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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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dans une charrette. On les avait trouvés
dans la crypte des hérétiques, preuve qu’ils mangeaient la chair humaine.
    Guilhem et Bartolomeo comprirent que la rafle
avait eu lieu juste après leur départ. Donc Anna Maria et Robert étaient parmi
les prisonniers, peut-être blessés.
    Un charpentier leur indiqua que les hérétiques
avaient été conduits au Grand-Châtelet. Ils s’y précipitèrent et retrouvèrent,
sur la place des bouchers, plusieurs proches de ceux qui avaient été raflés.
Les interrogeant, ils apprirent que le prévôt Hamelin interrogeait les
prisonniers et avait fait savoir qu’il libérerait les vrais chrétiens.
    Guilhem et Bartolomeo restèrent sur la place. Épouvantés
par ce qui venait d’arriver, ils attendaient, murés dans un quasi-silence.
Accablé de douleur, Bartolomeo pensait à sa sœur et à son mari, sachant trop
bien ce que devenaient les hérétiques quand ils tombaient aux mains de
l’Église. Quant à Guilhem, s’il songeait aussi à Robert de Locksley, il savait
que son ami s’était déjà tiré de bien des situations difficiles et ne
s’inquiétait pas trop pour lui. En revanche, il éprouvait une douleur presque
insurmontable quand il imaginait Sanceline dans un cachot du Grand-Châtelet. Il
s’efforçait vainement de chasser de son esprit ce qui lui adviendrait et, pour
la première fois de sa vie, les émotions qu’il éprouvait l’empêchaient de
réfléchir rationnellement.
    Le cœur serré, il ne cessait de penser aux trois femmes
qu’il avait aimées depuis qu’il avait rejoint le comte de Toulouse. Amicie de
Villemur, qui s’était moquée de lui en se mariant avec un autre. Constance Mont
Laurier, qui était trop cruelle, et enfin Sanceline, dont la religion lui
faisait refuser son amour.
    Pourtant, depuis quelques jours, il lui avait
montré qu’il éprouvait la plus sincère passion qui fût jamais et il était
certain qu’elle la partageait. Il devait la sauver.
    En début d’après-midi, on libéra plusieurs
personnes dont Gilles de La Croix, un pelletier de la rue de la Tisseranderie.
Accompagné de sa femme, de ses trois enfants et de son ouvrier, il répondit
comme il put aux questions. Ils avaient été enfermés dans des salles, au
sous-sol, avec Bertaut, sa femme, Enguerrand et Sanceline. On, l’avait arrêté,
car il était l’ami de plusieurs cathares, mais il avait pu convaincre Hamelin
qu’il était bon catholique.
    — Oui-da, dans notre cachot il y avait une
jeune femme que je ne connaissais pas, répondit-il à Guilhem. Elle était avec
un homme brun, de grande taille.
    Anna Maria et Robert de Locksley ! Ce ne
pouvaient être qu’eux !
    Bartolomeo et Guilhem restèrent jusqu’au soir, se
nourrissant seulement d’oublies et de petits pains chauds achetés à des
marchands ambulants, mais leur attente fut vaine, car on ne libéra personne
d’autre. Morts d’inquiétude, ils rentrèrent à la nuit et soupèrent sans appétit
à la Corne de Fer. Si Bartolomeo sombra dans un sommeil hanté de cauchemars,
Guilhem savait que, le lendemain, il aurait besoin de toutes ses forces et de
toutes les ressources de son esprit, aussi se contraignit-il à écarter la
passion et la peur qui le rongeaient pour enfin parvenir au repos.
    Le matin, avant même le lever du soleil, ils
retournèrent au Châtelet. Comme la veille, ils étaient plusieurs dizaines à
attendre. En fin de matinée, un clerc accompagné de deux hommes du guet vint
leur annoncer que l’official avait réclamé les hérétiques. Philippe Auguste,
arrivé la veille à Paris, s’était entretenu avec l’évêque et avait reconnu que
c’était à la justice ecclésiastique de les juger. Mais bien sûr, pour ceux qui
seraient déclarés coupables, la peine de mort ne serait appliquée qu’après que
le roi et son chancelier aient eu connaissance des interrogatoires et aient
donné leur accord.
    Le clerc ajouta que les prisonniers seraient
transférés à la prison de l’évêché et demanda à chacun de rentrer chez soi,
faute de quoi il ferait arrêter tout le monde.
    Immédiatement, la foule se dispersa et Guilhem
parvint à interroger le clerc.
    — Je suis jongleur, gentil clerc, et mon amie
logeait chez un tisserand. Elle se nomme Anna Maria. Pourquoi serait-elle
enfermée alors qu’elle est catholique ?
    — Je ne peux pas vous répondre. Je crois me
souvenir qu’une dame nommée Anna Maria et une jeune fille sont ensemble et
seront jugées comme les

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