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Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.

Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV.

Titel: Oeuvres de Napoléon Bonaparte, Tome IV. Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Napoléon Bonaparte
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Russie se plaint justement. Elle avait le droit de voir débarquer quarante mille Anglais au mois d'avril, ou à Dantzick ou même à Stralsund. L'Angleterre l'a-t-elle fait ? Non ; l'a-t elle pu faire ? Si elle répond négativement, elle est donc une nation bien faible et bien misérable ; elle a donc bien peu de titres pour être si exigeante envers ses alliés. Mais ce qui manquait aux ministres, c'était la volonté ; il ne leur faut que des opérations de pirates ; ils calculent les résultats de la guerre à tant pour cent ; ils ne songent qu'à gagner de l'argent, et les champs de la Pologne n'offraient que des dangers et de la gloire ; et si l'Angleterre avait enfin pris part à quelques combats, du sang anglais aurait été versé ; le peuple de la Grande-Bretagne, en apprenant quels sacrifices exige la guerre, aurait désiré la paix ; le deuil des pères, des mères pleurant leurs enfans morts au champ d'honneur, aurait peut-être fait naître enfin, dans le coeur des ministres, ces mêmes sentimens qu'une longue guerre a inspirés aux Français, aux Russes, aux Autrichiens. Le cabinet britannique n'aurait pu se défendre à son tour d'avoir horreur de la guerre perpétuelle, ou bien les hommes de sang qui le composent seraient devenus l'exécration du peuple. Il n'en est pas de la guerre de terre comme de la guerre de mer : la plus forte escadre n'exige pas quinze mille hommes parfaitement approvisionnés et n'ayant à souffrir aucune privation ; le plus grand combat naval n'équivaut pas une escarmouche de terre, il coûte peu de sang et de larmes.
    La France, l'Autriche, la Russie emploient à la guerre des armées de quatre cent mille hommes, qui sont exposés à tous les genres de dangers et qui se battent tous les jours. Le désir de la paix naît au sein même de la victoire ; et pour des souverains pères de leurs sujets, il se place bientôt parmi leurs sentimens les plus chers. De tous les gouvernemens, l'oligarchie est le plus dur ; lui même cependant est aussi ramené vers la paix, quand la guerre coûte tant de victimes. Le système qui a conduit l'Angleterre à ne point secourir ses alliés, est la suite de son égoïsme, et l'effet de sa maxime barbare d'une guerre perpétuelle. Le peuple anglais ne se révolte point à cette idée, parce qu'on a soin d'éloigner de lui les sacrifices de la guerre. C'est ainsi que, pendant quatre coalitions, nous avons vu l'Angleterre rire a l'aspect des malheurs du continent, alimenter son commerce de sang humain, et se faire un jeu des scènes de carnage auxquelles elle ne prenait point de part. Elle rentrera dans l'estime de l'Europe, elle sera digne d'avoir des alliés quand elle se présentera en front de bandière avec quatre-vingt mille hommes ; alors, quel que soit l'événement, elle ne voudra pas une guerre perpétuelle ; son peuple ne se soumettra point aux caprices d'une ambition désordonnée, ses alliés ne seront pas ses victimes. C'est en se battant que les Russes, les Autrichiens, les Français ont appris à s'estimer ; c'est en se battant qu'ils ont appris à faire céder les passions haineuses ou cruelles au désir de la paix. L'Angleterre a acquis sa supériorité sur les mers par la trahison à Toulon et dans la Vendée : elle n'a exposé aux convulsions qu'elle a suscitées, que quelques vaisseaux et quelques milliers d'hommes ; elle n'a éprouvé ni le besoin de la paix, ni les pertes sanglantes de la guerre.
    Mais il est naturel que le continent veuille la paix, et que les puissances continentales aient en horreur la république d'Angleterre.
[Réfutation des griefs de la Russie, qui se plaignait des vexations que son commerce avait éprouvées de la part des Anglais.]
Il est vrai que la cour de l'amirauté n'a condamné qu'un seul bâtiment russe ; mais ce raisonnement n'en est pas moins faux : plus de cent bàtimens russes ont été détournés de leur navigation, assujettis à d'odieuses visites et retenus en Angleterre. Depuis le manifeste du cabinet de Londres, plus de douze de ces vaisseaux arrêtés pendant que les Russes se battaient pour la cause de l'Angleterre, ont déjà été condamnés. Ce n'est donc point à la cour de l'amirauté qu'il fallait s'adresser pour vérifier les sujets de plaintes de la Russie : ce sont les registres des croiseurs, ce sont ceux des capitaines de ports qu'il faut consulter. C'est une étrange manière de chercher à persuader qu'on n'a point de torts, que de chercher

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