Nostradamus
vécu douze cents
ans ?
– Ta mémoire ne te présente que les
images des faits accomplis depuis ta dernière incarnation. Sache
marcher à ton but sans défaillance. Alors, les sept génies de la
Rose-Croix, gardiens de la clef qui ferme le passé et ouvre
l’avenir, poseront sur ton front la couronne des Maîtres du Temps.
Es-tu prêt ?
– Je suis prêt ! Mais vous
m’attendiez donc ?…
– Tu es venu il y a cent ans jour pour
jour, heure pour heure. Et, parce que tu n’as pas alors compris que
la Science de la Volonté est le principe de toute sagesse et de
toute puissance, nous t’avons renvoyé sur la terre. Suis-nous…
Nostradamus se mit en marche… Toute lumière
s’éteignit. De nouveau, ce furent les ténèbres. En même temps, des
souffles glacés et fétides passèrent dans l’air ; autour de
lui, il entendit des ricanements, des hurlements.
Tout à coup, de la voûte granitique, une
faible lueur tomba, éclairant des spectres enlacés qui
tourbillonnaient autour de lui ; au fond de la salle, il vit
venir à lui un squelette qui tenait une faucille d’acier. Le
squelette s’avançait droit sur Nostradamus… Il se croisa les bras
et attendit.
Bientôt la Mort ne fut plus qu’à deux pas de
lui. Elle fauchait d’un mouvement large ; la faucille,
soudain, l’effleura… La Mort élargit son geste comme pour le
faucher à hauteur du cou… l’acier tranchant décrivit un rapide
demi-cercle… Dans cette seconde même tout s’éteignit, tout se tut.
Nostradamus n’avait pas bougé.
La lumière éclatante du début reparut. Il n’y
avait plus ni spectres, ni fantômes… Nostradamus se vit en présence
de douze vieillards drapés de blanc qui lui souriaient. Ils lui
montrèrent sur le sol la faucille.
– Qui êtes-vous ? demanda-t-il
rudement.
– Nous sommes les douze Mages gardiens de
l’Énigme, répondit l’un des vieillards. Ton cœur n’a pas tremblé
devant la Mort. Fils de la Terre, tu peux continuer ton chemin…
Et il lui tendit une lampe en
disant :
– Va. Cherche ta route, et poursuis-la,
si tu l’oses.
En même temps, les douze Mages regagnèrent les
douze sarcophages et s’enfoncèrent dans ces tombes dont les dalles
se rebattirent. Nostradamus aperçut une porte ouverte.
Il franchit la porte, et vit qu’elle se
refermait sans bruit. Il se trouvait dans un large couloir le long
duquel il se mit à marcher. Le couloir descendait en pente de plus
en plus raide, et allait se rétrécissant, tandis que la voûte
s’abaissait. Au bout de quelques minutes, Nostradamus marchait en
se courbant ; au bout d’un quart d’heure, il se traînait sur
les genoux ! quelques instants plus tard, il était forcé de
ramper… le couloir était devenu boyau. Il rampait
murmurant :
– Je veux la toute-science pour avoir la
toute-puissance. Lorsque je retournerai sur la terre, c’est contre
le roi le plus puissant du monde que j’aurai à lutter. Oh ! me
venger de ce roi, de tous ceux qui m’ont broyé le cœur !
Un moment vint où le boyau fut si étroit qu’il
lui devint impossible d’avancer d’une ligne. Alors, il se dit qu’il
s’était trompé… Il essaya de reculer. Et il sentit l’épouvante se
glisser jusqu’à ses moelles : il était allongé tout de son
long dans le boyau ; en avant, il ne pouvait aller plus loin…
et, en essayant de reculer, il venait de comprendre que, derrière
lui, le boyau s’était fermé !…
– Ici périssent les fous qui ont convoité
la Science et le Pouvoir ! cria une voix lointaine.
– Oh ! râla Nostradamus. Ai-je donc
été joué ! Mourir ! Mourir ici, étouffé, dans la plus
horrible agonie ! Mourir ! tandis que le fils de
François I er respire du bonheur ! Tandis que
Roncherolles, Saint-André, Loyola, tous ceux qui m’ont assassiné
l’âme poursuivent leur carrière et leur fortune !…
L’air lui manquait. Il étouffait… Alors, dans
le désespoir de l’agonie, Nostradamus eut un furieux mouvement de
corps en avant… Et, aussitôt, il vit s’écarter les parois du
boyau.
Il s’avança. Le boyau se fit de plus en plus
large, et, au bout de quelques minutes, redevint couloir à descente
rapide. Tout à coup, la pente s’arrêta au bord d’un large puits.
Était-ce donc la fin de cet infernal voyage ? Non !…
Nostradamus vit une échelle de fer accrochée aux parois du puits,
et il se mit à descendre. Il compta soixante-dix-huit échelons. Au
dernier, en se
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