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Notre France, sa géographie, son histoire

Notre France, sa géographie, son histoire

Titel: Notre France, sa géographie, son histoire Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jules Michelet
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misère.
    7 Il avait épousé Béatrix, fille de Renaud, comte
     héréditaire de la Franche-Comté.
    8 « Victor Hugo, dit Michelet, doit être tenu à
     part. S'il est pour moitié de son sang Franc-Comtois, son éducation toute
     espagnole a certainement modifié son génie. » « Et moi aussi, s'écrie
     M. de Lamartine, j'ai la moitié de mes aïeux dans ces forêts, dans ces
     torrents, et dans ces donjons de la vallée de Saint-Claude ! » Citons
     de lui ce merveilleux jugement sur ses compatriotes, les deux grands
     socialistes Fourier, Proud'hon : « Ces esprits spéculatifs qui
     écrivent leur poésie en chiffres et qui aiment mieux inventer l'impossible que
     de ne rien inventer du tout. » Courbet était d'Ornans. Jouffroy, des
     Pontets (Jura). Parmi les vivants, deux noms francs-comtois s'imposent :
     M. Grévy, M. Pasteur. (M me J. M.)

XIX
    LA LORRAINE
    Située sur la limite des deux langues, au combat des deux races, une
     éternelle bataille fut la vie de la Lorraine au moyen âge. Au moment où
     s'éteint la dynastie carlovingienne, où se fondent les diverses dominations
     féodales qui fermeront la France aux invasions barbares, commence sa lutte avec
     l'Empire. Lutte de la ruse héroïque et de la force brutale personnifiée dans
     l'Allemand Zeventebold, roi de Lorraine, et le Français Rainier (Renier,
     renard ?) d'où viennent les comtes de Hainaut. La guerre du loup et du
     renard est la grande légende du nord de la France, le sujet des fabliaux et des
     poèmes populaires : un épicier de Troyes a donné, au quinzième siècle, le
     dernier de ces poèmes.
    Pendant deux cent cinquante ans, — à partir du milieu du onzième
     siècle, — la Lorraine eut des ducs alsaciens d'origine qui, au dernier siècle,
     ont fini par être empereurs.
    Ces ducs furent presque toujours en guerre avec l'évêque et la
     république de Metz, avec la Champagne, avec la France. Cette marche de Lorraine
     et Champagne tant disputée, a cruellement souffert de la longue guerre entre
     l'Est et l'Ouest, entre le roi et le duc pour la possession de Neuf château et
     des places voisines ; puis, de la guerre du Nord avec le Sud, entre
     Bourguignons et Armagnacs.
    La ville de Vaucouleurs, dont le village de Domremy dépendait, était
     le grand passage de la Champagne à la Lorraine, la droite route d'Allemagne et
     celle aussi des bords de la Meuse, la croix des routes. C'était pour ainsi dire
     la frontière des partis. Le souvenir de ces jours sans pitié ne put s'effacer
     jamais. Il existe toujours. On montre encore, près de Neufchâteau, un arbre
     antique, au nom sinistre, dont les branches ont sans doute porté bien des
     fruits humains : Le Chêne des partisans .
    Les pauvres gens des marches avaient l'honneur d'être sujets
     directs du roi, c'est-à-dire qu'au fond ils n'étaient à personne, n'étaient
     appuyés ni ménagés de personne, qu'ils n'avaient de seigneur, de protecteur que
     Dieu. Les populations sont sérieuses dans une telle situation, elles savent
     qu'elles n'ont à compter sur rien, ni sur les biens, ni sur la vie. Elles
     labourent et le soldat moissonne.
    Mais si les princes de Lorraine et de Bar, rivaux eux-mêmes entre eux,
     furent presque toujours en guerre avec la France, disons à leur honneur qu'ils
     ne perdirent, toutefois, aucune occasion de se faire tuer pour elle. Dès qu'il
     y a une grande bataille à livrer contre les ennemis de la France, ils accourent
     dans nos rangs. Leur histoire est uniformément héroïque : tués à Crécy,
     tués à Nicopolis, tués à Azincourt, tués à Auray, etc.
    La bravoure, l'esprit batailleur, voilà les Lorrains ; ils sont
     aussi, volontiers, intrigants et rusés. Témoin, ces deux Lorrains que nous
     trouvons au siège d'Orléans. Tous deux y déploient le naturel facétieux de leur
     spirituel compatriote Callot ; l'un, le cannonier maître Jean qui, de
     temps à autre faisait le mort, se laissait choir ; on l'emportait dans la
     ville, les Anglais étaient dans la joie ; alors, il revenait plus vivant
     que jamais et tirait sur eux de plus belle. L'autre, un chevalier qui fut pris
     par les Anglais, chargé de fer, et qui, à leur départ, revint à cheval sur un
     moine anglais.
    Nulle province n'est plus française. Soit que vous y entriez à l'Est
     par l'Alsace, ou au Nord par Longwy, vous êtes frappé, dès la frontière, du
     changement de physionomie. Rien de plus vif, de plus énergique que

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