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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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donna, mais avec de bonnes réserves et sous conditions,
     dignement, de manière à rester république sous le roi, et « battre monnaie
     blanche et noire de telle forme et aloi comme ont ceux de Paris »
     (Froissart). Elle restait indépendante, mais toujours prête à servir la France.
     Charles VII était dépourvu de marine, la Rochelle mit à sa disposition seize
     vaisseaux armés pour l'aider à chasser les Anglais de Bordeaux.
     
    Et pourtant, Richelieu, sans tenir compte de tant de services, fit
     périr La Rochelle. On distingue encore à la marée basse les restes de l'immense
     digue qui lui barra la mer, l'étouffa. Le jour où La Rochelle tomba, la France
     perdit son premier port, la terreur de l'Espagne, l'envie de la Hollande.
     Isolée pour toujours de l'Océan, la ville amphibie ne fit plus que languir.
     Pour mieux la museler, Rochefort fut fondé par Louis XIV à deux pas de La
     Rochelle, le port du roi à côté du port du peuple.
    Mais si La Rochelle serrée entre Nantes et Bordeaux, étouffe, la
     ville royale, Rochefort, sur sa rivière boueuse et si loin de la mer, n'est
     guère plus vivante que sa rivale vaincue.
    3 Les Anglais donnaient autrefois ce nom à La
     Rochelle, à cause du reflet de la lumière sur les rochers et les
     falaises.

LA VENDÉE
    La chute de La Rochelle fut un coup terrible. pour tout le pays.
     L'Aunis si riche jusque-là, si maigre aujourd'hui, fut comme anéanti. Toutes les
     vieilles places de Poitou et de Saintonge qui, pourtant n'avaient pas bougé,
     perdirent leurs murs et peu à peu leurs habitants. Les fils de ceux qui
     restèrent séparés de plus en plus de la France, devaient prendre sur elle une
     terrible revanche.
    Cette partie du Poitou qui nous reste à parcourir, n'avait guère
     paru dans l'histoire, on la connaissait peu, elle s'ignorait elle-même.
    Elle s'est révélée par la guerre de la Vendée. Le bassin de la Sèvre
     nantaise, les sombres collines qui l'environnent, tout le Bocage vendéen, telle
     fut la principale et première scène de cette guerre terrible qui embrasa tout
     l'Ouest. Cette Vendée qui a quatorze rivières, et pas une navigable, pays perdu
     dans ses haies et ses bois, n'était, quoiqu'on ait dit, ni plus religieuse, ni
     plus royaliste que bien d'autres provinces frontières ; mais, refoulée sur
     elle-même depuis cent cinquante ans, elle ne savait rien du reste du monde et
     tenait à ses habitudes. Elle n'aurait rien fait si la République n'était venue
     à son foyer pour l'en arracher. Plutôt que de quitter ses bœufs, son enclos,
     elle eût fait la guerre au roi.
    L'ancienne monarchie dans son imparfaite centralisation, l'avait peu
     troublée ; la Révolution voulut l'amener d'un coup à l'unité
     nationale ; brusque et violente, portant partout une lumière subite, elle
     effaroucha ces fils de la nuit. Ces paysans se trouvèrent des héros.
    Profonde est la différence entre le Breton et le Vendéen. Celui-ci
     ne comprend rien à cette énigme de l'ancien monde. Et pourtant il n'est pas
     rare de les voir confondus dans l'histoire.
    Le Vendéen des trois Vendées, du Poitou enfermé, aveuglé dans son
     fourré du bocage ; l'homme de la basse Vendée, du marais qui vit entre un
     fossé et une mare, ne parlent pas moins notre langue. Le Breton par la sienne
     qu'on ne parle nulle part, est isolé, enraciné au sol. La Bretonne timide et
     le prêtre, — paysan breton lui même, — ne le poussent nullement à courir hors
     du pays. La Vendéenne aux yeux noirs, excite son mari aux aventures. Elle
     partira elle-même, audacieuse amazone, à la suite de l'armée de Charette. On
     sait le point de départ de la guerre : le voiturier Cathelineau pétrissait
     son pain quand il entendit la proclamation républicaine ; il essuya tout
     simplement ses bras et prit son fusil. Chacun en fit autant et l'on marcha
     droit aux bleus . Et ce ne fut pas homme à homme, dans les bois, dans les
     ténèbres, comme les chouans de Bretagne, mais en masse, en corps de peuple, et
     en plaine. Ils étaient près de cent mille au siège de Nantes. La guerre de
     Bretagne est comme une ballade guerrière du border écossais, celle de
     Vendée une Iliade.

IV
    LA SAINTONGE - ANGOULÊME
    En avançant vers le midi, nous passerons les champs de bataille de
     Taillebourg et de Jarnac. La France est le pays des contrastes. Nous quittons
     le sol des guerres civiles pour entrer dans une région qui ne nous

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