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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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qui les intéresse. On va construire des petits postes tout le long pour la protéger. Ah ! J’oubliais, avec des drapeaux ! Le colonel tient tout particulièrement aux drapeaux. Un sur chaque poste pour saper le moral des viets.
    –  Vous rigolez, mon capitaine ?
    –  J’ai l’air de rigoler, Klauss ?
    –  Il faut faire quelque chose, mon capitaine ! Envoyez un rapport !
    –  À mon tour de vous demander si vous rigolez, Klauss.
    –  Sans indiscrétion, mon capitaine, interrompt Osling, vous pouvez nous apprendre notre affectation ?
    –  Je ne la connais pas encore. Mais pour ça j’ai l’intention de m’agiter. Je pense obtenir qu’on ne disperse pas la 4 e compagnie. L’essentiel est que nous restions tous ensemble. Nous, on se démerdera toujours, où que nous soyons. Ça ne signifie pas que je me désintéresse du sort des autres, mais franchement je n’y peux rien.
    –  Mon capitaine, reprend Klauss, vous avez remarqué la série de pièges à cons que l’on peut tendre sur cette route ? J’ai relevé plus de cent points rêvés. Après, j’ai arrêté, j’en avais marre.
    –  Bien sûr, j’ai remarqué. Et en plus, moi j’avais le colonel qui m’expliquait comment il comptait transformer la région en contrée touristique. Sa seule crainte réelle, c’est que les légionnaires des postes trouvent le temps long et s’emmerdent à ne rien foutre.
    –  Ah ! Parce qu’évidemment, c’est la Légion qui va se farcir les postes !
    –  À qui pensiez-vous ? Aux Bénédictins de Saint-Benoît-de-Nursie ?
    –  Non, non, bien sûr, mon capitaine. Je voulais vous demander si c’est au 3 e Étranger qu’on va les prendre ?
    –  Eh oui, Klauss ! À dater de ce jour, vous pouvez considérer le 3 e comme l’ange gardien de la R. C. 4, – ou je me trompe beaucoup – on en reparlera ! »
     
    Les craintes que nourrissait Mattei concernant le fractionnement éventuel de sa compagnie se révélèrent superflues.
    Dès ses premiers contacts, le capitaine s’aperçoit que le secteur de Cao-Bang est avant tout une affaire de Légion étrangère. On laisse le 3 e Étranger libre de s’y organiser comme il le veut – en attendant de l’y laisser mourir.
    Le problème de Mattei est, dès lors, résolu : les possibilités autonomes de la 4 e compagnie sont connues des chefs de bataillon Raberin et Gaume ; les bilans obtenus au cours de ses campagnes antérieures sont impressionnants, et le capitaine passe pour un chef qui jouit d’une chance insolente, qui possède la « baraka ».
    La médaille a son revers ; s’il ne fut jamais question de morceler la 4 e compagnie, la position qu’elle se vit attribuer était considérée – à tout seigneur, tout honneur – comme pratiquement indéfendable. Le soir de son arrivée, Mattei n’en apprend que le nom : Ban-Cao ; la distance qui la sépare de Cao-Bang : une vingtaine de kilomètres au sud-ouest ; la route qui y conduit : la R. C. 3.
    Pour le reste, il faudra attendre le lendemain pour juger.

 
25.
     
     
     
    À L ’ AUBE du 11 août, la 4 e compagnie se rassemble au centre des ruines de Cao-Bang. Mattei a obtenu deux jeeps et quatre G. M. C. qui composent la totalité de ses éléments motorisés. Il est maintenant maître absolu de ses hommes (une centaine), de ses mouvements, des opérations qu’il jugera bon de monter, de l’attitude qu’il conviendra d’adopter avec les civils qui vivent sur sa zone. Il n’a plus qu’une consigne à suivre : se maintenir dans son camp de base, le fameux Ban-Cao.
    Entre Cao-Bang et Ban-Cao, les hommes trouvent le même décor que la veille. La route est encore plus étroite. Par moments, ils se demandent si les G. M. C. vont pouvoir passer. Un indigène tonkinois accompagne le convoi. Il parle bien le français et semble connaître parfaitement la région. On a garanti sa fidélité au capitaine qui ne reste pas moins sur ses gardes. Après deux heures de route, le Tonkinois frappe le bras de Mattei pour attirer son attention.
    « Après ce virage, c’est Ban-Cao », déclare-t-il, souriant.
    Mattei est surpris. Rien ne laisse prévoir la présence d’une bourgade dans ce lieu. Les G. M. C. viennent de gravir une succession de côtes et doivent se trouver à cinq ou six cents mètres d’altitude. Après le virage, rien de nouveau n’apparaît, si ce n’est la route sablonneuse qui continue à serpenter à travers la forêt.
    « Tu te fous de

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