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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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Dong-Khé par le sud. Pour lui, par le nord.
    –  Ce n’est, hélas ! Pas si simple, Mattei. Je dois aller chercher Charton au-delà de Dong-Khé, c’est moi qui suis censé reprendre la ville, avec l’appui du 1 er B. E. P. qui a sauté hier et aujourd’hui sur That-Khé.
    –  Ce n’est pas un appui à dédaigner !
    –  Certes, et bien qu’elle ne paye pas de mine, ma troupe non plus n’est pas médiocre. Ce sont de bons soldats, tous des vétérans, ils sont éreintés mais je leur fais confiance.
    –  Vous savez, mon colonel, les Arabes sont les meilleurs soldats du monde quand tout va bien, les pires quand ça tourne mal. Les légionnaires c’est à peu près le contraire, ils ont l’habitude des actes désespérés, de s’accrocher à un contre dix, mais j’avoue que si l’association du B. E. P. et des thabors est bien dirigée, ça peut donner un résultat intéressant.
    –  Mattei, vous connaissez cette région mieux que moi, et principalement la R. C. 4. Si je vous demande de me donner votre opinion sans détour, êtes-vous prêt à le faire ?
    –  Je peux me tromper, mon colonel, je ne suis qu’un officier parmi tant d’autres. Si je vous parle franchement, je vous demanderai de considérer que mes propos ne se fondent sur au cune certitude mais sur des renseignements, sujets à caution, et sur une opinion absolument personnelle.
    –  Je vous écoute.
    –  À mon avis, vous allez à une catastrophe. Les viets sont partout par bataillons entiers et vous êtes condamné à rester rivé à la route. Votre seule chance serait de mener votre opération à une vitesse qu’ils ne soupçonnent pas ; ça me paraît irréalisable.
    –  Nos avis se rejoignent. J’avais du reste l’intention de vous laisser ici mon artillerie, mes quatre malheureux canons qui vont ralentir considérablement notre avance.
    –  Je pense, mon colonel, que je vous l’aurais suggéré. Votre artillerie ne pourrait vous être utile que dans le cas où elle parviendrait intacte, au point de la R. C. 4 qui surplombe Dong-Khé. Mais ça, l’ennemi ne l’ignore pas. Et s’il découvre que vous avez des armes lourdes, il sera contraint de vous attaquer, peut-être même avant que vous ne soyez parvenu à réaliser votre jonction avec le B. E. P. De la route, vous le savez mieux que moi, il vous sera impossible de vous servir de vos canons qui ne seront que des cibles.
    –  Si je vous laisse mes canons, vous comptez les utiliser ?
    –  Je n’aime pas envisager les défaites, mais dans le cas présent, j’y suis contraint. Votre artillerie peut nous permettre de tenir le col Lung-Vaï que vous aurez à franchir demain. Et si jamais dans les jours qui viennent vous êtes obligés de vous replier en catastrophe, je vous certifie que vous pourrez passer à partir de ce point.
    –  Je vais vous laisser le lieutenant D… C’est un artilleur expérimenté, il pourra vous aider, mais je dispose en tout d’une centaine d’obus pour chacune de mes pièces.
    –  Là-dessus, j’ai mon idée, mon colonel.
    –  Ne comptez pas sur Constans, il considère cette opération comme une simple formalité.
    –  Ce n’est pas sur lui que je compte.
    –  Parfait, Mattei, je vais profiter des quelques heures de repos que je peux prendre ches-vous. Ensuite, à la grâce de Dieu !… »
     
    Le lendemain, à cinq heures du matin, les derniers véhicules, suivis des tirailleurs de queue, quittent Na-Cham, et la colonne entreprend l’ascension sinueuse du col de Lung-Vaï. Le lieutenant Jaluzot les accompagne jusqu’au sommet où il va reprendre le commandement de son fameux poste à toiture invulnérable, Bo-Cuong.
    Mattei rassemble sa compagnie. Il ordonne que tous les hommes s’emploient à hisser les quatre canons dans les calcaires, sur des positions qu’il a relevées. Une fois de plus il va falloir installer des palans, réaliser un travail de Romain.
    Ses ordres donnés, le capitaine gagne le central-radio.
    « Appelle-moi Hanoï, lance-t-il au caporal des transmissions. Le P. C. du général Alessandri.
    –  À qui voulez-vous parler, mon capitaine ?
    –  Appelle et passe-moi la communication, t’occupe pas d’autre chose. »
    Klauss vient d’entrer.
    « Vous appelez le général à cinq heures du matin, mon capitaine ? interroge-t-il.
    –  Les Corses ne dorment pas quand on s’apprête à leur tuer leurs soldats. Rappelez-vous de ça, Klauss. »
    Le caporal obtient Hanoï sans

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