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Paris Ma Bonne Ville

Paris Ma Bonne Ville

Titel: Paris Ma Bonne Ville Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Robert Merle
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voix forte et la face fort sourcilleuse.
    À quoi ils
s’entre-regardèrent dans le plus évident tracassement, et pas un ne pipa. Ce
qui me contraignit à répéter ma question, mais cette fois en ajustant de mon
pistolet le quidam qui me faisait face, lequel était un Roume, de mince et
souple taille, l’œil liquide et vif et la face de sueur ruisselante dès qu’il
vit le canon de mon arme pointer contre son cœur.
    — Moussu,
dit-il d’une voix rauque, nous sommes au Baron de Fontenac.
    — Ha !
dis-je, et moi, savez-vous qui je suis ?
    À quoi le
Roume répondit mais non point incontinent et comme s’il était en quelque
doutance de ce qu’il devait dire, que j’étais de lui déconnu.
    — Mon
frère, dit Giacomi à voix basse, cet homme ment.
    — Je le
cuide aussi, dis-je du même ton. Mon frère, les tirons-nous ?
    — Nenni,
dit Giacomi. Ils n’ont pas l’arme au poing. Ce serait meurtrerie.
    — Tirons-les
cependant, dit Miroul. Cela fera quatre coquins de moins.
    — Ho
non ! Ho non ! dit mon Samson, fixant sur nous son œil azuréen. Ne
sont-ils chrétiens tout comme nous ?
    — Je
connais l’aune de ces chrétiens-là, dit entre ses dents Miroul dont toute la
famille avait été par des gueux égorgée.
    — Compagnons,
dis-je d’une voix forte, que faisiez-vous dans le sentier de Taniès ?
    — Nous
revenions du village, dit le Roume. Et assurément il mentait encore.
    — Et que
quérez-vous à nous courir dans le dos ?
    — Rien
que passer.
    Et là,
derechef, le doigt me démangea fort de le dépêcher sans tant languir, mais me
ramentevant combien Fontenac avait pour lui les juges (à telle enseigne que le
témoignage de Bouillac dans l’affaire de notre moulin des Beunes était resté
lettre morte), je ne voulus point donner prétexte à ce méchant de citer Siorac
devant le Présidial pour la meurtrerie de ses gens, et je me résolus au parti
le plus doux.
    — Eh
bien, passez sans être molestés plus outre, dis-je. Et que Dieu qui nous voit
décide si j’ai tort ou raison.
    — La
merci Dieu et à vous, Moussu, dit le Roume, lequel ouvrant la bouche et
élargissant son poitrail, aspira l’air avec une avidité merveilleuse, je vous
revaudrai cela dans les occasions.
    Nous nous
rangeâmes donc en une file sur le bord du chemin, et ils nous passèrent, fort
aises d’être encore en vie, et le dos, je gage, les démangeant fort de nos
pistolets tant qu’ils n’eurent pas rondi le tournant du chemin.
    — Mon
frère, dit Giacomi, où est Mespech ?
    — Après
le tournant que voilà s’ouvre à senestre un petit chemin, lequel, traversant un
petit pont sur une des Beunes, mène à notre moulin d'où un sentier mène au
château.
    — Et ne
peut-on, d’où nous sommes, gagner tout droit le moulin ?
    — Nenni,
le bout de champ que vous envisagez là, en contrebas du chemin, est gâté par
une Beune divagante. C’est marécage, on s'y enfoncerait !
    — Alors,
dit Giacomi, j’opine qu’au lieu d’aller donner du nez, comme des étourneaux,
dans les toiles qu’on nous tend, il serait plus sage de retourner à Sarlat.
    À quoi je
réfléchis un petit.
    — J’opine,
dis-je, différemment. Nos chevaux sont fourbus. Ces méchants ne laisseraient
pas que de nous rattraper et il faudrait alors se battre loin de Mespech sans
en attendre le secours qui céans ne peut manquer de nous advenir. Qu’opines-tu,
Samson ?
    — Mais,
dit Samson fixant sur moi son œil bleu, qui dit que ces bonnes gens nous
veulent courir sus ?
    — Ha !
Samson ! dis-je en souriant (si fort que cette male heure me poignit), tu
n’es pas de ce siècle : tu lis trop les Évangiles et pas assez
Machiavel !
    — Oh !
mon frère ! dit Samson avec douleur, lire trop les Évangiles ! Est-ce
raison de parler ainsi ?
    À quoi
j’allais répondre quand Miroul dit :
    — Moussu,
peux-je opiner aussi ?
    — Opine,
Miroul.
    — Primo,
comme vous disiez en vos triduanes, avant que d’avancer, tirons en l’air
un coup de pistolet pour alerter Coulondre Bras de Fer en son moulin afin qu’il
dépêche sa Jacotte, par le souterrain, à Moussu lou Baron. Secundo, envoyons
l’un de nous – qui se trouverait d’aventure être moi – jusqu’au
proche tournant pour reconnaître.
    — Miroul,
dis-je, c’est parler d’or ! Sauf que je vais mettre ton discours cul
par-dessus chef et placer ton secundo le premier. Va, Miroul, va reconnaître,
et le nombre, et les armes

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