! Je ne veux
pas ! Je ne dirai rien !…
    Quelques minutes encore, l’effroyable bataille
se poursuivit entre la conscience du dauphin de France et l’être
invisible qui lui défendait de parler. Brusquement, il s’apaisa. Et
il jeta autour de lui un regard étonné. Ce premier regard alla
droit à l’horloge ; elle marquait minuit !…
    – J’ai fait un rêve affreux, murmura le
dauphin. Cette potion qui doit me sauver… il est temps… vous avez
dit : à minuit.
    Nostradamus hocha la tête et doucement
prononça :
    – N’obéirez-vous pas d’abord à celle qui
vous a donné un ordre dans votre rêve ?
    François frissonna. Mais ces paroles ne
l’étonnèrent pas. Il s’affirma que Nostradamus avait été mêlé à son
rêve, que ce rêve se poursuivait peut-être, et il
répondit :
    – Je vous dirai tout. Si je ne parlais
pas, elle reviendrait ?
    – Elle reviendrait sûrement, dit
Nostradamus.
    – Je vais donc vous raconter le crime,
reprit François.
    – Le crime ! Vous avez commis un
crime, vous ? Contre qui ?…
    – Contre Marie, prononça le dauphin.
    Contre Marie !
Ces mots
retentirent dans l’esprit de Nostradamus. Il chancela. Mais se
raidissant :
    – Eh bien ! fit-il avec calme,
racontez-moi votre crime !
    – Oui ! Je sens, je sais que c’est à
vous que je dois le raconter ! Écoutez ! Nous l’aimions
tous les deux, mon frère Henri et moi.
    – Vous l’aimiez ! fit Nostradamus
avec un cri terrible.
    – Oui ! râla le Dauphin. Jusqu’à en
mourir. Moi et mon frère ! Nous l’aimions jusqu’à nous haïr.
Elle nous fut enfin livrée…
    – Livrée ! pantela Nostradamus. Par
qui ! Parle !…
    – Par deux hommes qui étaient à nous.
Gaëtan de Roncherolles et Jacques d’Albon de Saint-André !
    Nostradamus leva au ciel son regard
flamboyant !
    – Ainsi, reprit-il, vous et votre frère
vous aimiez Marie ? Et elle vous fut livrée par Jacques
d’Albon de Saint-André et par Gaëtan de Roncherolles ? C’est
bien ainsi, n’est-ce pas ?
    – Oui ! Oh ! vous me faites
peur… Oh ! j’ai peur comme dans mon rêve… je ne dirai plus
rien !
    – Calmez-vous, commanda Nostradamus, et
poursuivez.
    – Le contrepoison ! râla François.
Je me sens mourir !…
    – Nous avons le temps.
    – Minuit ! bégaya François. Oui,
nous avons le temps… Voici : comme elle nous résistait, nous
la fîmes accuser de sorcellerie par Roncherolles et nous la mîmes
au Temple.
    Nostradamus ne bougeait pas. Il pleurait.
François contemplait ces larmes avec terreur. Il se hurla à
lui-même qu’il ne dirait plus rien et, dans le même moment, il
continua :
    – Dans les cachots, nous descendions. Et
comme elle nous résistait toujours, j’ordonnai qu’on lui appliquât
la question…
    – La question ! hurla Nostradamus.
La torture à tant de grâce et de faiblesse ! Et vous
l’aimiez ! Et vous n’avez pas eu pitié !…
    François hocha la tête d’un mouvement funèbre.
Nostradamus sanglotait… Tout disparaissait de sa pensée. Il
n’éprouvait plus qu’une douleur immense qui lui broyait le cœur. Il
laissa tomber sur François un regard sanglant, et d’une voix
rauque :
    – Continuez, et que j’aie la force de
vous entendre !
    – La potion ! haleta François. Je me
meurs !…
    – Continue ! rugit Nostradamus.
    François se reprit à parler, mais d’une voix
faible.
    – La question ne fut pas appliquée à la
prisonnière…
    Un soupir de joie puissante souleva la
poitrine de Nostradamus. Son regard se fit moins farouche. Il
rapprocha de la bouche du malade le flacon qui contenait
l’antidote. À cet instant, François disait ceci :
    – La question ne lui fut pas appliquée,
parce que au moment où le bourreau allait la conduire à la chambre
de torture, son enfant vint au monde…
    Nostradamus recula de deux pas. Un tremblement
rapide l’agita de la tête aux pieds. Une sorte de gémissement fusa
de ses lèvres contractées. François le considérait avec
épouvante.
    – Qui êtes-vous ? râla-t-il.
Pourquoi pleurez-vous ? Pourquoi le récit de mon crime fait-il
sur vous un tel effet ?…
    – Vous

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