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Paris, 1199

Paris, 1199

Titel: Paris, 1199 Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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fois, se dit le prévôt. Toujours le même regard rusé, calculateur,
avec ce faux air de bonhomie qui dissimulait une violence à peine contenue. Une
courte épée pendait, non à sa taille, mais en travers de son torse.
    Le prévôt de Paris s’inclina devant les deux
hommes, tandis qu’Amiel de Châteauneuf se retirait en fermant soigneusement la
double porte.
    — Loué soit Jésus, noble Hamelin ! lança
Cadoc d’une voix rugueuse.
    — À jamais soit-il, gracieux seigneur de
Gaillon, répondit le prévôt. Que le seigneur soit avec vous, frère Guérin,
ajouta-t-il à l’attention du chevalier hospitalier sur la cathèdre.
    Frère Guérin était le plus jeune des trois, mais
il avait le regard d’un homme qui a beaucoup vécu. Le visage hâve, sans menton,
avec des yeux noirs profondément enfoncés sous ses arcades sourcilières, il
était vêtu d’un simple bliaut noir avec la croix blanche des gardiens des
pauvres [51] sur sa chemise de laine.
    Dans son dos, le mur n’était qu’un grand placard
aux nombreux volets, tous couverts de velours rouge avec des pentures de fer
ciselées en forme de fleurs. L’un d’eux était ouvert, laissant voir des
rouleaux de chartes empilés. À côté de la cathèdre se dressait un étendard fleurdelisé
à la croix blanche.
    — Que le Seigneur soit aussi avec vous, noble
prévôt. Merci d’avoir répondu si vite à mon appel, car ce que le seigneur de
Gaillon va vous raconter est grave. Prenez un siège, son récit sera assez long.
    Hamelin s’assit sur un banc au dossier ajouré et
sculpté, tandis que Cadoc restait debout pour parler.
    — J’arrive de Vincennes, dit-il, en jouant
nerveusement avec la garde de son épée. J’étais venu prévenir le roi qui, après
m’avoir écouté, m’a envoyé vers frère Guérin. Hier, j’étais encore à Gaillon
quand un chevalier est arrivé au château. C’est un noble Normand que je soudoie
pour me rapporter ce qu’il entend à la cour de Jean. Il venait d’Angers.
    « Vous savez ce qui se passe depuis la mort
de Richard, Hamelin. Son neveu Arthur de Bretagne a fait valoir ses droits sur
le trône d’Angleterre. Il s’est présenté devant Angers avec ses partisans, et
les seigneurs d’Anjou, du Maine et de Touraine l’ont reconnu comme suzerain et
lui ont prêté hommage. Mais Aliénor est arrivée avec Mercadier et son armée.
Ils ont repris le château d’Angers et massacré les partisans d’Arthur. Le
garçon n’a eu que le temps de s’enfuir avec sa mère pour demander la protection
de notre roi. Fin avril, Jean s’est proclamé duc de Normandie et a donné un grand
banquet dans le château. Sa mère et Mercadier avaient déjà quitté la ville,
aussi n’avait-il autour de lui que ses fidèles. Pris de boisson, alors que la
plupart de ses serviteurs et de ses chevaliers étaient ivres morts, il a
crié : “Je suis roi d’Angleterre, amis, mais je serai bientôt roi de
France !” “Et Philippe ? aurait crié un de ses barons.” “L’archer que
j’ai fait venir d’Angleterre n’a jamais raté sa cible ! Philippe rejoindra
bientôt Richard !” se serait esclaffé Jean.
    En entendant ces derniers mots, un frisson glacial
parcourut l’échine du prévôt qui devint pâle comme un trépassé.
    En un éclair, la vérité le frappa comme un coup de
masse durant une bataille. Le roi Jean avait envoyé à Paris un archer
assassiner son roi. Cet archer ne pouvait être que celui qui avait délivré le
tisserand hérétique. Il ne pouvait y avoir deux archers anglais aussi audacieux
en même temps à Paris ! C’est donc à l’instigation du roi Jean que les
cathares préparaient la mort de son roi, Philippe Auguste.
    Rien n’échappait à frère Guérin qui vit combien
Hamelin paraissait bouleversé.
    — Qu’avez-vous, noble prévôt ?
s’enquit-il, interrompant Cadoc.
    — Cet archer… frère Guérin… Je sais qui il
est… Je suis à sa recherche depuis trois jours.
    — Quoi ! s’exclama Cadoc.
    — Laissez-moi vous narrer à mon tour une
histoire…
    Il entreprit de tout raconter de la façon la plus
claire et la plus précise qu’il put. L’homme venait d’Angleterre et s’appelait
Robin au Capuchon. Il avait fait évader un hérétique, un tisserand cathare.
Cela signifiait qu’il y avait une alliance entre les cathares et le prince
Jean !
    — Des cathares ! balbutia frère Guérin,
à son tour interloqué. Vous vous trompez ! Il ne peut y avoir un nid

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