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Nostradamus

Nostradamus

Titel: Nostradamus Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel Zévaco
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le
bienvenu.
    – Florise, dit Roncherolles en prenant
place dans un fauteuil et faisant signe à sa fille de s’asseoir
elle-même. Vous avez tort de prolonger ainsi vos veilles. Depuis
quelques jours, je vous trouve pâlie, et, tenez, cela date de cette
nuit où vous avez voulu donner la liberté à ces truands.
    Florise leva des yeux lumineux de franchise.
Et alors on eût pu voir la physionomie de Roncherolles s’éclairer
d’une lueur d’admiration passionnée. Car elle portait en elle toute
l’innocence, toute la fierté que peut contenir ce mot : une
vierge.
    – Vous travailliez à cette
dentelle ? reprit Roncherolles.
    – J’avais fini et je faisais ma prière de
chaque soir, et suppliais madame la Vierge de me protéger contre ce
mariage…
    Roncherolles se leva et fit quelques pas. Il
tremblait… Mais c’était le chagrin qu’il allait infliger à la fille
adorée qui faisait grelotter son rude cœur. Il se rapprocha et,
avec timidité :
    – J’ai engagé ma parole. Veux-tu donc que
je me parjure ?
    – Je n’ai pas engagé la mienne à Roland
de Saint-André.
    L’épouvante était au fond de son âme. Mais son
visage adorable gardait un calme suprême et elle souriait. Et
Roncherolles lisait dans la conscience de sa fille toute la
douleur, et il eût pleuré des larmes de sang à lui infliger ce
supplice.
    – Il le faut ! rugit-il en lui-même.
C’est le seul moyen que j’aie de l’arracher au truand, roi du crime
– et au roi, truand de cœurs. – Ô ma fille, je te sauverai malgré
toi-même !
    Il reprit doucement :
    – Tu le hais donc bien, ce pauvre
Roland ?
    – Non, mon père. Je le méprise, voilà
tout. Et vous, comment pouvez-vous oublier que là-bas, dans cette
auberge…
    – Un désespoir d’amour… le roi veut ce
mariage.
    – Le roi est maître de ma vie, non de mon
cœur… Pardon, permettez que j’aille me reposer.
    – Demeure, dit rudement Roncherolles,
j’ai à te parler.
    Florise comprit que le moment de la lutte
suprême était arrivé. Toute sa volonté, elle l’arma pour la
résistance. Roncherolles haletait. Une terrible bataille se livrait
en lui entre cette ambition, qui était toute sa pensée, et cet
amour paternel qui était tout son cœur…
    Une voix, soudain, frappa ses
oreilles !
    – Ton cœur sera broyé !
    – Qui a parlé ? hurla Roncherolles
en bondissant.
    – Personne, mon père, dit Florise. Nous
sommes seuls…
    – Oui, nous sommes seuls. Cette parole,
c’est celle du sorcier… c’est l’affreuse prédiction de Nostradamus…
Cette parole me poursuit. Florise, mon enfant, écoute-moi. C’est
une grave résolution que je viens de prendre.
    – Je vous écoute, père, dit Florise en
tressaillant d’espoir.
    – Ah ! quand ton regard me réchauffe
ainsi le cœur, j’oublierais tout, pour t’écouter et te
regarder…
    Lui jetant ses bras autour du cou, elle posa
sa tête charmante sur la poitrine de son père. Il la considérait,
extasié.
    En ce moment, cet homme eût paru la plus
sublime expression de l’amour paternel. Voici ce qu’il
songeait :
    – J’étoufferai mon rêve ! Je ne
serai ni chancelier, ni conseiller du roi, ni gouverneur, ni
duc ! Je serai le père de Florise…
    Un instant, il ferma les yeux ; un soupir
gonfla sa poitrine… c’était l’adieu à tout ce qu’il avait
combiné : gloire, honneur, puissance…
    – Il y a un moyen d’éviter le mariage qui
te fait pleurer. Florise jeta un cri de joie si passionnée que son
père put alors mesurer les ravages que la terreur de cette union
avait faits dans cette âme.
    – Florise, murmura-t-il, tu es mon bien
suprême. Moi qui n’ai jamais aimé… pas même ta mère, moi qui me
croyais voué aux seuls sentiments de haine et de vengeance…
    – Mon père, mon père !
balbutia-t-elle, que dites-vous !…
    – Apprends à connaître ton père !
Moi, dis-je, moi qui niais l’amour, l’amitié, l’affection, je me
suis mis à t’aimer, toi !… Oh ! j’ai résisté d’abord. Tu
as été la plus forte. Ce fut un soir… un soir que je venais du
gibet. Sombre et fatigué, je m’étais assis. Tu vins à moi, tu
t’assis sur mes genoux, toute souriante, et moi je me mis à
pleurer. C’est de ce soir-là que je compris ce que tu étais pour
moi. Je me mis à t’adorer avec fureur ; tu fus l’ange dont un
seul regard consolait le damné que j’étais…
    – Cher père !… Je veux être toute

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