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Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ben Macintyre
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indubitable.
    2. Deux autres lieux devaient être identifiés pour
faire diversion : l’un d’entre eux serait la Sicile et l’autre aurait
simplement pour but de détourner l’attention de la Sicile si les Allemands
comprenaient que le document était un faux.
    3. La lettre devait être « un aparté«  et
devait pouvoir être acheminée par un officier et non par une voie
officielle ; elle devrait contenir des remarques personnelles et des
preuves d’une discussion d’ordre privé ou de dispositions qui empêcheraient le
message d’être transmis par les ondes.
    Montagu rédigea un premier jet : une lettre du général Sir Archibald
« Archie » Nye, vice-chef d’état-major général de l’Empire
britannique (VCIGS) au général Sir Harold Alexander en Tunisie. Nye était
dans le secret de toutes les opérations militaires. Alexander était au
commandement d’une armée sous le général Dwight Eisenhower, au quartier général
du 18e groupe d’armées. Les deux généraux britanniques se connaissaient
assez bien et étaient suffisamment hauts gradés pour être au courant des plans
de bataille. Harold Alexander s’était battu avec honneur pendant la Première
Guerre mondiale, mais il était perçu comme manquant de discernement.
D’ailleurs, l’un de ses collègues le décrivit injustement comme étant
« complètement bouché ». Quoi qu’il en soit, il était le représentant
de la droiture martiale britannique, raide comme une baguette et ayant toujours
l’air « de sortir d’un bain de vapeur, de s’être fait masser et d’avoir
pris un bon petit déjeuner en lisant une lettre de sa famille ». Mais
surtout, il était probablement le soldat le plus célèbre d’Angleterre, après
Montgomery, et il allait être chargé par Eisenhower de prendre le commandement
des forces terrestres en Sicile. Les Allemands sauraient immédiatement qui il
était et son importance.
    Le premier brouillon de Montagu était une lettre écrite sur
un ton de bavardage amical entre deux grands pontes, dépourvue de références
évidentes aux intentions alliées, mais laissant des indices qu’aucun lecteur
attentif ne pouvait manquer. Elle laissait entendre qu’il y avait débat sur la
pertinence de la Sicile ou de Marseille comme cible de diversion ; elle
mentionnait divers lieux de débarquement possibles en Sardaigne ; elle
contenait des discussions en apparence oiseuses sur les alliés américains
(« Eisenhower va-t-il continuer sur sa lancée ? »), les
salutations d’un ami commun (« Untel et untel [en désignant nommément un
général] vous font leurs amitiés ») et des taquineries sans conséquence à
propos de Montgomery, de la victoire d’El Alamein et de sa grosse tête.
    Montagu pensait que, dans son brouillon, il avait su trouver
le ton parfait, avec le bon dosage d’« informations personnelles et
d’aparté ». Il était très satisfait, mais on ne pouvait pas en dire autant
de ses supérieurs immédiats. La London Controlling Section, ou LCS, qui était
le comité chargé de la désinformation, conseilla de déployer un plan moins
ambitieux, suggérant que « le contenu d’une telle lettre devrait être plus
basique et de moins haute volée ». Le 11 mars, Johnnie Bevan, à la
tête du LCS, prit un avion pour Alger afin d’y rencontrer Dudley Wrangel
Clarke, l’officier chargé de la désinformation pour l’opération Husky, nom de code
du débarquement en Sicile. Clarke pensait aussi que l’opération Mincemeat était
trop ambitieuse. Il suggéra que la lettre donne simplement une fausse
indication de la date prévue pour le débarquement, sans en désigner le lieu.
    Au cours du mois suivant, la lettre fut souvent revue et
réécrite, lorsque les officiers supérieurs du renseignement, les chefs
d’état-major et d’autres encore, ajoutaient leur grain de sel au plan. Quand on
a une bonne idée, on court le risque que des gens intelligents soient du même
avis et veuillent y prendre part. Comme beaucoup de romanciers, Montagu
n’aimait pas les révisions. Il n’aimait pas la façon dont l’opération Mincemeat
était édulcorée. Il n’aimait pas que ses supérieurs usent de leur autorité et
interviennent dans un projet dans lequel il avait investi tant de temps,
d’énergie et de sa personne. Mais surtout, il n’aimait pas Johnnie Bevan.
    Montagu avait été un fidèle de Bevan, le chef paisible de la
London Controlling Section. Mais les

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