Notre France, sa géographie, son histoire
senti la crise
religieuse entre Montaigne et Voltaire, âme souffrante où apparaît si
merveilleusement le combat du doute et de l'ancienne foi.
Desaix, l'homme du sacrifice et du devoir, un héros et un saint,
naquit et fut élevé au pied du Puy-de-Dôme, dans cette bonne Limagne, au petit
manoir de Voygoux. Le pays et la race furent forts en lui et il leur dut
beaucoup. Il appartient vraiment à ce peuple vigoureux, honnête, laborieux
entre tous, résigné aux plus rudes travaux. Mais l'Auvergne jamais ne fit un
plus grand travailleur. Sa vie est d'une pièce, d'un fil tout aussi net que fut
celui de son épée.
1 « Il me déplaît, disait-il, que ces Ariens
possèdent la meilleure partie des Gaules ; allons sur eux avec l'aide de
Dieu, et chassons- les : soumettons leurs terres à notre pouvoir ;
nous ferons bien, car elle est très bonne. » (An
507.)
2 Au nord de Saint-Flour, la terre est couverte d'une
couche épaisse de pierres ponces, et n'en est pas moins très fertile. Elle
semble plutôt contribuer à sa fécondité.
3 Le vrai nom de Clermont, c'est le nom du petit fief
des Pascal : Le Bien-Assis.
4 Domat, de Clermont ; les Laguesle, de
Vic-le-Comte ; Duprat et Barillon, son secrétaire, d'Issoire ;
l'Hôpital, d'Aigueperse ; Anne Dubourg, de Riom ; Pierre Lizel,
premier président du Parlement de Paris, au XVI e siècle, les Du
Vair, sont d'Aurillac. Du Cantal, aussi, le moine Gerbert, qui coiffa la tiare
après une vie d'aventures.
VII
ROUERGUE - QUERCY - HAUT-LANGUEDOC
Je pourrais entrer par le Rouergue dans la grande vallée du Midi.
Cette province en marque le coin d'un accident bien rude. Elle n'est elle-même,
sous ses sombres châtaigniers, qu'un énorme monceau de houille, de fer, de
cuivre, de plomb. La houille, qui forme les deux tiers de ce département, y
brûle en plusieurs lieues, consumée d'incendies séculaires qui n'ont rien de
volcanique. Cette terre, maltraitée et du froid et du chaud dans la variété de
ses expositions et de ses climats, gercée de précipices, tranchée par deux
torrents, le Tarn et l'Aveyron, a peu à envier à l'âpreté des Cévennes. Mais
j'aime mieux entrer par Cahors, quoiqu'il doive m'en coûter deux jours à passer
pardessus cette rude échine de la France : Dorsum immane mari
summo 1 . C'est bien, en effet, une mer figée que présente
le Quercy au midi de la Dordogne. Terre médiocre et sèche, des mamelons
dépouillés s'abaissant pour se relever et tremblotant avec une mollesse que
dément singulièrement cette aridité. C'est le sein de la femme changé en
pierre.
La Dordogne, après avoir contourné ces rudes mamelons au pied desquels
se cachent de petites cultures intelligentes, a laissé lestement tout cela
comme un cadet de Gascogne laisse la maison paternelle. Elle s'en est allée
faire fortune à Bordeaux, tandis que nous traînons et tournons, misérables
liliputiens, tout une longue nuit éclairée par la lune qui semble tourner aussi
et se jouer de nous. Au matin, nous tombons à Cahors, vieille petite ville
entre trois montagnes. Le Lot coule au pied. Là, tout se revêt de vignes. Les
mûriers commencent à Montauban, mais l'olivier n'apparaît pas encore, ni même à
Toulouse ; il demande une température plus méridionale. En revanche, la
belle, la grande, la riche plaine (je crois la première du monde), est couverte
d'une culture infiniment variée.
On ne voit, nulle part ailleurs, un si étonnant mélange de
productions, blé, vignes, maïs, chanvrières pâturages, arbres fruitiers chargés
à rompre le long des routes. Et cette richesse du sol reproduite à
l'infini ; un paysage de trente ou quarante lieues s'ouvre devant vous,
vaste océan d'agriculture, masse animée, confuse, qui se perd au loin dans
l'obscur ; mais par-dessus, s'élève la forme fantastique des Pyrénées aux
têtes d'argent. Le bœuf attelé par les cornes laboure la fertile vallée, la
vigne puissante monte à l'orme. A midi un grand orage, et l'immense plaine qui
nourrit un million d'hommes fume de vie, la terre est un lac. En une heure, le
soleil a tout bu d'un trait.
Généralement les figures, ici, sont fortes, surtout celles des filles
du peuple. C'est sans doute la race primitive, galls, tectosages. Cette forte
population, placée dans une position unique, a dû donner de grands avantages à
ce pays. On sent partout
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