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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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demanda :
    – Pourquoi nous sauvez-nous ?
Savez-vous qui nous sommes ? Oui, sans doute. Des gens de sac
et de corde, des flambards de Petite-Flambe. Gare au bourgeois qui,
la nuit, passe à notre portée. Il faut qu’il laisse en nos mains
son escarcelle. Quelque seigneur veut-il se débarrasser d’un
rival ? ou enlever une jolie donzelle comme vous ? ou
rosser les gens que commande Gaëtan de Roncherolles ? Il nous
fait signe. Et nous accourons. Pour le guet, c’est dix livres par
homme à demi assommé. Pour un enlèvement, c’est dix écus d’argent.
Pour un coup de poignard, c’est dix nobles d’or. Nous faisons vite
et bien. Bonne besogne. Vous êtes la fille du grand prévôt,
intéressée à toute pendaison, estrapade ou grillade de truand,
notre ennemie. Pourquoi nous sauvez-vous ?
    Il avait prononcé ces paroles avec une ironie
sauvage. Il se croyait le cœur plein de haine, à en éclater… Mais,
tandis qu’il parlait, il baissait sa tête. Quand il eut fini, il
fixa sur Florise un mauvais regard. Et alors il vit que des larmes
tombaient des paupières de la jeune fille. Et il recula d’un pas,
éperdu. Doucement, elle répondit :
    – Je cherche à vous sauver parce que vous
m’avez sauvée.
    – Votre père, aussi, savait que je vous
ai tirée des mains du petit Saint-André. Il savait que mes
compagnons se fussent fait tuer plutôt que de ne pas vous rendre
saine et sauve en l’hôtel de Roncherolles. Pourtant, le grand
prévôt a voulu nous brûler !
    – Vous en voulez à mon père ?
fit-elle toute tremblante.
    – À mort. Il fallait nous regarder cuire.
Tôt ou tard vous viendrez voir la grimace que nous ferons au gibet
de la Grève.
    – Truand ou non, dit-elle, j’ai horreur
qu’on tue un homme. La besogne de mon père est terrible, la vôtre
est horrible. C’est un affreux métier que le vôtre. Oh !
j’eusse aimé à vous savoir vaillant.
    – Vaillant ! rugit-il. Je le suis
envers quiconque.
    – Vaillant au grand soleil, comme vous
l’êtes la nuit. J’eusse aimé que votre nom fût répété avec
l’admiration qui escorte le nom des gentilshommes…
    Il se redressa. Une flamme éclaira son visage.
Il gronda :
    – Le Royal de Beaurevers ! Voilà un
nom, je pense. Il sonne la bataille ! Quiconque a peur
s’éloigne, quiconque est brave se rallie, lorsque tonne le nom de
Royal de Beaurevers !
    Elle garda le silence ; puis, d’un accent
plus doux :
    – Si d’aventure vous pensez parfois à la
fille du grand prévôt, épargnez ceux ou celles que guette votre…
courage ! Ah !… renoncez… En ce moment, l’hôtel est plein
de gens d’armes. Cette nuit, à l’heure propice, je viendrai vous
ouvrir et vous conduirai jusqu’à la rue… Adieu !
    L’instant d’après, elle avait disparu derrière
la porte. Une longue minute, le jeune homme demeura la poitrine
étreinte par une angoisse inconnue. Brusquement, il courut à la
porte :
    – Je veux la suivre ! Je veux lui
dire… ah !… fermée…
    Florise avait fermé la porte à double
verrou ! Quand il eut compris qu’il ne parviendrait pas à
l’ébranler, à pas très lents, il s’en revint à la rotonde.
    Cependant, les quatre malandrins avaient
inspecté la cave d’un œil expert. La rotonde ne présentait aucune
de ces particularités que des êtres assoiffés remarquent tout
d’abord – flacons ou futailles. Seulement quatre baies la faisaient
communiquer avec d’autres caves. Trinquemaille saisit le cierge, et
pénétra dans la première de ces caves. Cette entrée fut aussitôt
suivie d’une quadruple exclamation :
    – Jésus ! – Parfandiou ! –
Sacrament ! – Corpo di bacco !…
    Les quatre compères contemplaient un
magnifique spectacle : sur le côté gauche de la cave couraient
deux poutres, placées sur des piliers à mi-hauteur d’homme. Sous
chacune de ces poutres s’alignait une double rangée de clous ;
et à chacun de ces clous pendaient alternativement des jambons et
des saucissons de la plus vénérable espèce. Bouracan se précipita.
Trinquemaille l’arrêta au vol.
    – Il est malsain de manger sans boire,
dit-il.
    – Et alors ? fit Bouracan ébahi.
    – Alors, alors !… Tu n’as donc pas
soif ?
    – Moi ! Pas soif ! vociféra
Bouracan.
    – Cherchons ; puisqu’il y a à
manger, il doit y avoir à boire.
    Le Gascon, l’Allemand et l’Italien se
laissèrent entraîner par le Parisien dans la cave voisine.
    – Là ! fit

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