Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
avec une
hache, puis, avec l’aide d’un capitaine, il s’en servit pour faire sauter un
autre char italien qui défendait son poste de commandement. Pour faire bonne
mesure, il lança une grenade sur l’écoutille du char. Son équipage italien
terrifié se rendit immédiatement.
Douze heures après le débarquement, Darby sortit un drapeau
américain de son sac à dos et le cloua sur la porte du quartier général du
parti fasciste sur la grande place de Gela. Suite à la bataille de Gela, Patton
décerna à Darby la croix pour service distingué ( Distinguished Service
Cross) et le promut colonel. Il accepta la médaille, mais refusa encore la
promotion. « Darby est vraiment en grand soldat », s’émerveilla
Patton.
À l’Est, le major Derrick Leverton abordait le débarquement
à un rythme plus paisible. Ayant « souhaité bonne chance à mes copains,
parfaitement dans son élément et pragmatique », le fossoyeur attendit sur
le pont d’être appelé dans une barge de débarquement. « Comme j’avais
encore du temps devant moi, je m’endormis. » Leverton a le mérite d’être
le seul à s’être assoupi au milieu de la plus grande offensive amphibie qui
n’ait encore jamais eu lieu. Il y avait « pas mal de bruit de fond »,
mais Derrick n’eut aucun mal à s’endormir. Si l’on considère les actes
héroïques, celui-là vaut presque les exploits du colonel Darby.
« C’était bientôt l’aube et les montagnes commençaient
à se dessiner au loin » quand Leverton grimpa dans la barque de
débarquement. En quelques minutes, il fut à terre, après avoir pataugé parmi
les épaves des planeurs qui avaient fait « des atterrissages légèrement
prématurés ». Deux parachutistes morts gisaient sur la plage. Leverton
était bien le dernier que la vue d’un cadavre pouvait troubler (« La
première chose dont je pris conscience était le délicieux parfum du thym
piétiné »). Ses hommes et lui se dirigèrent vers le lieu choisi pour y
placer le canon, tout droit à travers un champ de mines. « Quelques mines
explosèrent en faisant un boucan d’enfer et en dégageant une abondante fumée
noire. »
Pendant que ses canons étaient déchargés, Leverton décida
qu’il était temps de se faire une tasse de thé. Il fut enchanté de découvrir
que ses rations contenaient de la « poudre de thé-sucre-lait » à
laquelle il suffisait d’ajouter de l’eau chaude. « Nourrissant,
appétissant et intelligent », pensa Drick. Ensuite, il fut bombardé en
piqué.
Cela « pimenta la fête, raconta-il à sa mère dans une
lettre. Alors qu’il pleuvait des bombes, je me suis jeté contre un mur en
pierre. Beaucoup de poussière et de débris volaient et quand je me suis relevé,
j’ai découvert qu’une pierre grosse comme un ballon de football avait été
soufflée par une explosion non loin de ma tête. » Seul un incurable
optimiste comme Leverton pouvait voir le bon côté d’un bombardement. « Une
autre bombe tomba dans la mer et nous aspergea de bonne eau fraîche. » En
prévision de nouvelles attaques, l’entrepreneur de pompes funèbres dit à ses
hommes de creuser de « petites tombes d’un mètre de profondeur qui étaient
très confortables ». Comme les canons n’avaient toujours pas été
déchargés, Leverton se terra dans son terrier et se rendormit. Contrairement à
sa sieste réparatrice sur le bateau, son sommeil fut moins calme. « J’ai fait
un rêve assez horrible de bombardement en piqué et ainsi de suite et je me suis
réveillé avec l’agréable impression que ce n’était qu’un rêve, lorsque je me
suis rendu compte que c’en n’était pas un et que les andouilles piquaient juste
au-dessus de moi. » Les bombes ne provoquèrent que des dégâts mineurs,
même si, comme il l’écrivit à ses parents, « la commotion ébranla un peu
ma tombe ».
À la nuit tombée, les canons étaient assemblés et en ordre
de marche. À la grande satisfaction de Leverton, un bombardier fut abattu le
premier jour. Au cours des six semaines suivantes, onze autres seraient
abattus, « et un certain nombre fut mis hors d’état de nuire ».
Leverton était content. « Nos gars sont très fiers de savoir que nous
sommes la première batterie à être entrée en action en Europe depuis
Dunkerque. »
Il faisait chaud sur la plage et manœuvrer les canons en
treillis longs faisait beaucoup transpirer. « Je n’avais pas
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