Paris, 1199
une longue histoire, sans rapport
avec ce qui m’amène, mais la voici en quelques mots. Il y avait un trésor à
Châlus (Cadoc opina), et un jeune homme, le fils d’un tisserand de la rue de la
Tisseranderie, l’a volé. Or, mon ami Robert de Locksley, celui qui s’appelle
Robin au Capuchon, a été accusé du vol. Il est parvenu à s’enfuir et a retrouvé
ce jeune homme qui l’a conduit à Paris. La suite, je ne la connais que par
déduction. Mercadier avait envoyé Geoffroy Le Mulet aux trousses de
Locksley. On a trouvé avant-hier le corps du fils du tisserand. Les gens de
Mercadier ont dû le torturer et le faire parler. Ensuite, ils sont entrés dans
la cour du Pet au Diable et sont arrivés dans la crypte où ils pensaient que
Robert de Locksley se cachait. Il y était, en effet, mais pas seul, puisque les
cathares célébraient les obsèques du fils du tisserand.
— Tu étais avec lui ?
— Oui, sourit Guilhem en soutenant son
regard. Mais ensuite, il y a eu dispute. Les cathares n’ont pas approuvé que
l’on se batte, aussi je suis parti.
— Vous avez bien fait, dit le prévôt. Je vous
aurais trouvé avec les autres et vous auriez fini sur le bûcher. Maintenant,
parlez-moi du complot…
— Plutôt du trésor ! le coupa Cadoc, car
il n’y avait que cela qui l’intéressait.
— Locksley l’a perdu, répondit Guilhem,
songeant qu’il avait peut-être là une monnaie d’échange avec Cadoc.
Le visage du capitaine mercenaire s’assombrit. Une
de ses mains quitta l’accoudoir de sa chaise et se posa sur la poignée de son
épée.
— Dieu me damne, Guilhem ! gronda-t-il.
Vas-tu me mentir longtemps ?
— Je ne t’ai jamais menti, Cadoc. Locksley
m’a appelé à l’aide pour punir un crime. Il avait découvert que deux chevaliers
du Temple et le seigneur de Bracy, tous trois serviteurs du prince Jean,
étaient les instigateurs de la mort de Richard Cœur de Lion, son roi.
— Richard a été tué d’un vulgaire coup
d’arbalète, répliqua Cadoc, un peu calmé. Le même coup que je lui avais
infligé.
— Les deux Templiers avaient fait empoisonner
le trait.
— Comment ? demanda le prévôt qui ne
s’attendait pas à cette révélation.
— Ils avaient remis du poison à Basile, le
chevalier qui a tiré. Ensuite, à Paris, Locksley et moi avons découvert que les
Templiers avaient fait venir un archer d’Angleterre et qu’après avoir tué
Richard, ils voulaient assassiner votre roi Philippe. Ainsi le prince Jean
serait devenu roi de France et d’Angleterre.
— Qui sont ces Templiers ? demanda le
prévôt.
— Lucas de Beaumanoir et Albert de Malvoisin.
Le prévôt secoua négativement la tête en
grimaçant.
— C’est un conte ! Le grand maître
Beaumanoir est un ami du roi et fort estimé par le Templier chargé des finances
royales. Avez-vous une preuve ?
— Aucune, seigneur prévôt. Mais si vous ne me
croyez pas, l’archer anglais tuera votre roi demain ! fit Guilhem qui
sentait monter sa colère.
— Assez ! cria Cadoc. Je veux bien
admettre que ce Locksley t’ait abusé. La vérité est que Locksley et les
cathares ont préparé l’assassinat de notre roi à la demande du roi Jean, le
plus infâme félon que la terre ait porté ! Mais leur complot a échoué et
tes amis vont nous confesser leur projet criminel. J’espère ne pas découvrir
que tu étais des leurs.
— Serais-je venu ici ? C’est vous qui
vous trompez ! Les cathares n’ont jamais conspiré contre Philippe Auguste.
Il y a bien un autre archer anglais ! Bartolomeo, mon écuyer, l’a vu dans
le manoir du Temple. Malvoisin l’a conduit à Notre-Dame pour qu’il choisisse
l’endroit d’où tirer. À cette heure, il est encore dans le manoir. Vous pouvez
saisir tous les comploteurs, si vous agissez vite !
— Balivernes ! laissa tomber Cadoc en
haussant les épaules.
— Interrogez donc Maurice de Bracy !
Vous verrez bien ce qu’il répondra quand je l’accuserai !
— Personne n’a vu le sire de Bracy depuis
plusieurs jours, répliqua le prévôt. Sans doute est-il en voyage…
— En voyage ! Alors qu’il prépare la
mort du roi ! Questionnez alors Locksley ! Il vous confirmera ce que
je viens de dire. Cela ne vous prendra pas longtemps de le conduire ici.
— Locksley est enfermé au Louvre. C’est
là-bas qu’il sera jugé et je ne le transférerai pas au Palais, décida le
prévôt.
— Décidément, vous êtes un maître
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