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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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souvent
été en conflit avec l’Église romaine (il avait même été excommunié pour avoir
pris des terres à l’abbé de Saint-Gilles), avait laissé se développer le
nouveau culte. Seulement il venait d’être mis en demeure par Innocent  III de chasser ceux qui étaient désormais
considérés comme des hérétiques. Or c’était impossible : désormais les
cathares étaient partout. C’est la raison pour laquelle, après avoir consulté
ses vassaux, le comte de Toulouse réunissait, dans son château, les principaux
prélats du comté.
     
    Dans la grande salle, il y avait autour du
comte : Fulcrand, l’évêque de Toulouse ; Guilhem Peyre [24] , l’évêque
d’Albi ; Guillaume de Roquezel, le nouvel évêque de Béziers, et Bérenger
de Barcelone, l’archevêque de Narbonne.
    Fulcrand était le plus farouchement opposé aux
cathares, car ils refusaient de payer la dîme. Or, ils étaient si nombreux à
Toulouse que les revenus de l’évêché avaient fondu. Guillaume de Pierre était
plus souple et avait annoncé qu’il se rangerait à l’avis du comte. En revanche,
le nouvel évêque de Béziers soutenait la pureté de la secte et ne la jugeait
pas hérétique ; c’était aussi l’avis de Bérenger de Barcelone. Ce dernier,
fils du comte de Barcelone, proposait tout simplement de laisser la situation
en l’état.
    Les plus considérables des chevaliers et des
barons de Raymond assistaient aussi à cette conférence. Parmi eux, il y avait
Guilhem d’Ussel.
    Guilhem était bien différent de la vieille
noblesse toulousaine. Fils d’ouvrier dans une tannerie marseillaise, il était
parti sur les routes à treize ans, après la mort de ses parents. Dans le
Limousin, il avait rejoint les grandes compagnies qui se louaient aux plus
offrants et ravageaient les campagnes. Au fil des ans, il était devenu sergent
d’armes chez Mercadier, le chef des routiers de Richard Cœur de Lion. Mais
Guilhem n’était pas comme les autres soudards ; s’il était aussi rude
combattant que n’importe quel homme de Mercadier, il savait un peu de latin et
surtout il était habile stratège. Mercadier l’avait remarqué et l’avait accolé
chevalier. Pourtant Guilhem l’avait quitté, ne supportant pas sa sauvagerie.
Entré dans une autre compagnie franche, celle de Lambert de Cadoc, il avait
finalement rejoint le comte de Toulouse qui recrutait des mercenaires pour se
protéger de ses voisins.
    Le comté était convoité par le comte de
Catalogne – la puissante maison de Barcelone – et par le duché
d’Aquitaine. Raymond de Saint-Gilles avait pourtant un allié, Philippe  II le roi de France, mais celui-ci ne cachait
pas qu’il souhaitait rattacher Toulouse à son petit royaume d’Île-de-France et
prendre ainsi en tenailles le Poitou et le Périgord.
    Quand Guilhem était arrivé à Toulouse, le vieux
comte qui l’avait engagé était mort. Son fils lui avait succédé. À trente ans,
le jeune Raymond de Saint-Gilles était un homme souple et calculateur.
Préférant les alliances aux affrontements, il avait répudié sa femme pour
épouser Jeanne, la sœur de Richard Cœur de Lion. Il était ainsi parvenu à être
associé au traité de Gaillon entre Richard et Philippe, un traité dans lequel
les deux princes s’engageaient à ne lui faire ni tort ni guerre. Pour
ces raisons, il n’avait plus besoin des mercenaires de son père. Il avait
pourtant gardé Guilhem près de lui, tant il avait été fasciné par l’expérience
du jeune capitaine.
    À la cour de Saint-Gilles, Guilhem avait découvert
le monde des troubadours et de l’amour courtois. Il s’y était vite adapté, car
il jouait de la viole et chantait avec une belle voix aussi bien les prouesses
guerrières que les sentiments délicats. D’abord capitaine de la garde du comte
de Toulouse, il en était devenu au fil des mois le conseiller militaire et le
confident. C’est donc naturellement que, l’année précédente, Raymond de
Saint-Gilles lui avait demandé de se renseigner sur les ambitions de Hugues des
Baux qui souhaitait une alliance avec Toulouse contre le comté de Barcelone qui
tenait la Provence.
    Guilhem était parti en Provence où il avait déjoué
une triple intrigue conduite par le seigneur des Baux, par un marchand
marseillais et par un chevalier du Saint-Esprit [25] . À son retour, Raymond avait
donc appris comment il avait failli être joué par Hugues des Baux, aussi
avait-il fait part à Guilhem de

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