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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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se trouver entre huit et neuf cents mètres d’altitude. La montagne est recouverte d’un enchevêtrement touffu d’arbres, de lianes, d’arbustes et d’herbes épaisses. Un alpiniste chevronné qui parviendrait au sommet accomplirait un véritable exploit, et le capitaine, calmement, vient d’annoncer qu’il a l’intention de le faire atteindre par des camions de vingt tonnes.
    « J’avoue que je ne comprends pas, dit Klauss.
    –  Moi, je crois comprendre votre idée, tranche Osling. Vous avez l’intention de construire une route. Je ne désapprouve pas. Au contraire, c’est stratégiquement génial, mais hélas ! je considère que c’est irréalisable avec l’effectif et les moyens dont nous disposons.
    –  Une route, mais c’est impossible ! » surenchérit Favrier, immédiatement approuvé par Lantz.
    D’un geste familier, Mattei prend appui sur sa canne de ses deux mains. Puis il jette sur les quatre sous-officiers un méprisant regard circulaire avant de leur déclarer :
    « Je vais vous dire une chose, des milliers d’années avant Jésus-Christ, un gus dont le nom m’échappe a décidé de faire construire une pyramide dans la banlieue du Caire. Vous connaissez la suite. Eh bien, à mon avis, si ce gus avait été secondé par des collaborateurs défaitistes dans votre genre, il ne serait même pas parvenu à se faire bâtir un bungalow de trois pièces.
    –  Il s’appelait Chéops, votre gus, précise Osling, amusé. Mais vous semblez oublier une chose, mon capitaine, c’est qu’il disposait d’une sacrée putain de main-d’œuvre, et que nous ne sommes qu’une centaine.
    –  Erreur, Osling, erreur ! En tout cas pour ce qui concerne la construction de la route. Une trentaine seulement par roulement. Il est indispensable qu’un tiers de notre effectif patrouille en permanence dans la région selon un dispositif que j’établirai ultérieurement.
    –  Et le troisième tiers ? s’enquiert timidement Favrier.
    –  Le troisième tiers sera occupé à la construction et à l’aménagement de la piste d’atterrissage dont j’ai prévu l’emplacement. À peu de chose près, elle partira de l’endroit où nous nous trouvons en ce moment.
    –  Ah ! Parce qu’on va aussi avoir un aéroport, énonce Klauss sur le ton d’un homme que plus rien ne peut étonner.
    –  Évidemment, et croyez-moi, il ne sera pas inutile.
    –  Mon capitaine, interrompt Osling, encore une fois je vous dis bravo pour la stratégie, mais par quel moyen comptez-vous défricher, et entamer ces rochers ? Vous savez aussi bien que moi que ces montagnes ne sont pas friables. C’est à du granit que nous allons devoir nous attaquer.
    –  Mettons les choses au point entre nous, Osling, et cela une fois pour toutes. Même si je n’avais pas la moindre idée, les moindres possibilités, j’entreprendrais ce travail, dussé-je contraindre les hommes à gratter le roc avec des limes à ongles. Et ce, parce que je considère que ce plan constitue notre seule chance de survie. Cela dit, nous n’en sommes pas là. Hier, à Cao-Bang, j’ai appris que les paras de l’opération « Léa » avaient récupéré des tonnes de dynamite que le Viet-minh s’est vu obligé d’abandonner dans sa fuite. Et tenez-vous bien, cette dynamite est un sujet d’emmerdements, de paperasses et de tracasseries pour l’état-major qui ne sait pas quoi en foutre ! Demain, à l’aube, je pars avec les quatre G. M. C. pour débarrasser ces messieurs d’un souci. »
    Les quatre sergents retrouvent leur enthousiasme. Klauss siffle d’admiration.
    « Ça change tout au problème, mon capitaine. Sans compter Gardini qui était officier de Génie dans l’armée italienne, il y a le caporal Shmier, le Hollandais, qui a été chef de chantier sur un barrage au Chili ou au Pérou. C’est un spécialiste des explosifs.
    –  Je sais tout cela, Klauss, j’y ai pensé, merci quand même de me le rappeler. »
     
    Les réticences dont avaient fait preuve les sous-officiers ne sont rien à côté de celles de l’état-major, lorsque le capitaine expose son plan en vue de se faire octroyer l’énorme quantité d’explosifs qu’il juge indispensable.
    Mattei doit perdre à Cao-Bang quarante-huit heures en palabres, en discussions, en démarches. Du reste, très rapidement, il se rend compte que son projet – jugé utopiste – n’intéresse personne. Sa seule chance d’obtenir la dynamite est d’importuner

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