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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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Allemands. Au même moment, Alan Hillgarth à Madrid
enverrait des câbles à Huelva pour étayer l’histoire, sachant pertinemment que
ceux-ci seraient interceptés à la source et relayés à Karl-Erich Kuhlenthal et
à ses collègues du quartier général de l’Abwehr à Madrid. Toute cette mise en scène
était faite au profit des Allemands : Londres et l’ambassade à Madrid
devaient paraître de plus en plus agités à propos de la perte de documents top
secret. Parallèlement à ces messages destinés à être interceptés, Hillgarth en
enverrait « une série distincte, avec son cryptage personnel, pour tenir
Londres informé de ce qui se passait ».
    Haselden devait jouer le rôle d’un fonctionnaire épuisé,
subissant les pressions croissantes de ses chefs pour retrouver la mallette
égarée. Ce rôle exigeait de la subtilité. Haselden allait devoir enquêter, avec
une insistance croissante, pour retrouver les papiers perdus, mais il ne devait
pas procéder de manière trop « énergique », car cela risquerait de
faire renvoyer les documents avant qu’ils n’atteignent les Allemands. Dans ce
cas, l’opération Mincemeat échouerait.
    On en arrivait ainsi à une autre considération cruciale. Les
Britanniques voulaient récupérer les documents, intacts, quand les
Allemands auraient eu le temps de les examiner. D’après la réglementation internationale,
en tant que pays neutre, l’Espagne était obligée de restituer tous les biens
appartenant à un citoyen britannique décédé en Espagne. Le prédécesseur du
lieutenant Turner suggérait que la mallette finirait par être renvoyée par les
Espagnols. Mais dans les faits, si des plans top secret étaient bel et bien
tombés entre les mains de l’ennemi et que la « pénétration par
effraction » était avérée, ces plans risquaient d’être abandonnés, ou au
moins, être substantiellement altérés. Il fallait que les Allemands pensent
avoir eu accès aux documents en toute impunité ; il fallait leur faire
croire que les Anglais pensaient que les Espagnols leur avaient rendu les
documents sans qu’ils n’aient été ouverts ni lus. L’opération Mincemeat
fonctionnerait uniquement s’il était possible de faire croire aux Allemands que
les Britanniques avaient été dupes. Tout cela allait exiger une minutieuse mise
en scène.
    Francis Haselden n’était pas acteur. Il n’était pas non plus
espion, ni romancier et encore moins pêcheur à la mouche. Il ne voulait pas
spécialement être vice-consul, mais il avait hérité du poste après la mort
brutale de son prédécesseur en 1940. C’était un ingénieur des Mines, un homme
d’affaires doux et cultivé, âgé de soixante-deux ans, qui s’était installé à
Huelva deux décennies plus tôt et qui s’attendait à passer la fin de sa vie à
jouer au golf et à diriger sa société de fournitures pour l’industrie minière.
C’était un pilier de la communauté de ce petit avant-poste britannique
ensoleillé. La guerre avait profondément marqué Haselden : il dirigeait
désormais un réseau sous-terrain qui aidait les prisonniers de guerre évadés,
qui cachait les pilotes alliés rescapés, qui surveillait les agissements
d’Adolf Clauss et de ses agents, et qui faisait tout ce qui était en son
pouvoir pour aider les services secrets alliés. Dans la majeure partie de
l’Espagne, Franco se contentait de surveiller les affrontements entre les
espions allemands et britanniques, et il les laissait faire. Mais à Huelva, le
gouverneur civil, Joaquín Miranda González, était un membre assidu de la
Phalange fasciste, fermement pro-Allemand et prompt à aider son ami Clauss à
éradiquer les espions anglais. Pour le plus grand agacement de Haselden, trois
membres de la communauté britannique de Huelva avaient déjà été expulsés pour
des suspicions d’espionnage, dont Montagu Brown, qui était à la tête de la
société de chemin de fer locale, et William Cluett, qui dirigeait une compagnie
d’électricité détenue par les Britanniques. Haselden allait enfin avoir
l’occasion de rendre la pareille à Clauss et à ses alliés espagnols, en jouant –
mais sans surjouer – le rôle d’un fonctionnaire émérite veillant sur les
intérêts d’un soldat britannique qui avait perdu la vie. Il se montra
parfaitement à la hauteur.
    Emilio Morales Candela, l’entrepreneur de pompes funèbres de
Huelva, attendait sur la jetée quand le ferry de Punta Umbria

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