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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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France 3 .
    1 Écrit en 1835. Il était alors question d'y établir
     une manufacture de coton.
    2 Voir page 14 ce qui est dit sur l'étendue des
     possessions françaises du roi d'Angleterre.
    3 Pour plus de détails sur les Gascons et les
     Béarnais, voir plus loin le chapitre sur le Béarn et le pays
     d'Armagnac.

IX
    LES LANDES - LA MER DE GASCOGNE
    Quelque belle et riche que soit cette vallée de la Garonne, on ne peut
     s'y arrêter ; les lointains sommets des Pyrénées ont un trop puissant
     attrait. Mais le chemin est sérieux. Soit que vous preniez par Nérac, triste
     seigneurie des Albret où Marguerite de Navarre et son petit fils Henri IV, roi
     sans royaume, tinrent souvent leur cour ; soit que vous cheminiez le long
     de la côte, vous ne voyez qu'un océan de landes ; tout au plus des arbres
     à liège, de vastes pinadas , route sombre et solitaire, sans autre
     compagnie que les troupeaux de moutons noirs qui suivent leur éternel voyage
     des Pyrénées aux Landes, et vont, des montagnes à la plaine, chercher la
     chaleur au Nord, sous la conduite du pasteur landais. Le teint fiévreux,
     encapuchonné de brun, il les suit monté sur ses hautes échasses, tant que
     durent les sables mouvants.
    La vie voyageuse des bergers est un des caractères pittoresques du
     Midi. Vous les rencontrez montant les plaines du Languedoc aux Cévennes, aux
     Pyrénées, et de la Crau provençale aux montagnes de Gap et de Barcelonnette.
     L'émigration des moutons est presque aussi grande sur ce point de la Provence
     qu'en Espagne. Ces nomades qui les conduisent, portant tout avec eux,
     compagnons des étoiles, dans leur éternelle solitude, demi-astronomes et
     demi-sorciers, continuent la vie asiatique, la vie de Lot et d'Abraham, au
     milieu de notre Occident. Mais en France les laboureurs, qui redoutent leur
     passage, les resserrent dans d'étroites routes. C'est aux Apennins, aux plaines
     de la Pouille ou de la campagne de Rome, qu'il faut les voir marcher dans la
     liberté du monde antique. En Espagne, ils règnent, ils dévastent impunément le
     pays. Sous la protection de la toute-puissante compagnie de la Mesta ,
     qui emploie de quarante à soixante mille bergers, le triomphant mérinos mange
     la contrée, de l'Estramadure à la Navarre, à l'Aragon. Le berger espagnol, plus
     farouche que le nôtre, a lui-même l'aspect d'une de ses bêtes, avec sa peau de
     mouton sur le dos, et aux jambes son abarca de peau velue de bœuf, qu'il
     attache avec des cordes.
    Le voyageur qui a traîné ou plutôt navigué péniblement, tristement,
     toute une nuit sur la mer grise des sables mouvants, s'étonne, au matin, de
     trouver au bout du désert morne, une grande ville riche et vivante, toute
     moderne. C'est la capitale des Landes : Mont-de-Marsan. Rien pourtant ne
     nous y arrêtera. Fondée par Charlemagne, détruite plus tard par les Normands,
     voilà tout son passé, son histoire.
    L'intérêt est plus bas. Aux deux extrémités de la France, à la pointe
     de Bretagne, au fond du golfe de Gascogne, la terre et la mer, mises en
     présence, se combattent avec fureur.
    Adoucie aux basses îles du Morbihan, elle descendait plus calme ;
     mais la voilà de nouveau contrariée et mise de mauvaise humeur par la triste
     barrière des boues de Charente ; puis, après Bordeaux, Arcachon, par la
     barre fixe des sables qui, sur une longueur de quarante lieues, la force
     d'aller droit devant elle, sans dévier, pressant le flot sur le flot jusqu'à ce
     que tout à coup il tombe avec toutes ses forces accumulées dans l'impasse, le
     gouffre d'où il semble qu'il ne pourra ressortir jamais. Le golfe de Gascogne,
     de Cordouan à Biarritz, est une mer de contradiction, une énigme de combat. En
     arrivant au fond du golfe où l'eau s'engouffre comme au fond d'un gigantesque
     entonnoir, le flot échappé de là, on ne sait comment, dans une pression
     épouvantable, remonte à des hauteurs dont nos mers ne donnent aucun autre
     exemple. Quand la houle monstrueuse est poussée par le vent du Nord, elle
     écrase Saint-Jean-de-Luz de tout son poids. Un jour, la pauvre petite ville
     ainsi assommée ne reparut plus ; elle resta engloutie enterrée dans le
     sable. On peut en voir les derniers vestiges quand les vents de tempête
     bouleversent la longue grève et mettent à nu ces ossements de
     pierre.
     
    La mer et la montagne ont, ici, toutes leurs illusions. Rien de plus
     imaginatif que les

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