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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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se développait chez les tisserands.
    Le comte de Flandre Philippe d’Alsace, qui avait
été le tuteur de Philippe Auguste, en avait fait brûler des dizaines sans pour
autant empêcher l’hérésie de progresser. Hamelin avait entendu dire que la
secte était si puissante dans le comté de Toulouse que Sa Sainteté
Innocent  III envisageait même une
croisade contre eux.
    Ces hérétiques se nommaient cathares, ou encore
Purs, mais en Flandre ils s’appelaient simplement tisserands. Philippe
de Flandre les nommait quant à lui les très abjects tisserands  !
Leur doctrine était manichéenne et proche de celle des bogomiles. Pour eux
aussi le monde était l’œuvre de Satan.
    En y songeant, Robert se signa machinalement. Se
pourrait-il qu’il y ait des cathares parmi les tisserands du
Monceau-Saint-Gervais ?
    — Que Dieu nous protège du Malin,
murmura-t-il, en se signant à nouveau.
     
    Le lundi matin, Locksley avait décidé de se rendre
à la Villeneuve du Temple. Il y avait là-bas quelques cabarets, lui avait
rapporté son aubergiste. Avec un peu de chance, on y connaîtrait Malvoisin.
    Laudes sonnait à Saint-Merry. Il terminait sa
soupe dans la salle la plus haute de la Corne de Fer quand Amaury
Le Trébuchet entra et se précipita vers lui.
    — J’ai besoin de vous parler, souffla-t-il
d’une voix inhabituelle, comme désespérée.
    En dépit de l’obscurité, Robert de Locksley
remarqua son regard affolé. Que se passait-il ?
    Comme il y avait à sa table deux drapiers
flamands, il jugea prudent de parler dans sa chambre.
    — Viens ! fit-il en se levant.
    En haut, Amaury éclata en sanglots :
    — On a arrêté mon père !
    — Ton père ? Pourquoi ?
    — Il est accusé d’hérésie.
    Robert de Locksley observa le jeune homme avec
curiosité. C’était une incroyable coïncidence que le père soit accusé
d’hérésie, comme l’avait été le fils.
    — Qu’a-t-il fait ? demanda-t-il d’une
voix égale.
    — Un voisin l’a dénoncé. Il a dit qu’il était
bogomile et mon père ne s’est pas défendu.
    — Par des mercenaires byzantins, j’ai entendu
parler des bogomiles en Palestine. Ils honorent Satan, non ? s’enquit
Locksley, glacial.
    — Pas du tout ! se défendit le jeune
homme, ils sont bons chrétiens comme vous, mais ils trouvent que notre Église
s’intéresse trop aux biens terrestres et qu’il y a trop de faste dans les
cérémonies. Ils rejettent aussi le culte des reliques.
    — Il n’y a pas que ça, dit sévèrement
Locksley en tendant un index vers lui. Les bogomiles disent que le monde est
l’œuvre de Satan !
    Le garçon parut hésiter.
    — Je ne sais pas, seigneur, fit-il seulement
en baissant les yeux. Quoi qu’il en soit, mon père n’est pas bogomile.
    Robert de Locksley l’observait. Amaury avait
refusé de s’agenouiller devant l’ongle de saint Benoît. Lui aussi devait être
bogomile, se dit-il, mais après tout, cela ne le regardait pas.
    — Je croyais que tu étais fâché avec ton
père ? demanda-t-il.
    — Je l’étais, et je le suis toujours,
seigneur, mais c’est mon père et je dois le sauver.
    — Le sauver ? Tu viens de me dire qu’il
est en prison.
    — Je dois le sortir de là… J’espérais… un
conseil, de votre part.
    — Un conseil n’engage à rien, agréa Locksley
en s’asseyant sur le coffre qui dissimulait l’endroit où il avait plâtré la
statuette d’or.
    — Il a été arrêté hier, par le prévôt de
Saint-Éloy qui exerce la justice ecclésiastique à Saint-Gervais. On l’a conduit
à la prison de la Grange-Saint-Éloy, c’est un endroit isolé près de la Seine.
Ce matin, ou cet après-midi, il sera conduit à Saint-Éloy pour être interrogé
plus longuement par l’abbé. Ensuite, il sera jugé et peut-être condamné.
    — L’abbé a-t-il le droit de le condamner à
mort ?
    — S’il le faisait, la peine devrait être
confirmée par le roi, mais c’est possible, d’autant que le frère du prévôt de
Saint-Éloy est le prévôt de Paris.
    — Qu’envisageais-tu de faire ?
    — Le sortir de la Grange-Saint-Éloy,
maintenant.
    — Tu connais cette prison ?
    — C’est là qu’on m’a enfermé avant que je ne
sois exposé au pilori. Ce n’est qu’une grande cave. On y descend par une petite
salle où se trouvent un geôlier et un teneur d’écrou. Les visites sont
autorisées pour porter leur nourriture aux prisonniers. C’est ce que je vais faire.
Une

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