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Par le sang versé

Par le sang versé

Titel: Par le sang versé Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul Bonnecarrère
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lieutenant-colonel Strœber. Ils apprennent que le lendemain se déclenchera l’opération « Dédale », destinée à délivrer et à évacuer la garnison française encerclée à Nam-Dinh. L’opération sera montée en liaison avec les parachutistes, la marine, l’aviation, les coloniaux, les chars et les sapeurs. La première mission qui incombera à cet énorme rassemblement de forces, sera l’embarquement des nombreux civils et blessés qui, depuis près de deux semaines, sont coupés du reste du monde.
    Nam-Dinh est un important centre industriel qui compte 40 000 habitants. Située sur la rive est du fleuve Rouge, la ville tonkinoise se trouve à une bonne centaine de kilomètres au sud d’Hanoï et à 150 kilomètres au sud-est d’Haïphong. Jusqu’à l’attaque-surprise du 19 décembre 1946, la presque totalité d’un régiment de la Coloniale (2 000 hommes environ) y cohabitait, tant bien que mal, avec une armée régulière Viet-minh dont l’effectif était beaucoup plus important.
    Malgré la violence de l’agression viet, les soldats de la Coloniale avaient réussi à implanter des points de résistance qui, depuis une quinzaine de jours, refusaient de se rendre. Ils protégeaient ainsi les civils échappés du massacre.
    Le lieutenant-colonel Strœber expose les grandes lignes du plan de secours : une véritable armada formée d’unités légères de débarquement de la marine (L. C. M. et L. C. T.) embarquera la troupe à Hanoï et à Haï-Duong. Les uns descendront le fleuve Rouge, les autres rejoindront à Vu-Dien, empruntant un affluent, et c’est une armée qui débarquera au bac de Thu-Tri au nord-ouest de la ville à investir.
    Militairement la mission s’explique et s’annonce bien. Néanmoins pour les officiers réunis, un point reste obscur. Le lieutenant de vaisseau François chargé de commander le débarquement pose le premier la question qui les intrigue tous.
    « Mon colonel, je m’étonne de constater que nous allons abandonner une ville de l’importance stratégique de Nam-Dinh.
    –  Un plan est à l’étude à ce sujet, répond sèchement Strœber. Ayez l’obligeance de vous contenter de mener à bien la mission dont on vous charge. » En l’absence de Mattei, toujours hospitalisé à Saigon, c’est le lieutenant Mulsant qui commande la 4’compagnie de légionnaires. Il interroge à son tour l’officier supérieur :
    « Mon colonel, je comprends mal pourquoi une seule compagnie de la Légion a été désignée pour participer à l’opération alors que plusieurs bataillons sont disponibles à Haïphong. » Strœber hésite un instant, puis répond : « C’est simple. Votre compagnie restera à Nam-Dinh. »
    Mulsant reçoit l’ordre sans broncher. Derrière lui, le lieutenant de Franclieu qui commande la section de pionniers de la 4 e lui murmure à l’oreille :
    « Ça fait cinq bonnes minutes que je prévoyais le coup. »
    Mulsant reprend :
    « Mon colonel, si je comprends bien, les 95 hommes qui forment ma compagnie vont être chargés d’une mission qui s’est révélée impossible à un effectif vingt fois supérieur ?
    –  Pas exactement, rétorque Strœber. Une compagnie de la Coloniale est installée dans la banque d’Indochine qu’elle a transformée en bastion. Elle doit y demeurer, tandis que vous aurez pour mission de tenir la Cotonnière, à proximité du point de débarquement. Votre effectif ne sera donc que de dix fois inférieur à celui qui résiste en ce moment… »
     
    Le 4 janvier, les légionnaires quittent Haïphong pour Haï-Duong. Plus de 2 000 hommes parcourent en camions la distance qui sépare les deux villes.
    La 4°compagnie passe la nuit à la belle étoile sur la rive du fleuve, à une centaine de mètres du point d’embarquement.
    Vers quatre heures du matin, les sentinelles aperçoivent les premiers L. C. T. qui s’approchent doucement, déchirant la surface lisse de l’eau grise. Les légers bruits de l’aube sont couverts par le souffle régulier des diesels dont les échos vont se perdre dans les profondeurs de la jungle.
    Frissonnant dans l’humidité du matin, les hommes se rasent et se lavent, quelques-uns plongent dans la rivière. Le froid leur semble un luxe qu’ils avaient oublié.
    Le lieutenant de vaisseau François a repéré le camp des légionnaires, l’accès en est facile pour les gros crabes. Il échoue l’avant de deux L. C. T. dont les panneaux de protection se

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