Opération Mincemeat : L'histoire d'espionnage qui changea le cours de la Seconde Guerre mondiale
soirée ! »
Dans quelques jours, les fiançailles de Pam et Bill
prendraient fin prématurément, ainsi que l’étrange lien mené en parallèle entre
un officier de la Navy et sa secrétaire. Montagu, qui avait été si
« éperdu d’amour » aux premiers jours, ne fut jamais plus aussi
séducteur après le dîner d’adieu. Le rapport de lady Swaythling à la femme de
Montagu à propos de la photographie dédicacée suspecte qui était posée sur sa
commode avait produit l’effet escompté. La lettre d’Iris exigeant une
explication n’est pas arrivée jusqu’à nous, mais il n’est pas difficile d’en
deviner le contenu. Montagu demanda à un collègue, qui justement allait à New
York, de passer voir sa femme pour tout lui expliquer de sa part. Iris sembla
avoir accepté ses explications. « Je suis heureux que Verel t’ait parlé de
mes faits et gestes, écrivit-il. J’étais plus inquiet à propos de ce que tu
aurais pu penser de la photo et de son inscription compromettante que de ce que
Mère pouvait penser ! » « Pam » et « la fille des
Elms » disparurent de la vie de Montagu. Mais près d’un demi-siècle plus
tard, il lui écrivait encore en l’appelant « Pam » et en signant
lui-même « Bill ».
Alors que le Seraph approchait du point de largage,
le niveau d’anxiété augmentait progressivement dans la salle 13.
« Nous étions tous très excités, mais aussi très inquiets, et nous ne
pouvions parler à quiconque de ce qui se passait », se souvient Pat
Trehearne. Cela aurait pu mal tourner et les enjeux étaient extrêmement élevés.
L’opération Barclay allait être, selon les termes employés
par Clarke, « le summum des efforts d’intoxication en Méditerranée ».
Même s’il n’a jamais été intégré formellement dans l’opération Barclay, le plan
Mincemeat était un élément décisif dans l’opération lancée pour faire croire
aux Allemands que la prochaine offensive se déroulerait simultanément en
Sardaigne et en Grèce et qu’elle serait le prélude à une campagne majeure dans
les Balkans. Pour garder autant de troupes allemandes que possible loin de la
Sicile et du cœur de la Méditerranée, les plans conçus par Johnnie Bevan, à
Londres et Dudley Clarke, de la Force « A », englobaient désormais
des agents doubles, des partisans grecs, de fausses rumeurs et la 12 e armée
britannique imaginaire, qui était sur le point d’envahir les Balkans.
L’armée qui se réunit à Cyrène, en Libye, à portée des
avions de reconnaissance allemands, se composait de fausses barges de débarquement,
de faux planeurs et de faux tanks, ainsi que de vraies batteries antiaériennes
et de vrais avions de chasse qui seraient en alerte au premier signe d’avion
ennemi, pour rendre le mensonge plus crédible. Une authentique opération de
sabotage fut prévue pour concentrer l’attention allemande sur la Grèce. Des
allusions à un débarquement imminent en Grèce furent faites lors de dîners
diplomatiques dans des pays neutres, dans l’espoir qu’il en soit fait l’écho en
Allemagne. Les troupes grecques subirent des entraînements amphibies en Égypte,
des appels furent lancés pour des gens qui parlaient le grec et des drachmes
grecques furent achetées au Caire. « Un Grec patriote parvint à rester
auprès d’une unité britannique et fut certainement surpris de débarquer en
Sicile et pas dans son pays natal. » Des brochures furent distribuées sur
« l’hygiène dans les Balkans ». Des efforts similaires, bien que
moins intenses, furent déployés pour indiquer un débarquement imminent en
Sardaigne à l’autre bout de la Méditerranée : des pêcheurs d’Algérie
furent interrogés sur leurs connaissances des eaux sardes.
Au même moment, les préparatifs en vue du véritable
débarquement en Sicile progressaient à grands pas et les troupes se
rassemblaient dans les ports d’Afrique du Nord. Si Mincemeat et Barclay
produisaient les résultats attendus, les Allemands verraient ces préparatifs
comme des éléments de Brimstone, le faux plan de débarquement en Sardaigne et
les prétendues offensives sur la Grèce. Les aérodromes de Sicile seront bombardés,
car, comme l’écrit Montagu, « aucune opération majeure ne pouvait être
lancée, maintenue ou approvisionnée tant que les terrains d’aviation ennemis et
d’autres bases en Sicile n’avaient pas été neutralisés ». Si le plan
réussissait, le
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