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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Saint Georges, je le connais en
effet ! C’est un frelon ! s’exclama Bracy.
    — Un frelon ?
    — Un démon incarné, si vous préférez !
Le pendard courait les bois de Sherwood avec une bande de drôles plus
redoutables que des bourdons ! Leurs dards faisaient mouche à tous les
coups. Quand Richard est rentré en Angleterre, Locksley lui a rendu hommage.
C’est lui et sa bande qui ont pris et brûlé le château où je me trouvais !
C’est pour récompense de ses services que Richard lui a rendu ses titres, et
c’est à cause de lui que Richard m’a chassé !
    — C’est intéressant ! dit Beaumanoir
après un instant de réflexion. Le connaissez-vous aussi, Malvoisin ?
    — Je l’ai rencontré une fois à Sherwood,
répondit le Templier qui avait encore un souvenir cuisant de la façon dont le
voleur et sa bande l’avaient dépouillé.
    — Vous avez donc quelques comptes personnels
à régler avec lui, remarqua Dinant dans un sourire perfide.
    N’ayant rien d’autre à dire, il termina son
gobelet et prit congé. Les trois hommes restèrent ensemble.
    — Récupérer la statue d’or serait bien utile
à mes finances, suggéra Malvoisin en voyant le grand maître silencieux après le
départ de Dinant.
    — Ce n’est pas à cela que je pensais, mais à
notre entreprise, laissa tomber Beaumanoir avec condescendance. Dinant vient de
nous amener le meilleur archer d’Angleterre, mais pour éviter toute enquête
après qu’il ait tiré sur le roi de France, il serait souhaitable que le prévôt
de Paris découvre rapidement le coupable.
    — Que voulez-vous dire ? s’enquit Bracy,
brusquement livide.
    — Il suffirait de livrer nous-mêmes le
coupable, expliqua Beaumanoir avec un sourire méprisant devant la crainte du
chevalier. Un félon, voleur et fin tireur à l’arc ferait l’affaire…
    — Robert de Locksley ! s’exclama
Malvoisin.
    — Exactement.
    — Mais pour ça, il faudrait savoir où il est.
    — Vous le connaissez tous les deux, visitez
les hostelleries et renseignez-vous ! C’est bien le diable si vous ne le
trouvez pas.
    — Je commencerai demain, approuva Bracy. Mais
pourriez-vous m’en dire plus sur la façon dont votre archer va s’y
prendre ? Quel sera mon rôle ? Le roi est à Vincennes, votre archer
va-t-il lui tirer dessus durant une chasse ?
    — À dire vrai, je n’ai encore songé à rien,
Bracy, répondit Lucas de Beaumanoir, embarrassé. Nous avons le temps d’y penser
et j’aurai besoin de vos conseils. Je voulais d’ailleurs vous proposer de vous
installer au manoir. Nous pourrions ainsi préparer plus facilement notre
entreprise.
    — Ce serait avec reconnaissance, noble grand
maître ! répondit Malvoisin qui voyait tout l’intérêt d’être ainsi logé et
nourri aux frais des Templiers.
    — Faites donc venir vos affaires, il y a un
logis libre au deuxième étage.
    Quand il fut parti, Beaumanoir proposa à
Malvoisin :
    — Maintenant que nous sommes seuls, parlons à
Hubert.
    Ils firent monter le garde-chasse. C’était un
homme vigoureux, bien découplé, d’une cinquantaine d’années, mais aux cheveux
courts encore bien noirs. Il avait un visage carré aux lèvres légèrement
dédaigneuses, un front haut et des yeux vifs. Il tenait un arc d’if de sept
pieds et portait un carquois sur l’épaule.
    Il salua respectueusement Malvoisin, puis
s’agenouilla devant l’ancien grand maître du Temple.
    — C’est donc toi, Hubert, dit Beaumanoir. On
m’a dit qu’il n’y a pas meilleur archer en Angleterre.
    — Un homme ne peut faire que de son mieux,
seigneur, répliqua Hubert.
    — En effet. Je t’ai fait venir, car je t’ai
choisi pour sauver la couronne de notre roi.
    — Moi ? s’étonna le garde-chasse.
    — Toi ! Le roi de France bafoue depuis
des années les droits du léopard d’Angleterre. Maintenant que Richard n’est
plus, Philippe Auguste va s’attaquer à notre bon roi Jean et cherchera à le
vaincre par une de ses félonies que seul le Diable peut lui souffler. Que Dieu
nous en garde, car nous deviendrions alors ses sujets.
    — Dieu nous en garde ! répéta Hubert en
se signant.
    — Dieu et toi ! laissa tomber
Beaumanoir. Nous te dirons dans quelques jours comment tu peux sauver le
royaume. Maintenant, va te reposer. Le sire de Malvoisin te montrera ta
chambre, au deuxième étage.
     
    Dans l’après-midi de ce même jour, quatre
cavaliers franchirent le Petit pont. Si l’un

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