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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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des rois de France. Metz ayant sous sa dépendance
     d'autres villes et autour d'elle vingt-quatre ou trente forts se sentait
     souveraine et voulait être indépendante. Ni à l'Allemagne, ni à la France, mais
     rester ville libre et neutre, c'est-à-dire un poste d'avant-garde, être un
     bouclier protecteur entre les deux nations.
    François de Guise aida Henri II à prendre les trois principautés sur
     Charles Quint. Ces trois évêchés devinrent le fief d'un autre Guise, du
     cardinal de Lorraine.
    1 Les évêques ayant souvent contracté mariage avant
     d'entrer dans les ordres, transmettaient sans peine leurs droits à leurs fils
     ou petits-fils.
    2 On voyait à Metz le tombeau de Louis le Débonnaire
     et l'original des Annales de Metz , Mss. de 894.
    3 L'abbesse de Remiremont était princesse du saint
     Empire, avait ses grands officiers, tout une cour féodale et pour vassal le duc
     de Lorraine.

XXI
    L'ALSACE
    Je n'irai pas au delà. Je m'abstiens de franchir la montagne, de
     regarder l'Alsace. Si je vous découvrais, divine flèche de Strasbourg, si
     j'apercevais mon héroïque Rhin, je pourrais bien m'en aller au courant du
     fleuve, bercé par leurs légendes, vers la rouge cathédrale de Mayence, vers
     celle de Cologne, et jusqu'à l'Océan ; ou peut-être resterais-je enchanté
     aux limites solennelles des deux empires, aux ruines de quelque camp romain, de
     quelque fameuse église de pèlerinage, au monastère de cette noble religieuse
     qui passa trois cents ans à écouter l'oiseau de la forêt 1 .
    Je vous salue de loin, de cœur, chère Alsace ! Petite France,
     plus France que la France qui sympathisiez d'ailleurs avec l'Allemagne. Il
     fallait bien se garder de briser ce lien entre deux peuples unis, quand même,
     par tant d'intérêts communs. Hier Strasbourg à la limite de deux mondes si
     différents, c'était l'intermédiaire, la bonne conciliatrice entre deux races.
     Non pas seule, mais dans la belle fédération des villes du Rhin si chères aux
     amis des libertés de l'esprit. Tout aimables et si sociables, elles n'ont pas
     les habitudes de la vie enfermée, pesante, qui est propre à l'Allemagne. Elles
     sont pleines d'air et de soleil. Elles étaient liées jadis aux libres cités de
     la Suisse par une bonne confraternité. Elles s'aimaient, se secouraient ces
     voisines, et, si promptement par la descente du Rhin ! Pour le faire
     sentir à leurs amis de Strasbourg et leur prouver qu'ils étaient tout près et à
     portée de les défendre, ils s'avisèrent, à une fête de l'arc que donnait cette
     ville, d'apporter un gâteau cuit en Suisse, et qui arriva, tiède encore, à
     Strasbourg.
    Lorsque Charles le Téméraire dans son insatiable avidité, crut le
     moment venu d'agréer les offres de l'Autriche qui lui voulait engager ce
     qu'elle avait de l'Alsace et partie de la Forêt-Noire ; lorsqu'il tomba
     lui-même sur le pays, que sa bannière redoutée apparut aux défilés des Vosges,
     pour faire grâce et justice ; lorsque son féroce représentant, Hagenbach,
     fit décapiter quatre habitants de la ville de Thann qui refusaient de payer le mauvais denier , la taxe détestée sur le blé, le vin, la viande ;
     lorsque Mulhouse contre laquelle le duc avait prononcé des paroles terribles,
     se mit à réciter les prières des agonisants ; que Brissach livrée au
     pillage, fut contrainte de sortir tout entière pour travailler aux fossés de la
     ville, la France s'unit au Rhin, à la Suisse pour délivrer l'Alsace, payer son
     rachat. Les villes du Rhin donnèrent la main aux villes. suisses. Elles se
     cotisèrent. Un agent du roi de France courut les cantons la bourse à la
     main ; on fit en un instant les quatre-vingt mille florins pour lesquels
     le pays avait été engagé et qui devaient le racheter. Il fallut que le duc
     restituât l'Alsace à l'Alsace.
    Les rapports des villes du Rhin avec la Hollande et la Hanse,
     n'étaient pas moins intimes.
    Ainsi, des quatre côtés, Strasbourg, Francfort, etc., étaient des
     médiatrices entre les nations. Elles l'ont été pour le monde par la grande
     révélation moderne de l'imprimerie.
    Leur littérature à elles, rieuse, légère et satirique, diffère
     beaucoup de l'allemande. Le grand Goethe, né à Francfort, a fait ses études à
     Strasbourg. La bonne ville pour y vivre ! Abondante en toute denrée, en
     livres, en secours de tous genres ! Mêlée d'études, de commerce, d'un
     grand

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