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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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passage reprendre Dong-Khé, pour venir à sa rencontre, probablement à son secours.

 
38.
     
     
     
    N A -C HAM , 18 septembre. Le capitaine Mattei vient d’être prévenu de l’arrivée de la colonne Lepage. Lang-Son a câblé. Il est probable que l’artilleur et ses troupes feront halte à Na-Cham pour la nuit avant de continuer leur périlleuse progression sur la R. C. 4.
    À midi, le passage de la colonne est signalé à Dong-Dang, sans incident, ils seront là dans la soirée.
    Effectivement, à partir de dix-huit heures, l’interminable chenille humaine apparaît dans un nuage de poussière, s’étendant du village de Na-Thin jusqu’aux avant-postes de Na-Cham. Mattei cherche à évaluer la puissance numérique des arrivants. Deux mille hommes ? Peut-être un peu plus.
    Le colonel Lepage doit se trouver au centre de la colonne, car, avant son arrivée, de jeunes officiers se présentent et s’occupent avec Mattei de l’installation des hommes. Ceux-ci s’organisent pour camper dans un ordre et une discipline relatives. Au côté de Mattei, le lieutenant Jaluzot assiste aux mouvements confus de cette troupe hétéroclite.
    « Qu’est-ce que tu penses de tout ça, mon capitaine ? interroge Jaluzot.
    –  Rien de bien fameux… Tous ces Marocains sont de bons soldats mais ils n’ont pas l’air très frais, et ce qui est plus grave, c’est qu’ils n’apparaissent pas non plus très convaincus.
    –  Tu as entendu parler de ce colonel Lepage ?
    –  J’ai entendu son nom hier pour la première fois. S’il est là, c’est qu’on considère que c’est sa place. »
    Le colonel Lepage fait son apparition vers dix-neuf heures. Il descend d’une jeep conduite par un Marocain barbu. Les deux jeunes officiers de Légion se présentent réglementairement.
    « Je vous ai fait préparer une chambre, mon colonel, déclare Mattei. J’espère, en outre, que vous accepterez de présider notre repas.
    –  Avec plaisir, mon vieux, je suis éreinté, ça ne me fera pas de mal de profiter de l’hospitalité et du confort de la Légion.
    –  Je vous fais escorter jusqu’à chez-vous, mon colonel, nous nous retrouverons au mess.
    –  Avec plaisir, merci.
    –  On va boire un coup ? interroge Jaluzot dès que le colonel a tourné le dos.
    –  Dans un moment, réplique Mattei, j’aimerais d’abord jeter un coup d’œil sur cette armée qui s’installe chez nous. »
    Mattei et Jaluzot parcourent le camp marocain. Il y a une cinquantaine de camions usés, quelques véhicules légers, l’armement des hommes a l’air bien entretenu. C’est la vision d’ensemble qui est déplorable. Brusquement, Mattei tombe en arrêt. Il vient d’apercevoir l’artillerie. Deux canons de 105, deux de 75, qu’il contemple, songeur.
    « C’est marrant, comme j’arrive facilement à deviner tes pensées, déclare Jaluzot en souriant.
    –  C’est pas marrant, c’est logique. Qu’est-ce qu’ils vont foutre de toute cette artillerie sur la R. C. 4 ? Elle va retarder leur progression et à la première escarmouche, elle va sauter. Ils n’ont pas une chance sur mille de pouvoir utiliser leurs canons !
    –  Et tu crois pouvoir convaincre le colonel de te les prêter sur gage ?
    –  S’il n’est pas le roi des cons – ce dont il n’a pas l’air – il ne pourra qu’admettre une évidence aussi indiscutable. »
    Pendant le dîner qui rassemble une dizaine d’officiers de la colonne Lepage, les sujets de conversation ne manquent pas. Mais Mattei demeure sur ses gardes. Il ne veut pas donner l’impression qu’il cherche à percer les grandes lignes d’un plan secret. De son côté, Lepage cherche à évaluer le jeune officier. Ja luzot assiste, en spectateur muet, à cette prise de contact, à cette observation mutuelle entre les deux hommes qui, visiblement, ont envie de se laisser aller à un échange d’opinions. Il était normal que ce soit le colonel qui engage le dialogue. Durant tout le repas, Mattei l’y a habilement poussé, tout en restant dans les limites qu’il s’est imposées. Enfin, ce qu’il attendait, anxieux, se produit ; jetant son masque, Lepage déclare :
    « Vous êtes au courant de la mission dont je suis chargé ?
    –  Pas officiellement, mon colonel, mais elle me paraît évidente.
    –  Poursuivez, Mattei, dites-moi le fond de votre pensée.
    –  Si vous montez, c’est que Charton descend. Les ordres doivent être pour vous d’attaquer

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