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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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étaient Poitevins ou Anglais, Angevins ou Normands. Cette lutte
     intérieure de deux natures contradictoires se représenta dans leur vie mobile
     et orageuse. Henri III, fils de Jean, fut gouverné par les Poitevins ; on
     sait quelles guerres civiles il en coûta à l'Angleterre. Une fois réuni à la
     monarchie, le Poitou du marais et de la plaine se laissa aller au
     mouvement général de la France. Fontenay fournit de grands légistes, les
     Tiraqueau, les Besly, les Brisson. La noblesse du Poitou donna force courtisans
     habiles (Thouars, Mortemar, Meilleraye, Mauléon). Le plus grand politique et
     l'écrivain le plus populaire de la France, appartiennent au Poitou
     oriental : Richelieu et Voltaire ; ce dernier, né à Paris, était
     d'une famille de Parthenay.
    1 Ces trois régions sont : le Marais, qui borde
     la côte ; le Bocage, qui occupe le centre ; la Plaine s'étend de la
     Serre Niortaise à la Sèvre Nantaise.
    2 Il arriva avec six hommes devant
     Antioche

L'AUNIS - LA ROCHELLE
    Mais ce n'est pas là toute la province. Le plateau des deux Sèvres
     verse ses rivières, l'une vers Nantes, l'autre vers Niort et La Rochelle. Les
     deux contrées excentriques qu'elles traversent, sont fort isolées de la France.
     La seconde, petite Hollande, répandue en marais, en canaux, ne regarde que
     l'Océan, que La Rochelle. La ville blanche 3 comme la ville noire. La Rochelle comme
     Saint-Malo, fut originairement un asile ouvert par l'Église aux juifs, aux
     serfs, aux coliberts du Poitou. Le pape protégea l'une comme l'autre
     contre les seigneurs. Elles grandirent affranchies de dîme et de tribut. Une
     foule d'aventuriers, sortis de cette populace sans nom, exploitèrent les mers
     comme marchands, comme pirates ; d'autres exploitèrent la cour et mirent
     au service des rois leur génie démocratique, leur haine des grands. Sans
     remonter jusqu'au serf Leudaste, de l'île de Ré, dont Grégoire de Tours nous a
     conservé la curieuse histoire, nous citerons le fameux cardinal de Sion, qui
     arma les Suisses pour Jules II, les chanceliers Olivier sous Charles IX, Balue
     et Doriole sous Louis XI ; ce prince aimait à se servir de ces intrigants,
     sauf à les loger ensuite dans une cage de fer.
    La Rochelle crut un instant devenir une Amsterdam, dont Coligny eût
     été le Guillaume d'Orange. On sait les deux fameux sièges contre Charles IX et
     Richelieu, tant d'efforts héroïques, tant d'obstination, et ce poignard que le
     maire Guiton, nommé dictateur, avait déposé sur la table de l'Hôtel de ville,
     pour celui qui parlerait de se rendre. Le Rochelois est calme et tenace. Le
     matin on trouvait les sentinelles mortes de faim à leur poste. « Nous y
     passerons bientôt nous aussi, disait Guiton, il suffit qu'il en reste un vivant
     pour fermer la porte. » De pareils exemples sont bons à citer.
    La ville, en octobre, comptait vingt-huit mille habitants ; en
     mars, il n'en restait plus que deux mille. Les autres, où étaient-ils ?
     Tous morts de faim et de misère.
    Il fallut bien qu'ils cédassent pourtant, quand l'Angleterre,
     trahissant la cause protestante et son propre intérêt, laissa Richelieu fermer
     leur port. Ne pouvant prendre pour elle La Rochelle, tout au moins elle eût
     voulu s'emparer de l'île de Ré, et se tenir là, comme l'aigle de mer sur son
     roc, entre Nantes et Bordeaux. Mais La Rochelle ne le voulut pas. Les Huguenots
     furent avant tout des Français qui entendaient garder avec leurs libertés
     celles de la province. La Rochelle avait toujours été bonne française. On le
     vit bien lorsque le roi Jean, pour faire sa paix avec l'Angleterre, lui céda
     des provinces qui ne voulaient pas devenir anglaises. La Rochelle, d'autant
     plus française que Bordeaux était anglais, supplia le roi, au nom de Dieu, de
     ne pas l'abandonner. Les Rochelois « aimaient mieux être taillés tout les ans de
     la moitié de leur chevance  » ; ils disaient encore :
     « Nous nous soumettrons aux Anglais des lèvres, mais de cœur
     jamais. » Ce patriotisme ardent, la Rochelle en donna de nouvelles preuves
     douze ans plus tard, lorsque le roi de Castille, qui redoutait l'invasion de
     l'Espagne par l'Angleterre, prêta une armée navale au roi Charles V. Les gros
     vaisseaux espagnols, chargés d'artillerie, accablèrent devant la Rochelle les
     petits vaisseaux des Anglais, leurs archers. La Rochelle applaudit et chassa
     les vaincus. Elle se

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