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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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l’E-boat était
simplement victime de son indécision [et] comme il n’avait pas pu déterminer
avec certitude si nous étions amis ou ennemis, il était peu probable qu’il
donnerait l’alarme. » Mais le temps allait bientôt manquer. La bouée
devait être mise en place dans l’heure qui suivait, car la puissante armée de
débarquement alliée n’était plus qu’à quelques heures de là, juste au-delà
l’horizon, vers le Sud.
    Le vaste plan du débarquement en Sicile avait été approuvé à
Casablanca, en janvier, mais le processus de négociation des détails précis de
l’opération Husky s’était transformé en lutte acharnée, marquée par de profonds
désaccords entre les commandants et des tensions croissantes entre les alliés
britanniques et américains. Patton trouvait Montgomery « admirablement
vaniteux » et notait qu’Alexander, qui commandait les forces terrestres
alliées, avait « une tête exceptionnellement petite ». Ces remarques
provenaient d’un homme à la grosse tête légendaire. Montgomery dit à
Eisenhower : « Ses connaissances sur la manière de faire la guerre,
ou de mener des batailles, sont définitivement nulles. » Le général
britannique refusa platement d’accepter les plans de bataille initiaux
d’Eisenhower qui exigeait un débarquement américain à l’Ouest de la Sicile,
visant Palerme, pendant que les Britanniques prenaient Augusta et Syracuse, sur
la côte Sud-Est. Monty n’était pas de cet avis, et il le fit savoir. Il prédit
un « désastre militaire » si le plan était entériné. Montgomery était
un adepte des manœuvres tactiques : il finit par rallier tout le monde à
sa cause après avoir coincé le major général Walter Bedell Smith, le chef
d’état-major d’Eisenhower, dans les toilettes du QG des forces alliées à Alger.
D’abord devant l’urinoir, puis en dessinant une carte de Sicile sur le miroir
couvert de buée au-dessus du lave-mains, Montgomery exposa son plan
alternatif : une offensive conjointe des deux armées au Sud-Est.
    Un accord fut conclu. Le 10 juillet, avant l’aube, la 7 e  armée
de Patton débarquerait sur la côte, dans le golfe de Gela, pendant que la 8 e  armée
de Montgomery passerait à l’offensive plus à l’Est, dans le golfe de Noto et
Cassibile. Le débarquement se ferait sur vingt-six plages au total le long des
cent cinquante kilomètres de côtes au Sud de la Sicile, par des troupes
assemblées dans les ports d’Algérie, de Tunisie, de Libye et d’Égypte.
L’opération serait précédée par le bombardement intensif des aérodromes de
Sicile. Immédiatement avant l’offensive, des parachutistes seraient largués
derrière les lignes ennemies pour couper les moyens de communication, prévenir
les contre-attaques, s’emparer des carrefours vitaux et semer la confusion chez
l’ennemi. Les chefs d’état-major combinés approuvèrent le plan de l’opération
Husky, le 12 mai, le jour même où Londres interceptait le premier message
indiquant que Hitler avait vu les documents qui se trouvaient dans la mallette
et qu’il y avait cru.
    La logistique de l’opération dépassait l’entendement :
à lui seul, le contingent américain commanda 6,6 millions de rations,
5 000 aéroplanes, 5 000 pigeons voyageurs, et des
colombophiles, et une quantité somme toute assez modeste de
144 000 préservatifs, soit moins de deux par personne. La tâche de
réunir cette profusion de kits fut rendue encore plus complexe par la nécessité
du secret absolu. Les débarquements amphibies sont difficiles, comme l’ont
prouvé Gallipoli et Dieppe. Ils sont quasiment impossibles si l’ennemi est prêt
et qu’il attend. Eisenhower insistait sur l’importance décisive de l’effet de
surprise, prédisant que l’opération échouerait si plus de deux divisions
attendaient, et si les défenseurs offraient une forte résistance. Les Allemands
ne pouvaient pas manquer de repérer 160 000 soldats et
3 000 navires réunis sur la côte Nord de l’Afrique : il était
essentiel qu’ils continuent à essayer de deviner l’endroit où l’attaque aurait
lieu.
    Lorsque l’offensive aurait commencé, un plan de
désinformation secondaire, l’opération Derrick, tenterait de convaincre
l’ennemi que le débarquement dans le Sud était une diversion et que la
véritable attaque allait encore se produire à l’Ouest de la Sicile, éloignant
davantage de troupes de la zone de combat.

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