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Par ce signe tu vaincras

Par ce signe tu vaincras

Titel: Par ce signe tu vaincras Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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plus illustres, portaient sur leur tronc des branches pourries.
    Il savait que don Garcia Luis de Cordoza, son oncle, capitaine général de Grenade, protégeait une Mauresque, une rouée qui se prétendait catholique, mais qui était en fait une Thagri, de ces Maures qui n’avaient jamais accepté la Reconquista. Qui pouvait croire que cette femme était devenue bonne catholique ?
    — Les convertis, les renégats ont des âmes de félons. Qui a trahi sa foi trahira de nouveau, a-t-il conclu. Mais don Garcia est un corrompu que l’empereur protège en souvenir des guerres passées.
    J’ai commencé d’apprendre ce jour-là ce qu’est le gouvernement des hommes.
    Nous étions arrivés dans une pièce plus petite que les autres, aux murs couverts d’étagères sur lesquelles s’alignaient des livres.
    L’un d’eux, posé sur un chevalet, était ouvert.
    Cependant que Diego de Sarmiento le feuilletait, j’ai dit que Michele Spriano m’avait confié, avant de partir s’embarquer à Málaga, un exemplaire de La Divine Comédie auquel il tenait plus qu’à la vie.
    Je l’ai extrait de ma chemise et l’ai tendu à Diego de Sarmiento.
    — Michele Spriano…, a-t-il murmuré en prenant le livre.
    Sa voix était si sourde que je Vous ai prié, fermant les yeux, que je Vous ai supplié, Seigneur, de protéger Michele.
    Mais il était trop tard. Vous aviez jugé qu’il fallait qu’il souffre encore, mais pour le punir de quelles fautes ?
    Sur le même ton monocorde, Diego de Sarmiento a raconté comment des corsaires barbaresques avaient attaqué trois galères espagnoles qui avaient quitté Barcelone pour Gênes.
    Michele Spriano était à bord de celle qui avait été capturée par les infidèles.
    Il y avait eu un long combat. L’un des marins qui avaient réussi à rejoindre les autres navires espagnols avait expliqué que le marchand italien avait été épargné par les Barbaresques et jeté comme un sac sur le pont de la galère musulmane. Il s’était pourtant battu aux côtés de l’équipage, mais était de bonne prise.
    Je l’ai imaginé enchaîné dans le réduit au-dessus de la chiourme, parmi les rats, dans les odeurs d’excréments.
    Seigneur, pourquoi ?
    — Ils ne le tueront pas, puisqu’ils ne l’ont pas fait durant le combat, a dit Sarmiento. Ils fixeront sa rançon. Et nous la verserons aux moines rédempteurs afin que, dès leur prochain voyage à Alger, ils puissent le racheter.
    — Toute cette souffrance…, ai-je murmuré. Protégez-le, Seigneur !
    Sans doute Sarmiento n’a-t-il pas apprécié ma prière, le ton suppliant de ma voix.
    — Dieu ne nous aide que si nous brandissons le glaive ! a-t-il lancé. Il n’entend pas les pleureuses. Il veut des chevaliers !
    Sarmiento s’est rapproché du chevalet et a commencé à lire d’une voix forte :
    — « Le soldat qui revêt son âme de la cuirasse de la foi comme il revêt son corps d’une cuirasse de fer est à la fois délivré de toute crainte et en parfaite sécurité ; car, à l’abri de sa double armure, il ne craint ni l’homme ni le diable. Loin de redouter la mort, il la désire ; que peut en effet craindre celui pour lequel, dans la vie ou dans la mort, le Christ est la vie et la mort est un gain ?… Les soldats du Christ font la guerre en toute bonne conscience… C’est pour le Christ qu’ils donnent la mort ou la reçoivent… S’il tue un malfaisant, il ne commet pas un homicide, mais un malicide ; il est le vengeur du Christ contre ceux qui font le mal et obtient le titre de défenseur des chrétiens. »
    Sarmiento a relevé la tête.
    — Voilà ce qu’écrit saint Bernard dans la charte des chevaliers du Temple, a-t-il ajouté. Saint Bernard dit : « Si ces chevaliers tuent, c’est pour le Christ ; s’ils meurent, le Christ est pour eux ! »
    Sarmiento s’est avancé vers moi.
    — Jamais la Terre n’a porté autant de malfaisants, a-t-il dit. Sois ce soldat du Christ, toi qui te nommes Bernard !

27.
    J’ai vécu plusieurs années dans l’ombre de Sarmiento.
    Je l’ai admiré.
    Je l’ai vu sauter dans une arène, armé seulement d’une courte dague, affronter un taureau qui piaffait et dont la bave inondait le mufle d’une mousse blanche.
    Il s’est avancé vers lui, bras écartés, semblant offrir sa poitrine aux cornes de l’animal.
    C’était dans la petite ville de Benavente. Toute la cour, toute la noblesse de Castille se pressait sur les gradins autour

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