Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
Vom Netzwerk:
à Richard et que jamais je ne
porterais la main sur lui. Il parut m’approuver et me parla alors de Beaumanoir
et de Malvoisin, mes amis, exilés comme moi, mais qui, eux, haïssaient
mortellement Richard. Il souhaitait que je leur parle comme il venait de le
faire et je devinai qu’il me le demandait pour ne pas se compromettre. J’aurais
pu refuser et le chasser, mais je ne l’ai pas fait.
    Bracy se tut un instant, car Bartolomeo frappait
de vigoureux coups de masse sur une pierre qui lui résistait.
    — J’ai beaucoup réfléchi dans ce cachot. Je
sais que j’ai été tenté par cette infâme proposition. Dinant avait semé une
graine dans mon cœur et dans ma foi. En l’écoutant, j’étais déjà entré dans les
ignobles calculs de Jean.
    La pierre sur laquelle s’acharnait Bartolomeo
tomba dans un grand fracas qui les fit sursauter.
    — Le trou est assez grand, me semble-t-il,
essayez de passer, proposa Guilhem.
    Bracy se glissa dans l’orifice. Il portait une
robe longue avec un surcot à ses armes qu’il salit en rampant dans les gravats.
Tiré par Bartolomeo, il parvint de l’autre côté où Guilhem lui mit sa
miséricorde sous la gorge.
    — Donnez-moi votre parole que vous
m’accompagnerez au Grand-Châtelet sans tenter de fuir, seigneur de Bracy, sinon
je vous attache.
    — Vous avez ma parole, promit Bracy.
    Ils ramassèrent les chandelles et reprirent le
tunnel en sens inverse. En chemin, Bracy, qui suivait Bartolomeo, poursuivit
son récit, comme désireux de convaincre Guilhem.
    — Je me suis battu contre Richard. Il m’a
vaincu et m’a laissé la vie sauve, même s’il m’a chassé d’Angleterre, aussi
ai-je juré de ne plus jamais attenter à ses jours. Seulement que pouvais-je
faire pour lui ? Lui apprendre que son frère voulait l’assassiner ?
Il ne m’aurait pas cru ! La situation était la même avec le roi de France.
Philippe m’a accueilli et je lui ai rendu hommage, bien qu’il m’ait toujours
laissé à l’écart de ses fidèles. Lui dire que le prince Jean voulait attenter à
ses jours ? Qu’on m’avait proposé d’être l’instrument de sa mort ? Je
suis certain qu’il m’aurait cru, mais il m’aurait chassé de sa cour.
D’ailleurs, Philippe prenait de telles mesures pour se protéger, craignant
d’être assassiné par Saladin, que personne n’aurait réussi à le tuer.
    « Je décidai donc d’entrer dans la
conspiration pour y faire obstacle. Beaumanoir et Malvoisin avaient de bonnes
raisons de se venger de Richard et ne devaient rien au roi de France, car
c’était le Temple de Paris qui les avait accueillis. Ils écoutèrent donc avec
intérêt les propositions de Dinant, mais me dirent qu’ils étaient incapables de
les réaliser. Je croyais alors le projet abandonné jusqu’à un jour du mois de
mars où Albert de Malvoisin m’interrogea sur Hubert.
    — L’archer anglais ?
    — Oui. Malvoisin avait reçu une lettre de son
neveu, le fils de son frère Philippe exécuté par Richard. Ce neveu avait gardé
à son service le garde-chasse de son oncle qui venait de remporter le tournoi
annuel de tir à l’arc du Yorkshire. Albert, sachant que j’avais été un ami de
son frère et ne connaissant pas Hubert, me demanda si ce garde-chasse était
vraiment adroit.
    « Je lui répondis qu’il l’était, cependant la
dernière fois que je l’avais vu, il avait quand même été battu par Robert de
Locksley qui avait coupé en deux sa flèche, fichée au centre de la cible.
    Guilhem ne put s’empêcher de sourire à cette
évocation, puisqu’il avait vu Locksley faire de même avec Rostang de Castillon [60] .
    — Nous avons échangé ensuite quelques
souvenirs jusqu’à ce que Malvoisin me dise : « Nous ne pouvons
approcher Richard Cœur de Lion ou Philippe Auguste, mais une flèche y
parviendrait. Croyez-vous qu’Hubert en soit capable ? »
    « Je ne m’attendais pas à une telle infamie.
Stupéfait, j’objectai finalement qu’une flèche pourrait à peine percer un
camail ou un haubert, si l’un des rois portait une cotte de mailles. Malvoisin
le reconnut et ne m’en parla plus jusqu’au jour où Beaumanoir m’invita à dîner
et me tint ce discours à la fin du repas : « Je viens d’apprendre
qu’un trésor a été découvert à Châlus. Le roi Richard va s’y rendre avec Mercadier
et son armée. En même temps, il lancera une offensive sur plusieurs châteaux de
ses vassaux félons du Limousin. Nous

Weitere Kostenlose Bücher