Paris, 1199
aurait aimé une action
immédiate.
— Ce Robin attend des amis, sans doute des
cathares comme lui. Ils viendront à la Corne de Fer, trouvez au moins un moyen
de les arrêter, car s’ils parviennent à le rejoindre, ils pourraient bien fuir.
— Cela, je peux m’en occuper aujourd’hui.
Malvoisin se leva.
— Donnez-nous Robin au Capuchon et soyez sûr
que Lucas de Beaumanoir fera savoir au pape sa satisfaction.
L’official hocha la tête avec un sourire.
Les deux hommes s’accolèrent. Le pacte était
scellé.
Chapitre 17
E n
ce début du mois de mai, Philippe Auguste était dans son manoir de Vincennes
avec ses fidèles et ses proches. Entre deux campagnes contre les Anglais, c’est
là qu’il se rendait pour recevoir ses vassaux, entouré de ses baillis et
fidèles serviteurs.
Le roi aimait la vie. Approchant de la
quarantaine, robuste et vigoureux, il aimait à se dépenser. Quand il revenait à
Paris pour prendre connaissance des affaires du royaume, il préférait loger
dans son manoir de Vincennes, au milieu des forêts où il pouvait chasser le
cerf et le sanglier, plutôt que dans son Palais de l’île de la Cité.
Mais cela ne signifiait pas que le Palais royal
était inoccupé. Contrairement à ses prédécesseurs, qui préféraient une
administration itinérante, Philippe Auguste avait décrété que son gouvernement
resterait à Paris. Après son retour de la croisade, il avait découpé son
royaume en baillages et en prévôtés dont les agents exécutaient ses ordres et
rendaient la justice en son nom. Lui-même se rendait régulièrement dans les
baillages pour vérifier qu’ils ne commettaient pas d’abus. Baillis et prévôts
devaient aussi rendre compte à deux clercs chevaliers : le Templier frère
Haimard et le frère hospitalier de Jérusalem frère Guérin qui assuraient le
gouvernement du pays. L’action de ces deux religieux étant elle-même vérifiée,
plusieurs fois par an, par une cour de clercs, d’évêques et de grands barons
sous l’autorité du roi.
Frère Haimard avait en charge les finances du
royaume et les revenus des domaines de la couronne. C’est à lui, au Temple, que
prévôts et baillis venaient remettre, trois fois par an, les revenus qu’ils
encaissaient. Les affaires, politiques ou diplomatiques, étaient suivies par le
sage frère Guérin qui avait rang de chancelier, car c’est lui qui rédigeait les
chartes et les actes les plus importants à transmettre aux vassaux. Dans les
faits, frère Guérin était donc le principal ministre de Philippe Auguste.
Dans leurs tâches journalières, Haimard et Guérin
étaient assistés par des clercs, des chevaliers instruits et des religieux,
tous capables de lire et d’écrire en latin.
C’est le samedi 8 mai que Philippe Hamelin reçut
la visite d’Amiel de Châteauneuf, un chevalier avec qui il travaillait à la
construction de l’enceinte fortifiée et qui était au service de frère Guérin.
Amiel lui annonça qu’il devait sur-le-champ se rendre au Palais où le
chancelier l’attendait avec le noble Lambert de Cadoc, seigneur de Gaillon.
C’était une convocation inattendue, car il n’avait
rencontré Cadoc que deux fois, celui-ci venant rarement à Paris. Pourtant, il
s’exécuta sans poser aucune question, car s’il était prévôt de la ville, le
chancelier frère Guérin avait autorité sur lui. Il n’empêche que du Châtelet au
Palais, il n’eut de cesse de s’interroger sur ce que lui voulait Lambert de Cadoc.
Cadoc était cet ancien chef de Brabançons qui
avait terrorisé la Normandie, le Poitou et le Limousin avant d’entrer au
service de Philippe Auguste. Il était le pendant de Mercadier pour les
Plantagenêt bien que les deux capitaines mercenaires soient très différents.
Mercadier était cruel jusqu’à la sauvagerie, tandis que Cadoc était un larron
et un détrousseur. La guerre permettait à Mercadier de jouir de la souffrance
des autres ; elle n’était pour Cadoc qu’un moyen de faire fortune.
Philippe Auguste appréciait ce mercenaire qui lui
offrait sans barguigner la moitié de ses rapines. C’est que le roi avait
continuellement besoin d’argent pour financer les gigantesques travaux qu’il
conduisait à Paris et pour payer son armée. Dame ! Un chevalier coûtait soixante-douze
deniers parisis par jour, un sergent trente-six et un arbalétrier quinze !
Une autre raison de la considération du monarque envers Cadoc tenait au fait
que le
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