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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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sa satisfaction sur la façon dont il avait
conduit son enquête. Désormais, l’alliance avec les Baussenques était oubliée
et le comte de Toulouse avait choisi de se rapprocher de la maison de
Barcelone.
    L’automne et l’hiver 1198 avaient été fort doux
pour Guilhem. Son renom comme poète et troubadour chevalier n’avait fait que
grandir. Il était devenu le plus réputé chanteur du Fin’Amor, cette
règle de vie qui proposait aux chevaliers de rester au service des gentes dames
qu’ils aimaient pour mieux pouvoir les conquérir. Il était loin le temps où il
n’était qu’un capitaine de grande compagnie, massacrant, violant et tuant sans
merci.
    Pourtant, s’il était le plus fidèle homme lige de
Raymond, il restait toujours un homme d’action. Le comte le savait et c’est la
raison pour laquelle, au début de l’année, il lui avait fait une proposition.
    Le comte Bernard d’Armagnac disputait un château à
son beau-frère, l’archevêque d’Auch. Le conflit avait pris des proportions
telles que le comte d’Armagnac avait incendié le château litigieux. Raymond de
Saint-Gilles, suzerain d’Armagnac, avait été appelé pour juger la querelle.
Sachant que s’il prenait parti pour l’un ou pour l’autre, il ferait un
mécontent, il avait proposé que le château soit laissé en apanage à un de ses
chevaliers. En échange, celui-ci paierait mille sous d’or à Armagnac et une
dîme annuelle à l’archevêque d’Auch. Bien sûr, le château reviendrait à
Armagnac à la mort de celui qui avait reçu l’apanage.
    Cette proposition permettait au comte de Toulouse
de disposer d’un poste encore plus avancé que la Salvetat de Saint-Gilles pour
protéger Toulouse, car le château litigieux était situé à Lamaguère, à douze
lieues de sa capitale.
    Les beaux-frères ennemis avaient accepté et c’est
à Guilhem que Raymond avait proposé cet apanage. L’ancien mercenaire possédait
la somme que voulait Armagnac, il avait les moyens de reconstruire le château,
et surtout, il était fidèle. C’est ainsi que, depuis quelques semaines, Guilhem
était vassal, noble et fieffé.
    Voilà pourquoi il assistait à la conférence avec
les évêques, écoutant les arguments de chacun avec attention. Les croyances des
cathares ne l’indisposaient pas. Il avait connu tant d’horreurs qu’il
n’imaginait plus, depuis longtemps, que ce monde terrestre ait pu être créé par
un dieu bon. En revanche il désapprouvait les cathares dans leur rejet des
rapports sexuels et du mariage ou dans leur refus de manger de la viande et de
boire du vin. La vie était déjà si rude qu’il n’était pas nécessaire de la
rendre encore plus intolérable, jugeait-il.
    La conférence se terminait, car l’heure du souper
approchait. Raymond pris la parole pour conclure :
    — Innocent  III juge selon son bon plaisir, mais il me plairait qu’il pourchasse seulement
l’erreur avec de bonnes paroles, sans colère ni violence, car tout autre moyen
ne ramènera pas l’errant dévoyé à la foi [26] .
Pour ma part, je ne chasserai pas les cathares de mon comté. Ce sera à vous,
mes fidèles pasteurs, de les convaincre de leurs erreurs.
    Devant la moue de scepticisme de l’évêque de
Toulouse, il précisa un ton plus haut :
    — Que peut faire notre pontife ?
M’excommunier ? Je l’ai déjà été. Lancer une croisade contre le
comté ? Qui s’y risquerait ?
    Raymond ne soutenait pas l’hérésie, mais il savait
les cathares nombreux et riches. Ils représentaient la force vive des marchands
et des artisans de Toulouse. Les chasser, c’était ruiner son domaine. Donc il
les supporterait et pour cela il avait besoin des prélats.
    Pendant qu’il parlait ainsi, un serviteur se
glissa dans la salle. C’était Bartolomeo, l’écuyer de Guilhem. Le comte ayant
terminé son discours, Bartolomeo lui glissa respectueusement quelques mots à
voix basse.
    L’ayant écouté, Saint-Gilles se tourna vers
Guilhem, l’air soucieux :
    — Ussel, une amie à vous vient d’arriver.
Rejoignez-la. Je vous retrouverai tout à l’heure.
    Intrigué, Guilhem se leva et suivit son écuyer.
    Dans la galerie, il découvrit Anna Maria en
épaisse robe de voyage protégée par une broigne maclée et un camail dont elle
avait baissé le capuchon. À sa taille pendait une miséricorde et elle tenait
même un heaume à nasal.
    Il resta stupéfait. Non seulement il la croyait en
Angleterre, mais elle avait tant

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