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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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point-là ?
    –  Et alors ! Renseignez-vous, mon capitaine, vous verrez bien. »
    Mattei entreprend une brève enquête auprès de ses indicateurs. Il en ressort que Clary ne se trompait pas. Le curé est bel et bien condamné à mort par le Viet-minh, qui n’attend qu’une occasion propice pour l’enlever et l’exécuter. Il ne reste au capitaine qu’à se rendre au cloître.
    Le père Mangin approche de la soixantaine, il est grand, noble et sec. Les années qu’il a passées au Tonkin ont fini par imprégner son visage de la couleur jaunâtre que prennent les Européens exilés en Orient. Il aime bien Mattei, malgré le manque d’intérêt que l’officier porte au culte.
    « Mon capitaine, quelle heureuse surprise ! Votre présence, pourtant souhaitée, est rare dans la maison de Dieu.
    –  Mon père, ce n’est pas précisément une heureuse nouvelle qui m’amène vers vous. Je viens d’apprendre que votre vie est en danger, que le Viet-minh songe même à vous supprimer.
    –  Capitaine, vous n’êtes pas assez naïf pour penser que je l’ignore. »
    Mattei est décontenancé par cette réponse qu’il n’attendait pas.
    « Et alors ? Vous attendiez que je vienne vous en parler ? Je ne vous comprends pas.
    –  C’est pourtant simple, capitaine ; vous n’y pouvez rien. Alors, pourquoi vous inquiéter inutil ement ?
    –  Comment, je n’y peux rien ? Je peux tout, au contraire. Je vais vous faire aménager une chambre à l’intérieur du poste militaire, vous y serez en sécurité.
    –  Vous n’y pensez pas sérieusement, capitaine ! Vous me demandez d’abandonner la maison du Seigneur dans un moment comme celui-ci ! Et je ne parle même pas de mes ouailles.
    –  Vos ouailles, le Viet-minh s’en contrefout. Il y a trop de catholiques au Tonkin pour qu’il s’amuse à les égorger tous ! En revanche, les missionnaires le dérangent, surtout ceux de votre trempe, des propagandistes convaincants et courageux ; d’ailleurs je perds mon temps, vous savez tout ça mieux que moi.
    –  Certes, capitaine. Mais ce n’est pas pour la vie de mes fidèles que je me bats, c’est pour leur âme. Que penseraient-ils de moi et des paroles que je leur prodigue depuis des années si, sous la simple menace de perdre ma vie, je quittais le Lieu Saint pour aller me réfugier chez-vous ? »
    Mattei fait des efforts pour ne pas laisser éclater sa fureur. Il éprouve de la sympathie pour le prêtre et admire son courage. Mais l’heure est trop grave, la situation trop tendue pour engager une polémique sur la théologie. Calmement, il déclare :
    « Écoutez, mon père, cette zone est sous mon contrôle, sous mon autorité, alors je vous demande d’obtempérer. Si vous vous sentez une vocation de martyr, ayez l’amabilité d’attendre de vous trouver sur le secteur d’une autre compagnie.
    –  Et c’est tout ce que vous avez trouvé pour me convaincre ? réplique le père Mangin. Laissez-moi en paix. Je vais prier pour vous et pour vos hommes. »
    Mattei salue et quitte le cloître. Il a compris qu’aucune parole ne parviendrait à vaincre l’obstination du prêtre. Il a besoin de réfléchir, il gagne son bureau et s’enferme. Une demi-heure après il se dirige à grands pas vers le mess des sous-officiers. Klauss et Osling sont là. Brièvement le capitaine les met au courant de son entretien avec le père Mangin. Osling prend les devants :
    « Si j’ai bien compris, mon capitaine, vous attendez de nous que nous allions le chercher avec une section en armes.
    –  • Évidemment, ça a été ma première réaction. Seulement, la sienne n’est pas difficile à prévoir. Il refusera de vous suivre et vous autorisera à tirer sur lui… Et alors, vous aurez l’air malin…
    –  Oui, je comprends, personne n’a envie de lui balancer une pêche.
    –  Exactement, Klauss ! Donc, voilà ce que nous allons faire. Nous allons y aller sans armes, et, par surprise, lui attacher les mains derrière le dos. Après cela, le cas échéant, je reprendrai ma conversation avec lui.
    –  Moi, je ne l’attache pas, mon capitaine.
    –  Moi non plus, ajoute Osling. Vous ne pouvez pas exiger ça de nous !
    –  Allez me chercher Clary et Fernandez, et préparez-vous au moins à nous accompagner. »
    Pour la première fois, Clary et Fernandez discutent un ordre de Mattei. Il faut les convaincre que seul leur geste peut sauver la vie du prêtre.
     
    Lorsque les cinq

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