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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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Nostradamus vit
Roncherolles – et son cœur se contracta dans sa poitrine. Il vit le
maréchal de Saint-André – et ses paupières se mirent à battre. Il
vit enfin le roi – et un peu de rose afflua à ses joues
livides.
    – Sire, dit-il, Votre Majesté m’a fait
commander de me trouver ici à 10 heures. Me voici aux ordres du
roi.
    – Sire, cria le moine d’une voix
éclatante, pardonnez à l’indignation qui me transporte ! Sire,
au nom du Très-Saint-Père, je demande l’arrestation de cet
imposteur !…
    Un silence s’abattit. Nostradamus se redressa
lentement.
    – Sire moine, vous êtes étranger.
Apprenez qu’il n’est pas dans l’habitude des rois de France
d’arrêter leurs propres hôtes.
    Un murmure de sympathie accueillit ces
paroles. Nostradamus, d’une voix à l’intonation d’airain,
continua :
    – D’ailleurs, si le roi voulait oublier
les coutumes de la cour, il ne trouverait personne pour mettre la
main sur moi !
    La foule vacilla, trembla devant cette
audace.
    – Sire, tonna le moine, l’imposteur vous
brave !
    – Holà, gronda Henri II, mon
capitaine des gardes !…
    Montgomery s’avança.
    – Arrêtez cet homme !
    Nostradamus fit deux pas au-devant du
capitaine. Ses lèvres s’agitèrent d’un mouvement imperceptible.
Montgomery entendit ! Et ce fut effroyable, sans doute. Car le
capitaine, recula, l’œil hagard, en murmurant :
    – Non ! non ! Grâce !
Taisez-vous, par pitié !…
    – Vous voyez, sire, dit Nostradamus au
roi. Sire, je vous jure que si vous m’en donnez l’ordre, je vais de
ce pas me constituer prisonnier. Mais le roi ne voudra pas donner
un pareil ordre avant que je me sois justifié de l’accusation
d’imposture.
    – Oui ! oui ! Parlez, crièrent
cinquante seigneurs.
    – Silence ! gronda le roi. Vous avez
raison, monsieur, je n’arrête pas mes hôtes dans mon propre logis.
Excusez-moi, sire moine. Au Louvre, la volonté du roi est sacrée.
Maintenant, parlez, monsieur de Notredame !
    – Sire, je me vante de connaître le passé
des hommes et quelquefois de pouvoir envisager leur avenir. C’est
pour cela que ce digne père m’accuse d’imposture. Eh bien, je vais
prouver que je sais le passé et puis parfois prédire l’événement
futur. Le prédire, parce que je le
prévois !…
Sire,
j’ignorais, n’est-ce pas, de quoi il était question lorsque je suis
entré ?
    – Sans aucun doute !
    – J’ignorais donc la proposition qui a
été faite à Votre Majesté. Eh bien, sire, il y a ici un homme qui
peut répondre aux arguments qu’on faisait valoir. Je vais vous
présenter cet homme, et s’il répond, je ne suis pas un
imposteur.
    Nostradamus, sans hésiter, marcha droit au
chancelier François Olivier, prit respectueusement par la main le
vieillard étonné, l’amena devant le roi, puis, prononça :
    – Monsieur le chancelier, le vénérable
Loyola propose à Sa Majesté d’établir en France un tribunal
d’Inquisition. Dites pourquoi vous voulez résigner vos
fonctions.
    Le roi, Montmorency, Saint-André, Guise, ne
purent réprimer un mouvement de stupeur. Quant au chancelier
Olivier, il garda un instant le silence. Puis, il dit :
    – Sire, j’étais venu pour supplier Votre
Majesté de me laisser me reposer après de si longs et pénibles
travaux…
    – C’est donc vrai ! cria le roi.
Vous voulez vous démettre !…
    – Oui, sire, et voici M. Michel de
l’Hospital que je supplie Votre Majesté d’agréer pour mon
successeur…
    – Continuez, monsieur le chancelier, dit
Henri.
    – Sire, j’étais résolu à faire valoir mon
grand âge, mes longues fatigues… Mais ce qui vient d’être dit
suffit à justifier ma retraite devant ma conscience. Dieu nous
commande de nous aimer les uns les autres, et nous a défendu de
nous servir de l’épée. C’est pourquoi je n’ai pas voulu qu’on
trouvât le nom de François Olivier au bas de l’acte instituant un
tribunal d’Inquisition…
    – Faiblesse plus criminelle que le
crime ! gronda Loyola.
    – Que veut-on ? continua le
vieillard. Est-ce la guerre religieuse ? Sire, n’y a-t-il donc
pas assez de sang répandu dans Paris et dans le royaume pour la
seule faute d’adorer Dieu autrement que nous ? Que de morts,
sire ! que de cadavres ! Les inquisiteurs de la foi et la
chambre ardente ont tué des milliers de malheureux. Prenez garde,
sire de passer à la postérité sous le nom de Henri le
Sanglant ! Assez

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